Noyeux Joël !
Vous êtes tous aux Galeries j’ Farfouille ou quoi ? Quel silence ! On se croirait un soir de Noël à l’hôpital.
A l’heure où l’équipe de nuit vient relever l’équipe d’aprem. Les uns arrivant à reculons les autres partis sur les chapeaux de roues rejoindre belle maman et beau papa qui s’impatientent : « Elle aurait pas pu se libérer plus tôt ta femme tout de même ? ! » Bon faut que je file… « On vous a laissé de la dinde au frig . Y sont tous couchés sauf Lulu qui regarde la télé, on lui a dit que ce soir y pouvait, c’est Noël ».
Tout le Monde est couché. Ouais ! Tout ce Monde qui réveillonne dans la solitude écrasante des soirées de fêtes de fin d‘année de l’HP. Pourtant le miracle a eu lieu pour certain, hier encore pas biens du tout à ce que disait l’équipe mais aujourd’hui chez papa et maman, c’est Noël et tout va mieux. Ceux qui restent se sentent encore plus seuls, seuls dans cet hôpital, leur dernier domicile….connu. C’est même écrit sur leur carte d’identité. Ils habitent au 54, pavillon des veinards…Babylone, Babylone tu déconnes…
Ils ont bu un peu de Pif, mangé de la dinde sortie de la chaîne froide comme l’ambiance ou inversement c’est comme on veut. Ils sont au lit maintenant, sauf Lulu qui regarde la télé.
Ca ira mieux demain. Joël, l’infirmier du matin, la tête dans le sac, racontera sa galère à monter cette p.. de décapotable pour poupée Barb…, Nicole parlera de sa dinde à elle qui a été dure à cuire, sans allusion à sa belle-mère cuite aussi en fin de soirée et de son mari qui s’est coupé la main en ouvrant les huîtres. « Tu te rends comptes, on a failli finir aux urgences un soir pareil ! ».
Ca ira mieux demain, car le réveillon des patients à l’HP, c’est souvent le matin, quand les oubliés profitent de cette ambiance flottante, écoutent et partagent un peu de ce réveillon froid servi par l’équipe.
La psychiatrie est une grande famille.