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Mon chou

 

 

Ce matin, je suis en RTT, il fait beau après un week-end pourri où il a plu, grisaille dehors, grisaille dans mon cœur, je me suis encore disputée avec mon amoureux, je vais le quitter, ce n’est qu’un gros naze au cœur de pierre, un roc d’insensibilité, une montagne de cruauté.

 

Alors, ce soleil printanier va me revigorer, mais d’abord il faut que je fasse mes courses, corvée que je déteste et que j’ai remise à ce lundi matin, au lieu de profiter de la pluie pour faire le plein de victuailles, samedi, comme tout le monde, j’aurais dû moi aussi m’agglutiner dans le brouhaha et la cohue, mais je n’ai pas pu, je suis allergique au grouillement de foule, surtout le samedi après-midi, quand je viens de me disputer avec mon ami, mon ennemi aujourd’hui, plus jamais je ne veux te voir, va te faire voir, pauvre mec, et faut pas croire, que cette fois encore tu m’auras par les sentiments, je ne marche plus, je ne te veux plus, tu ne me plais plus…

 

Je déambule comme une petite vieille que je me sens ce matin, non dans le couloir central du long séjour, mais dans les allées du supermarché, ça grouille de monde, c’est immonde, déjà les touristes, et moi je suis triste, me voilà encore célibataire, j’erre dans les rayons froids… je jette un œil sur les pâtisseries, jamais je ne m’arrête devant ces tentations, attention, une part de cette tarte, et un kilo sur les hanches, laisse tes mains sur mes hanches, n’importe quoi, et pourquoi je ne prendrais pas du poids, je m’en fous maintenant de toi, arrière Satan tentateur, je n’aime pas les douceurs, la crème au beurre, beurk, je dégage, vers le rayon fromages…

 

Mais mon inconscient veille, s’éveille, cruelle réplique de mon ex, sadique tortionnaire, et m’envoie des images subliminales… enregistrées à l’insu de mon plein gré… de deux magnifiques choux à la crème aperçus mais ignorés, snobés, par mon œil tristounet et indifférent, faut pas croire, je broie du noir, mais je suis forte, les pâtisseries c’est pas mon truc, tout ce sucré, c’est pas pour moi, juste pour les mal aimées qui compensent leur mal d’amour par des petits fours…

 

Hmm… de vrais choux, tout frais, avec de la vraie crème Chantilly… fromage allégé, biscottes légères, chou à la crème, mais non ! beurre hypocalorique, café, pas de petits gâteaux, non, jus de fruits, oui, pourquoi pas, chou à la crème, pas question, des légumes, des fruits, chou à la crème, non, dégage ! J’ai fini, je file vers la caisse, mais juste avant, je craque, enfin, oh oui, ces deux choux sont trop choux, juste une fois, qu’est-ce que ça fout, et les voilà dans mon caddie, je souris, miam, je vais me régaler, un aurait suffi, mais ça se vend par deux, pour les amoureux, et moi je suis seule…

 

Je rentre chez moi, avec mes choux que je range en premier dans mon réfrigérateur, il est trop tôt pour manger des douceurs, j’ai tout à ranger, je suis débordée, je prends un couteau, juste un bout, pour goûter, en attendant de le déguster, plus tard… Hmm, trop bon, encore un petit bout, je m’en mets partout, finalement je bouffe tout, j’en ai jusque sur le nez, et toujours pas rangé, le reste de mes courses, un vrai bonheur, qui réchauffe mon cœur, un peu écoeurant, mais géant contre les peines de cœur, hauts le cœur, ça y est, j’ai la nausée, culpabilité, j’aurais pas dû craquer, la Chantilly ne t’aime pas, tu ne t’en rappelais pas ? J’ai envie de vomir, c’est bien fait pour moi, on ne s’empiffre pas, avant midi en tous cas, je suis punie, mon RTT du lundi a le goût du vomi, plus jamais je ne mangerai de douceurs quand j’ai une peine de cœur !!

 

-         Allô ma petite chérie, tu n’es plus fâchée, on est con parfois, toi et moi ! Je peux venir te voir, ce soir ?

-         Je ne sais pas… je suis malade, mon amour !

-         Malade ? Mais qu’est-ce que tu as, ma petite caille ?

-         Oh, juste un truc qui ne passe pas… la nausée…. mon chou !

 

 

bretzelde7@orange.fr







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