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LA DECHRONIQUE de BACHI BOUZOUK
Sous le béton, nos racines !
Tour d'horizon télévisé, je crois reconnaître l'endroit où je suis né. Des tours et des tours, détour médiatisé, laissant croire que rien ne ressemble plus à une cité qu'une autre cité, que rien ne ressemble plus à ma banlieue qu'une autre banlieue. Que rien ne ressemble plus à rien. Tour d'horizon télévisé ne dit pas la vérité, il y a toujours quelque chose d'authentique à reconnaître, à retrouver le sol où nous avons la première fois posé nos pieds, même si c'est du béton. Farid, Pedro, Christine, Satirit, Petit-Louis, Farida, Carmen and co. Tous ensemble sous le porche en bas du bâtiment, embués par l'automne à réfléchir quoi faire de nos 15 ans. Dehors de chez-nous, où ronronne un quotidien que nous ne voulons pas comme futur. Dehors de la tour de Babelavie, à espérer l'avenir. Rires, éclats, discussion autour du vide qui nous entoure, nous envoûte jusqu'au risque de la recherche d'une lueur espoir, incandescent désir de lumière, preuve d'existence. Ni Black, ni blanc, ni beur. Humains. Egalitaires. Farid, Pedro, Christine, Satirit, Petit-Louis, Farida, Carmen and co. Tous ensemble sous le porche en bas du bâtiment ça fait du bruit. Du bleu, du blanc, du rouge. Républicain. Sécuritaire. Envolée de moineau surpris par les alouettes. Un, deux, trois se font griller à rien faire. Traînée de poudre aux yeux mouillés. Pedro, Christine, Satirit, Petit-Louis, Farida, Carmen and co. Tristes. Révoltés. Révolutionnaires. Incendiaires. Tour d'horizon sur la TNT, je crois reconnaître l'endroit où je suis né. Le quartier est bouclé.
Regardant se construire les premiers gratte-ciel, le shaman Sioux Tashca Ushte, prédit que les hommes perdraient la tête force d'habiter au-dessus du sol. C'est bien d'en bas qu'il nous faut regarder haut pour ne pas avoir le vertige.
Bachi-bouzouk