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Like a rolling stone

Hiver 54.

Tu te souviens Fernand ? Brigitte avait 1 an, j'attendais Dominique et il faisait froid. Très froid. La seule chose à faire était de trouver du bois, du charbon, tout ce qui pouvait brûler dans le poêle. Les gens glaçaient où qu'ils soient, le jour, le soir, la nuit, terrible jusqu'au matin rassurant ou non pour certains sur l'idée d'être encore en vie. Moins 15 dehors, moins 15 dedans, à quoi bon continuer à croire que l'on a un toit lorsque le gel arrête le cœur des vieux, des moins vieux, des enfants. Une soupe chaude, une couvrante, un mégot, c'est pas grand chose mais quand on a rien. Rien sur le dos, rien dans le ventre sinon la haine, rien dans les yeux sinon la glace. Une soupe chaude, une couvrante, un mégot, la vie pour ceux-là qui vivent dehors. Le rêve d'un instant. Furtif comme la promesse de l'élu. Furtif mais inoubliable. Une histoire écrite sur la peau par l'hiver.

Que serions-nous devenu si ? Que serions-nous aujourd'hui si tu n'avais pas eu ton boulot ? Ton travail, notre maison en bois, notre jardin, nos conserves, nos copains, notre famille. Aurions-nous fait des rêves de soupe chaude, de couvrante, de mégot. Engoncés dans nos fringues, serrés l'un contre l'autre et au milieu la petite. Laissant le bruit du vent s'estomper tout doucement. Oublier sa morsure. Regarder le film en boucle jusqu'à ce qu'il s'éteigne comme le feu dans la cheminée. Nous endormir ensembles. Confiants même si, sans savoir si, nous nous réveillerons.

Bachi-bouzouk



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