L’étalon haut
Elle marche sur des
échasses, pour moi c’est une bécasse,
et j’attends chaque instant
que la gueule elle se casse,
mais jamais elle ne flanche,
elle ondule des hanches,
et quête les regards des
hommes qui la branchent.
Quand elle tortille du cul
comme une oie devant moi,
je suis peu charitable,
pourvu qu’elle ploie !
mais jamais comme moi elle
ne doute, elle s’y croit !
et elle a bien raison, à ce
que je vois !
La bouche en canard,
constamment elle rôde,
autour des hommes, sans
relâche, elle minaude,
« chéri je
t’admire », bouche en cœur, toute penaude,
et lui, protecteur, se prend
pour son… God !
Ses fesses rehaussées par
des talons hauts,
elle ondule, princesse,
regarde de haut,
et moi qui ne sais pas
marcher en hauts talons,
je la vois harponner tous
les étalons !
Je marche dans mes godasses
un peu dégueulasses,
le pantalon usé, tout râpé,
taille basse,
j’suis pas dans les
hauteurs, plutôt dans la mélasse,
je foule les caillasses,
j’ai pas vraiment la classe !
Ne vous méprenez pas, je ne
suis pas grognasse,
je ris souvent de les voir,
les pétasses,
cligner des yeux, bouger les
décolletés,
pour trouver une monture, un
bon cavalier !
Les hommes sont ainsi faits,
ainsi font,
ils bavent en secret devant
des hauts talons,
fantasment sur les
jarretelles, des donzelles,
qui montrent leurs
dentelles, leurs mamelles.
Mais pour se reproduire, et
fonder une famille,
ils n’aiment pas tellement,
finalement, ce qui brille,
réservent la bécasse pour la
chasse aux filles,
juste pour un coup, ah, les talons
aiguilles !
Il n’y a pas de morale de
l’histoire…chacun voit midi à sa porte,
libre à vous de croire… que
les talons hauts transportent
des princesses hystériques
que de vieux princes emportent,
dans leur factice carrosse,
n’est-ce pas, perfide Charlotte ?
bretzelde7@orange.fr