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Dîner de psy

 

Ce soir, je suis invitée à un dîner de psy… des psy sympas, j’ai envie d’y aller, même si je dois faire une heure de route, ce qui me pèse en général, mais là, je suis en vacances, il fait beau, chaud, et un dîner de psy, y’a longtemps que je ne m’en suis pas fait…

 

Ca commence fort… j’arrive, avec une copine en peu en retard (les psy et les horaires…), et nous sommes accueillies par un homme, normal à priori, un non psy qui a osé se risquer à côtoyer la folie de près et se présente comme la soubrette de la maison… et tout de suite après, trois fous, des vrais, déguisés, comme dans les films de Fellini, il ne manque que la grosse, vous savez, l’énorme femme cellulite adulée par le metteur en scène, nous voici avec la totale, des fous déguisés, passoire sur la tête, libellule sur le chapeau, combinaison de cosmonaute avec anneau lunaire ou stellaire plutôt, ah oui, c’est la nuit des étoiles, au secours, nous sommes dans un asile de fous, des vrais comme dans les films, des cinglés qui rient et nous encerclent pour nous contaminer de leur folie ubuesque, ça y est je ris, ça commence fort, et puis bien sûr on se calme un peu, et on commence les joutes verbales autour de l’apéritif et qu’on poursuivra pendant le repas.

 

On les a toutes faites : bien sûr, tout est symbole phallique, pas sexuel, faut pas confondre, utérus ou sein maternel, le lait, le vomi, le père facteur, ou relevant les compteurs, les ébats amoureux des mouches et autres bestiaux, les phobies, l’amour, la quoi ?  les couples faits et défaits et refaits, hétéro ou homo zygotos, les pervers poisseux huileux dégoulineux, les vrais et les faux néologismes, les mères et bouffe tes patates tant pis si tu vomis tu boufferas ton vomi je te préviens, et tes parents ne sont pas tes parents on t’a trouvée dans la rue, et les enfants, et les parents âgés et malades, et la vie en solitaire ou en tribu, un peu les collègues, à peine les malades, on a de la pudeur, quand même et il y a un monsieur qui n’est pas du clan, secret professionnel oblige, et on a bu, mangé, tâté et choisi et commenté la taille et la forme des chipolatas, des bouteilles, tripatouillé les desserts pour les rendre plus durs, plus mous, plus tendres, on a ri, on a failli pleurer, à peine quelques secondes, respire, je sors une grosse vanne pour étouffer l’émotion, merci, vite, what else ?

 

Le Monsieur pas psy qui nous a accueillies en prend plein les oreilles, mais il semble en avoir vu d’autres. Il s’occupe du feu, grille la viande, passe le pain, remplit les verres, les assiettes, allume les cigarettes…Il parle peu, il écoute. Il observe, il « sent ». Qui est qui, qui joue à quoi. Il s’imprègne, discret, des uns qu’il connaît, des autres qu’il découvre. Il prend, il laisse, dit un mot parfois, qui prouve qu’il n’en loupe pas une, intervient quand l’émotion s’en mêle…

 

Comme… un psy…

Je me suis secouée soudain, il était tard, temps de rentrer… je n’ai pas voulu regarder les étoiles…filantes j’en ai laisser s’échapper une il n’y a pas longtemps, et je sais qu’on ne les rattrape jamais…les étoiles, plus pour moi, je ne veux plus rêver, il n’y a rien dans le ciel, je ne veux plus rien y voir…

 

Le Monsieur qui n’était pas psy mais qui était comme un psy m’a juste dit quelques mots qui m’ont émue et fait du bien…

 

Ah, oui, c’était bien, cette soirée psy…merci !

 

 

Bretzelde7@orange.fr







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