La cigogne, le renard et les maris honnêtes
Il était une fois un
renardeau, tout petit, tout petit,
Il était si petit que sa
mère et son père craignaient pour lui
Qu’il restât nain, tout
petit, toute sa vie,
Sans qu’aucune femme jamais
ne lui sourît.
Il était une fois, bien plus
loin, en Italie,
Une cigogne au long bec, à
Vérone, jolie, jamais en rogne,
Au long cou de girafe, très
sexy, très jolie,
Qui faisait tourner la tête
à tous les non borgnes.
Le petit renardeau dut se
battre à l’école,
Et pour cela eut souvent des
colles,
Car il voulait être le
premier, le plus grand,
Mais au lieu de cela il
devint vil et méchant.
La cigogne au contraire fut
brillante élève
Et sa grâce naturelle
faisait qu’on l’aimait, elle,
Qui sans artifice était la
plus belle,
La plus douée et jolie des élèves.
A force de pousser, crier,
vitupérer,
Le petit renardeau finit par
arriver,
A se faire une place parmi
les premiers
Car son père savait le
pistonner…
Il vécut bien avant elle son
enfance,
Lorsqu’elle vint au monde,
oh, il n’était pas rance,
Mais déjà à l’ENA pour être
le meilleur
Il n’avait qu’un seul
rêve : devenir Seigneur.
La cigogne fit sa vie,
étalée dans les journaux,
Pendant qu’il se rangeait,
le petit renardeau,
Avec une donzelle piquée à
son copain
Qui remplaça sa mère pour
lui téter le sein.
Le petit renardeau avec elle
poursuivit la route
Qu’il s’était tracée, il
n’avait aucun doute :
Devenir président d’un grand
pays, très vite,
Soutenu par sa belle, sous
son aile elle l’abrite.
Il lutta quelques années, hauts
et bas, pour arriver
Au destin qu’il s’était,
depuis toujours, tracé,
Et quand il arriva tout
en-haut du sommet,
La tête lui tournait, et sa
belle vieillissait.
Il me faut une autre femme,
la mienne commence à être rance,
Il fréquenta les stars, apprit
des pas de danse,
Et rencontra un soir où il
but sans vergogne,
La longue belle voluptueuse cigogne.
Voilà ce qu’il me faut, une
jeune et jolie mannequin,
Il lui fit la cour, la
tenta, pas mesquin,
Joli-cœur, pour l’avoir dans
son lit ne fut pas radin,
Et s’attela même à paraître
coquin…
La cigogne au long cou et à
la voix rauque
Ne vit pas tout d’abord
combien il était glauque,
Car elle fut aveuglée par
son grand pouvoir,
Elle s’en fichait de n’être
que son faire-valoir.
Mais il y avait hélas dans
ce tableau idyllique,
Une ombre de taille, sans
jeu de mots ironique :
La cigogne au long cou était
grande même sans talons,
Alors que lui restait petit
et n’avait rien d’un étalon !
Que cela ne tienne, faites-moi des talonnettes,
Pour paraître plus grand
dans ma basse-cour,
Et que s’étale le glamour de
notre amour, au grand jour
Surtout dans les journaux,
en grands titres, en manchettes !
C’est ainsi que ce couple
dépareillé trompa pour un temps
La foule enthousiaste qui
admira ce nouveau Roi
Les hommes surtout
voulurent, ma foi,
Copier le souverain, jeter
leurs vieilles mamans…
Les femmes se rebellèrent,
ah ? je ne suis pas ta mère ?
Tu laveras tes chaussettes
où tu mets ta quéqu…
T’es tellement ridicule,
avec ces talonnettes,
Je suis trop vieille, il te
faut une jeunette ?
Quand tous ces prétentieux
eurent leur jeune maîtresse,
Très vite dépouillés de
leurs attraits…sans prouesses,
Comme le sapin de Noël qui
ne brille pas longtemps,
Les voilà seuls, ils ont
déjà fait leur temps !
Et c’est ainsi qu’enfin,
unies par toutes leurs forces,
Les femmes prirent le
pouvoir grâce à un renardeau,
Qui bien sûr se trouva bec
dans l’eau,
Et de honte dut s’exiler,
loin, très loin, en Corse !
La morale de cette histoire
de maris honnêtes ?
Les femmes sont ainsi faites,
marionnettes,
Les hommes sont ainsi font,
ainsi font, font, font…