Heavy Metal Pedro est grand, très
grand. Presque 2 mètres. Je n'en fait qu'un peu plus de la
moitié. Pedro est gros, très
gros. Plus de 200 kilos. Je ne vous dis pas combien je pèse
mais c’est moins. Pedro est jeune, très
jeune mais impressionne. Surtout quand il bouge, qu’il angoisse et
cherche à remplir son estomac pour le calmer, se calmer. Nous attendons tous deux
le spécialiste mais il est en retard. Pedro à RDV avec
un diététicien et je l’accompagne. La tension monte,
nous sommes seuls dans la salle d’attente dont le mobilier commence
à voler.
Jacquadit à dit
chaise vole. Jacquadit à dit table vole. Jacquadit à
dit infirmier vole. Stop, non pas moi, joker SVP ! ! !
Ouf, Pedro m’a grugé,
il a caché, il a apporté des provisions. 3 paquets de
Madeleines englouties en moins de 10 secondes. Du moins et surtout du
plus, 2 adverbes ponctuant inévitablement nos conversations
nourries. Pedro est grand, très
grand. Presque 2 mètres. Il impressionne. Surtout lorsqu'il
angoisse et donc bouge. La première fois qu'il est arrivé
dans le pavillon des entrants, annoncé comme difficile et vu
sa corpulence, ya eu comme comme un silence. Un grand silence. Un
silence à la mesure du personnage.
Pedro n'entend pas, ne
ressent visiblement pas la teneur de l'accueil et c'est heureux. Il
a sur les oreilles des trucs reliés par un fil à une
boîte qui lui crachent « Hell ain't a bad place to
be », l'enfer n'est pas un si mauvais endroit, il est à
l'écoute d'ACDC, de la voix de Bon Scott, des riffs d'Angus
Young et nous regarde amusé nous agiter autour de lui. Trop grand, trop gros,
bien plus prétextes que justifiés, les arguments de sa
taille font qu'il est dirigé dans le seul endroit où il
n' y pas de lit , la chambre d'isolement. Il s'allonge sur 2 matelas
posés à même le sol, en prenant soin de sa boîte
magique, se retourne vers le mur et commence à nous oublier. Ramassé errant
dans les rues, difficilement inaperçu, il a suivi la police
jusqu'au urgences, s'en fout du moment qu'on lui donne à
bouffer. S'en fout, s'en fout pas
tant que ça, suffit de tirer sur le fil, celui de la boîte
à musique et de traduire avec lui tout le désespoir qui
en sort. Abandoniquetamère
comme il se nomme, laissé seul tout petit et décidé
à réagir, devenir grand sans avoir voulu être si
gros, mais comment faire autrement que de manger son quotidien pour
le voir, le faire disparaître. ACDC l'a décidé.
Mettre à profit son pas sage à l'HP. On va y aller voir
ce docteur, ce tout grand spécialiste de ceux qui veulent
maigrir. « Hey Momma, look at me, I'm on my way to the
promised land » La porte s'ouvre, le
professeur le reçoit comme jamais il a été reçu.
Des gros il en a vu, il en voit tous les jours, des maigres, des très
maigres aussi. Suffit de voir la balance graduée de 0 à
300 kilos. Cet homme en blanc lui raconte sa vie en miroir, lui
décrit ses envies, son appétit, sa difficulté
d'être, de se mouvoir, de se penser, se prévoir dans
l'espace. Régime, plan et
projet de vie en poche, nous rentrons rendez-vous pris dans une usine
à perdre du poids, du gras, du spleen et même qu'il y
aura une piscine où tout le monde est gros. Rendez-vous pris avec
l'espoir, le droit enfin d'être jeune, beau et rock'n roll à
la fois. Bachi-bouzouk
Olivier Mans