Délirovale
Samedi soir. Je sors de l’hôpital, fatiguée, pressée de
rentrer chez moi, une petite heure de trajet et je pourrai m’affaler devant la
télé après avoir pris un bain purifiant qui me lavera de tous les virus de
folie que j’ai côtoyés aujourd’hui, folie de ceux que l’on dit malades mentaux,
folie surtout des autres, bien plus tordus, mesquins, malades de leurs petits
pouvoirs dont ils usent et abusent sous prétexte qu’ils sont du bon côté, celui
des gens normaux, ceux qui savent, ceux qui peuvent… dire oui, dire non,
ouvrir, enfermer, libérer, répondre oui ou non, ceux qui ont la clef, la
solution, la réponse…
Donc, des meutes masculines m’obligent à ralentir, et déjà
je me demande si je vais supporter les neuroleptiques nouvelle génération sans
effets secondaires sauf un énorme ventre ou si devant mon tableau de gravité
extrême on me proposera plutôt des électrochocs, au secours, je ne veux pas
qu’on m’électrise, électronise, électrolyse, dépersonnalise, analyse, je veux
garder mon symptôme, c’est pas tous les jours que mille hommes se précipitent
vers moi, laissez-les moi, ils sont pour moi, à moi, au secours, à moi !
Ils courent, volent, je dois freiner pour ne pas les
renverser, ne soyez pas si empressés, je veux bien changer mon programme de la
soirée, mais pas tous à la fois, laissez-moi choisir, un peu, je préfère les
leptosomes avec la jovialité des picniques, laissez-moi vous jauger, juger,
peser, sous-peser, soudoyer, évaluer, où est la grille d’évaluation pour cocher
les items qui m’aideront à choisir celui qui a les meilleurs atouts, atours,
attributs, qu’on me l’attribue, quel bonheur, tout ça pour moi, et il est là,
l’homme de ma vie, le prince charmant, je savais bien que je le rencontrerai un
jour, comme la belle au bois dormant, même si j’ai plutôt l’âge de la
belle-mère, de la sorcière, de la rombière !
Y’en a des grands, des petits, des jeunes, des beaux, des
charmants, des chevelus, même des géants chauves mal rasés aux yeux bleus
océan, je crois que je vais me laisser tenter, pour commencer…
Quoi « rêve pas Bretzel, c’est juste une sortie de
stade »? Quoi, je me suis encore racontée des salades ? Quoi je vais
encore être en rade ?
Tous ces mecs préfèrent un ballon ovale, c’est pour ça
qu’ils cavalent ?
Ben m… alors !
Bretzelde7@orange.fr