Le gars LILLY
L’autre
jour, un visiteur de chez LILLY est passé boire le café au CMP.
On
a refait le Monde un moment (celui de la psy), je lui ai parlé d’un temps que
les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
La bohème, la bohème. On était jeune, on était fou.
La bohème, la bohème. Ça ne veut plus rien dire du tout.
Je m’égare là mais il m’a rappelé le temps
quand l’aprème, je préparais les gouttes dans la pharmacie en
écoutant les collègues et les patients jouer au Tarot dans le couloir.
-« Dis-donc,
force pas trop sur la dose, ce soir je veux voir la fin du film !».
Comme si je me permettais !? Non mais des
fois !?
-« Non c’est vrai, ça fait dormir ce truc, en
plus c’est dégueulasse ».
-« Je sais pas, j’ai jamais essayé mais l’odeur
c’est déjà quelque chose, mets-lui en un peu plus, ça lui apprendra à nous
plumer aux cartes ! ».
-« Rires » (Tout le Monde…).
Tiens, c’est vrai, ça doit rudement être dégueulasse
ce truc, en plus c’est pas que ça pue mais c’est fort !
Bref, avec le gars Lilly, on discutait de tout ça et
l’idée lui est venue de me faire manger
un de ces trucs que l’on met sous la langue et que, est-ce qui paraît, ça
fond !
-« Goûte, tu vas voir, ce n’est pas
mauvais. »
-« T’es sûr ? »
« Oui, tu peux y aller, ya rien dedans, c’est
juste pour de faux ».
Et d’un seul coup, je l’ai imaginé, lui le gars
Lilly, dans sa blouse blanche en train de me baratiner pour que je l’avale, son
foutu comprimé !
Il ne pouvait pas me montrer, il n’en avait plus
qu’un !
Tiens, je vais le croire le gars Lilly !
Et à quoi que ça servirait qu’il n’y ait rien dans
le comprimé ? Hein ?
Peut-être
à nous rappeler que la préparation des médicaments nous met dans une position
hiérarchique supérieure vis à vis des personnes que nous soignons et qu’il ne
doit pas être toujours simple d’avaler n’importe quoi sans recevoir
d’explication sur le pourquoi, le comment, l’ensuite, l’après-demain…
Alors si vous voyez, le gars Lilly, n’hésitez pas,
acceptez le deal, c’est pour qu’on en
cause !
Bachi-bouzouk