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LA DECHRONIQUE de BACHI BOUZOUK



Sur le chemin de l'école



" Deux fois par semaine, Fabienne, infirmière au CATTP, emmène les patients en randonnée. " Quel mal m 'a pris le jour où j'ai voulu raconter cette histoire qui ne m'appartient pas…?

L'infirmière en question, à qui appartient cette histoire, Fabienne, l'infirmière en question me reprend rapidement : " Mais ce n'est pas comme ça que cela se passe ! ! ! ".

" Deux fois par semaine, les personnes fréquentant le CATTP programment une randonnée sur les magnifiques chemins du Pays. " C'est au décours d'une de ces sorties que nous nous sommes retrouvés sur le chemin de l'école emprunté par Marie lorsqu'elle était petite.

" Les arbres sont toujours là, plus grands bien sûr mais moi aussi j'ai grandi, vieilli. Je ferme les yeux, je respire un bon coup, ces odeurs, elles me saoulent. J'ai l'impression d'entendre le rire de mes copines quand nous faisions des concours de cloche-pied en récitant : s'il a une barbe blanche et des habits rouges, sûr tu le reconnaîtras… s'il a des bottes noires et une ceinture noire, sûr tu le reconnaîtras… c'est le Père Noël ! " Elle se souvient, elle tourne à droite juste après le grand chêne, toujours là lui aussi. Elle va voir les ânes pour leur donner un peu de l'herbe de l'autre côté de la clôture…ils sont toujours là, à l'attendre

Pierre nous montre une plante : " c'est du lin sauvage, c'est vivace. Dans le temps les grands-mères l'utilisaient rance pour faire des cataplasmes ". Tout le monde l'écoute, toute connaissance est une réponse à une question, c'est dans quel jeu déjà ?

Une fois par semaine, nous retournons sur le chemin de l'école.
C'est décidé, une fois par semaine, tour à tour chacun d'entre nous emmène les autres sur le chemin de son école. C'est notre but. Découvrir la nature à cloche-pied, en jouant à saute-mouton, en passant du coq à l'âne, de l'âne au coquelicot. Retracer ensemble le chemin de l'autre, partager un moment ses repères avec lui.
Durant l'hiver il fallait amener son bois.

Le bois qui alimente le poêle. Le poêle qui réchauffe toute la classe. Ces odeurs d'encre et de feu, si je ferme les yeux…je regarde tomber la neige derrière la fenêtre. J'entends l'hiver de Vivaldi, ploum, ploum, ploum…et je m'évapore vers l'infini. Toc, toc, toc les coups de règle de l'instituteur sur ma table me ramènent au présent.
Remonter le temps ensemble.

Guidé par des mémoires d'enfant, nous remontons les chemins de l'école, nous remontons le temps. Nous partageons un peu d'eau, du pain, du jambon et surtout une chose qui réchauffe aussi bien que le vieux poêle, notre émotion.
Je ne sais pas s'il y a autant de perceptions d'espace, de temps ou des instants partagés que de chemins vers l'école par contre je suis sûre que soigner commence par partager l'émotion.

Avec l'aimable autorisation de Fabienne,
Olivier Mans


nous contacter:serpsy@serpsy.org