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Mathurin Legoff

 

 

Avril 1917, le deuxième classe Mathurin Legoff conduit les chevaux à la mare.

 

Le soleil prend son repos, les hommes leur repas, il entend de moins en moins les voix qui s’évanouissent près du feu. 

 

Un autre homme s’approche du point d’eau, avec d’autres chevaux.

 

Certainement qu’il soigne les  bêtes lui aussi parce qu’il vient de la ferme, la conversation s’engage facilement surtout que les deux hommes ont autre chose en commun, la langue bretonne.

 

«De quel pays es-tu ami?»

 

«Du Faou  en terre d’Armorique»

 

«Mais...moi aussi, quel est donc ton nom, connais-tu ma famille, je m’appelle Mathurin Legoff ?»

 

«Je m’appelle Jean Legoff, fils de Jeanne et Roger»

 

Mathurin, comme beaucoup à cette époque, quittait très jeune sa famille pour être loué dans une ferme, il  rencontrera son frère Jean pour la dernière fois non loin du Chemin des Dames, reviendra de la guerre truffé d’éclats d’obus, construira le métro, sa maison, fondera une famille.

 

Il est mort à presque cent ans. Quelques passages de sa vie traînent encore dans ma mémoire, il les partageait avec moi lorsque j’étais enfant.

 

Un proverbe arabe nous dit: «quand un vieux meurt c’est une bibliothèque qui brûle».

 

19490 et beaucoup plus qui disparaissent c’est quoi qui brûle ?[1]

 

 



[1] Selon un communiqué du 22 mars 2007 de l'INSERM, le nombre de décès du fait de la canicule 2003 s'élève à 19490 en France.

http://ist.inserm.fr/basispresse/CPS/CPS2007/22mars2007.pdf




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