SOUS-TRAITANCE
Un
rapport relatif aux métiers en santé de niveau intermédiaire, dit le
« rapport Hénart », vient d’être remis à 2 ministères :
S’appuyant
en partie sur les évaluations d’expériences étrangères « dont les
résultats n’ont nulle part été appréhendés en termes économiques mais surtout
en termes de qualité des soins (sic) », la mission propose sous couvert
d’une méthodologie sans faille, de définir de nouveaux métiers en santé.
Pour
faire face à l’émergence des pathologies liées au vieillissement, traiter les
problèmes de répartition géographique et de démographies des professionnels de
santé, ces nouveaux métiers seront construits à partir des métiers paramédicaux
d’aujourd’hui.
Bientôt
donc du nouveau dans les filières soignantes. Bienvenue aux futurs paramédicaux
praticiens, provenant hors champ du soin stricto sensu (ingénieurs d’imagerie,
responsables informatique…) ou du soin proprement dit (dont infirmiers masterisables,
masterisés, qui effectueront des tâches jusque-là réalisées par un médecin).
Bienvenue
aux futurs paramédicaux praticiens même si le terme clinicien n’aurait pas été
lui non plus si usurpé que ça.
Une
aubaine pour les infirmiers qui n’ont pas d’autre horizon d’évolution
professionnelle que de devenir infirmier anesthésiste, puériculteur (trice), de
bloc opératoire ou cadre de santé.
Un
possible avenir pour tous les infirmiers déjà bardés de diplômes universitaires
non reconnus, non utilisés sur le terrain si ce n’est dans le cadre d’une mise
à disposition bénévole dans certaines associations.
Un
espoir de reconnaissance pour tous les infirmiers qui de par leurs parcours ont
développé de nouvelles compétences consolidables via la validation des acquis
et de l’expérience.
Une
chance pour le patient dont le parcours coordonnés ressemble souvent à un
morceau de gruyère, en particulier en milieu rural où la notion même de soins
de proximité est un gros mot.
Sauf
que valider, officialiser des savoirs, des actions qui existent déjà ne suffira
pas.
Sauf
qu’il y a deux façons de voir les choses. Suivant le sens du vent. Vent social
ou économique voire économique et social quel bel oxymoron. Sauf
qu’il y a deux façons de voir les choses. Dans quel sens opérera le glissement
de tâche, de compétence. Vers le haut, vers le bas ?
Sauf
que valider, officialiser des savoirs, des actions qui existent déjà ne suffira
pas.
Les
soignants qui exercent aujourd’hui en France savent quoi faire et comment
faire, sans qu’il soit d’ailleurs besoin d’aller le vérifier, le prouver, le
certifier.
Les
soignants qui exercent aujourd’hui en France savent quoi faire et comment faire
sauf qu’ils ne sont pas assez.
Le
problème est simple. Manichéen. Le système de santé va mal car il manque de
moyens humains. L’émergence de nouveaux concepts tel que celui de la
bientraitance ne sont pas étrangers à cet état de fait.
Le
problème est simple. Manichéen. Le système de santé va mal car il manque de
moyens humains. Un autre concept déjà sur le terrain n’est visiblement pas
assez été exploité, le mot est choisi. Issue de la grande industrie, en
particulier automobile, la sous-traitance, qui concerne d’habitude des objets, apparaît
en creux dans ce rapport Hénart.
La
maltraitance on sait ce que sait, qu’elle existe. Qu‘elle soit volontaire,
routinière, ordinaire, institutionnelle, liée à la paupérisation du soin, ne
lui opposons pas un remède qui risque d’induire le pire.
L’homme
est un sujet, le sous traiter, c’est le nier.
Bachi-bouzouk