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Insomnie

 

Il se tourne et se retourne dans son lit sans trouver le sommeil. Il est fatigué, pourtant, épuisé, même, de toutes ces nuits sans dormir, sans rêver, sans repos, où les mots et les maux parasitent son cerveau pour rester éveillé, et ne pas sombrer.

 

Ce soir il n’en peut plus, il faut que je dorme, pour récupérer un peu d’énergie pour faire semblant de vivre encore, alors que je suis mort, mort de froid, privé d’amour, mort dedans, mort de toi.

 

Les petits l’attendent, pleins de vie, d’enthousiasme, pas si petits, des préados, pleins de hargne, rébellion, passion, repeat, please, a hungry man, an angry man, le prof d’anglais est las, lassé, blasé, par toutes ces années à enseigner, il voudrait s’enfuir, partir, dormir…

 

Sa femme l’a quitté, il a continué, son chemin d’enseignant, en saignant dans son cœur, sans montrer sa douleur. Il n’a plus souri, ne s’est plus nourri, n’a plus dormi. Les parents d’un élève l’ont insulté, il s’est voûté, ses collègues l’ont charrié, les élèves l’ont nargué, le directeur l’a sermonné, reprends-toi, ils ont besoin de toi, et toi tu n’es plus rien, sans elle, ta belle t’a laissé, elle est partie, tu en crèves, tu n’as plus de rêves.

 

Les élèves l’ont chahuté, le prof, il est grillé, repeat, please, a hungry man, an angry man, il a faim, faim d’amour, de tendresse, mais ses mots blessent, nul, je te mets une bulle, à toi, pourquoi tu me regardes comme ça ? Elle le fixe de ses yeux bleus, la petite blonde à l’air si triste, plonge son regard dans le sien, sœur de douleur, frère de cœur je reconnais ta blessure. Longtemps, elle ne cille pas, elle lit son désespoir, alors, le prof s’en va, il veut fuir, partir, et dormir…

 

Mais il se tourne et se retourne dans son lit sans trouver le sommeil. Ce soir encore, il broie du noir, comme les longs cils de la petite fille triste et sans espoir. Il sait qu’il ne s’en remettra pas. Il sait qu’elle ne reviendra pas. Il n’arrive pas à dormir, et souffre le martyre.

 

Ce matin, le prof d’anglais n’est pas là.

Il s’est pendu au petit jour.

 

La petite fille est triste, elle pleure, elle a vu sa douleur, ses peurs, mais ne l’a pas sauvé, juste regardé, pour communiquer qu’elle comprenait ce qu’il ressentait, mais il est mort, il est mort !

 

Alors soudain, elle sait.

Plus tard, elle sauvera les gens tristes et malheureux.

Pour qu’ils ne se pendent plus, au petit jour, par manque d’amour.

 

 

 

                                                           Bretzelde7@orange.fr







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