Retour à l'accueil

Retour à chronique


Mon fils mon amour

 

 

Dans mon ventre je sens une caresse, c’est toi qui bouges, tu vis en moi, je m’arrondis, seins, ventre et fesses, je prends du poids, m’épanouis, pour t’accueillir. Timidité, appréhension, angoisse, tourment… serai-je une bonne mère ?

 

Tu es là, petit bout, tout petit, je n’ai pas su te garder, te réchauffer, te nicher jusqu’au bout, ton père m’a quittée, je suis blessée, et tu pointes le bout de ton nez, nouveau-nez, nouveau-né, prématuré, prématurément, pour regarder ta maman ! Petit poulet, petite grenouille, je te parle tout doucement, maladroitement, sous le regard pas très tendre des spécialistes inquisiteurs, accusateurs, qu’ai-je fait de mal pour que ton père et toi quittiez mon ventre tendu par l’angoisse qui me ronge, toujours, de ne pas être à la hauteur ?

 

Mais tu es là, bonheur, candeur, baby blues, je pleure, j’apprends à aimer, en t’aimant, tu es là, dans mes bras, pur, fragile, tu attends tout de moi, et moi je ne sais pas : pourrai-je t’aimer assez fort, t’accompagner assez loin, suis-je assez sage pour ne pas faire naufrage, pour être une mère, une bonne mère ?

 

Tu m’apprends à aimer, tu me laisses t’aimer, te caresser, te câliner, te cajoler, te bercer. Tu es mon soleil, ma boussole, pour toi je m’assagis, je grandis, je mûris, je m’équilibre. Tu m’apprends jour après jour à être mère, responsable, parfois coupable, je t’aime, tu m’aimes, on se le dit… tu grandis, toi aussi, sans père, je n’ai pas su t’en donner un, mon amour, tu ne m’en veux pas, tu ne me juges pas, tu m’aides à être ta maman, Mam, lâche-moi un peu, Mam, occupe-toi de moi, non, pas comme ça, un peu trop loin, un peu trop près, oui, là c’est bien, tu m’accompagnes, mon fils, ma lumière, ma vie…

 

Tu as grandi. Adolescence. Déracinement. Ta mère fuit ses démons d’amour. Tu me suis, encore, tu me supportes, tu m’entraînes, je t’emmène, je te protège, tu me défends, tu souffres du complexe du homard, je suis trop près encore, je t’étouffe, trop loin, je t’abandonne, on se retrouve, je t’aime ma p’tite mère, tu le sais, comme je sais que tu m’aimes aussi, c’est bon de se le dire parfois…Et le bonheur, c’est quoi, Mam ? C’est aimer, être aimé, aussi.. trouve le bonheur, sans moi maintenant, avec elle, avec celle qu’aujourd’hui tu aimes, loin de moi, pas comme moi, sans moi…aime sans retenue, dis-le lui, caresse-là, cajole-la, protège-la.

 

Tu m’as tout appris de l’amour. Grâce à toi, je sais aujourd’hui qu’aimer, c’est vouloir que l’autre soit heureux… même loin de soi ! Mon fils, mon amour, tu m’as accompagnée, toutes ces années, si loin, si fort. Tu m’as faite mère. Pas parfaite…Tu ne me dois rien, je te dois tout. Tu m’as tant donné depuis que tu es né. Vis ta vie, sois heureux. C’est moi qui suis redevable, pas toi. Ne te laisse jamais dire que tu me dois la vie, c’est faux. C’est moi qui te dois ma vie. Tu es le plus cadeau que la vie m’ait offert.

 

C’est la fête des mères, les enfants, faites des mères.

C’est vous qui nous faites mères.

Tu es ma fête, tu m’as faite mère.

Mon fils, mon amour.

 

                                                                                              Bretzelde7@orange.fr







nous contacter:serpsy@serpsy.org