Au non du Père !
Ras le bol d’entendre toujours et depuis trop longtemps que
tout est de la faute des mères ! Ras le bol qu’on nous ressorte des bribes
de Freud ou Lacan juste pour nous démontrer que
c’est-encore-de-la-faute-de-sa-mère s’il est trop comme ci ou pas assez comme
ça, normal, sa mère l’a trop aimé, mal aimé, rejeté, abandonné, délaissé,
oppressé, brimé, adulé, couvé, surprotégé et bla et bla et bla, les mères,
quelles plaies, elles ne savent pas faire, mauvaises mères !
Mauvaise mère ? Qui te permet de dire que je suis une
mauvaise mère ? Qu’est-ce que tu en sais, de ce que je suis comme mère,
commère, Herr je sais tout, même si tu t’appelles Freud, ou si tu te prends
pour lui, une minute, une heure, juste pour me rabaisser, me toucher, me blesser ?
Ou alors dis-moi, toi, ce que tu es comme père ? Ce n’est pas
pareil ? Sûr, un père, ce n’est pas une mère, mais encore ?
Vous, je ne sais pas… mais moi, après bientôt trente ans de
psychiatrie (du « bon » côté, rassurez-vous, je ne fais que vous
le rappeler parce que je sais que parfois vous vous demandez si Bretzel, elle a
pas un grain géant qui ferait que décidément, elle doit être barjot grave…), je
m’aperçois que la douleur inconsolable de tous ces patients que j’ai écoutés,
que tous ces cris qui viennent de leurs tripes, que toutes leurs souffrances
béantes leur viennent souvent… de leurs pères, désolée d’aller à contre
courant, mais je ne fais que constater ! Père absent, père vert, pervers,
attouchements, cruauté, mentale, physique, père alcoolique, violent, père
sévère, trop, dur, persévère, père sans cœur, censeur et sans reproche, père
brut, père roc, sans amour à donner. Et puis les nouveaux pères… Père fils, qui
passe tout, père copain, père frère, qui dit oui, jamais non, père mou, sans couilles,
sans personnalité, père complice, père gâteau, ou gâteux, père Noël qui couvre
de cadeaux inutiles, qui ne laisse plus place au désir, père télé/foot/frites
et bière, père parti avec une autre femme et qui oublie qu’il a des enfants,
père mère permissif à tout va, atout, va ma belle, tu es la plus belle des
filles à croquer ah si je n’étais pas ton père, viens là que je t’embrasse sur
la bouche, viens sur mes genoux même si tu as seize ans, père équivoque, père
qui évoque le petit ami, au secours Œdipe, ramène-toi vite pour tuer le père,
la mère, le fils et le Saint-Esprit !
Hé oui, les mères…elles sont là, et bien là ! A
l’hôpital, au bout du téléphone, au rendez-vous du médecin, au travail, aux
casseroles, au linge, aux loisirs, et le père, il est où ? Il ne supporte
pas les hôpitaux ? Les médecins ? Il a peur des psy ? De la
folie ? Il ne sait pas dire non ? Il ne sait pas dire oui ? Il
dit quoi, alors ? Rien ? Comment ça, rien ? Ah, si : c’est
pas de ma faute, j’étais pas vraiment là, c’est à cause de sa mère
qu’il/qu’elle est comme ça, notre enfant, d’ailleurs, c’est Freud qui l’a dit,
non, que tout est de la faute de la mère ? De la mauvaise mère ?
Non ? Il n’a pas dit ça ?
Il a dit non ?
Non, c’est pas vrai… non de non de Dieu le Père…
Et si vous réappreniez à dire non, dites-donc, les
pères ? Avec fermeté, et sans brutalité…Ca sécuriserait les enfants, vous
savez, ils en ont besoin…et même, ça les rendrait plus heureux…
Et ça allègerait le fardeau des mères qui culpabilisent sans
vous, sans Freud, sans Lacan, là quand et où, soyez présents, les pères, pour
de vrai…pour dire oui, pour dire non !
Au nom du non du Père, Amen !
Bretzelde7@orange.fr