Sans clefs ni autres crécelles
Ces
autres nous-même qu’on dit fous sont redevenus libres et égaux en dignité et en
droits. Pas encore à part entière mais, espérons-le, cela ne devrait plus tarder.
Les
sages du conseil d’état ont statué. Même s’il reste du travail à faire, la loi
concernant l’hospitalisation sous contrainte, la loi concernant les internements
vient d’être en partie retoquée.
Si
la santé mentale est l’affaire de tous et la folie plus particulièrement du psy
et de son patient, l’enfermement sera dans quelques mois du ressort du juge des
libertés.
30
ans après l’abrogation de la peine de mort, citoyenneté est aujourd’hui rendue
à ceux qui ont perdu la tête.
30
ans après l’abrogation de la peine de mort, la non peine pour ni crime ni délit
devrait elle aussi disparaître.
Notre
société, méritant son nom parce qu’ elle
permet aux hommes de rester debout les uns à côté des autres, va devoir se
donner les moyens de regarder objectivement dans le moindre de ses recoins sans
en oublier les angles morts cachant là si souvent ce qu’elle ne voulait voir.
Des
hommes encore, valant cent fois mieux que les murs les plus hauts, seront
nécessaires à faire oeuvre d’art soignante pour contenir les aléas du délire, du
déni, du rejet de la souffrance, au décours d’un accueil sans faille et sans lieu prédéterminé.
Des
hommes encore, qui, s’ils ne sombrent pas dans l’uniforme, permettront
alors un autre regard sur cet autre différent mais pas tant que çà, sauf à ne
pas avoir la même vision que tous.
Sans
clefs ni autres crécelles, ils reprendront l’assaut de la cité, scandant à qui
ne le saurait pas, qu’un monde sans fou n’existe pas.
Sans
clefs ni autres crécelles, ils reprendront l’assaut de la cité, scandant au monde
qui ne le saurait pas, que sa seule autre issue avec l’art, est la folie.
Bachi-bouzouk