Pierre, pôle, Jacques ou un autre, la question à se poser est qu’est-ce que la folie a à voir avec l’hôpital ? Et si elle a à voir avec l’hôpital, pourquoi avoir créé un hôpital spécialisé plutôt que d’accueillir cette maladie si en effet la folie est maladie, dans un hôpital dit général ? L’histoire ne trouverait-elle pas son origine dans l’idée de renfermement ? Autrement dit, de ranger ce qui dérange, cacher ce que la société ne saurait plus voir et surtout entendre ? L’histoire ne se répèterait-elle pas aujourd’hui à une époque où la recherche d’homéostasie empêche la communication, l’acceptation de compréhension du discours d'autrui. Une époque comme d’autres non moins inquiétantes où toute forme de communication impliquant feed-back, échange, troc et donc enrichissement intellectuel viendrait troubler la léthargie ambiante, garante de paix sociale, voire pire, garante d’anesthésie sociétale. Les derniers événements « psychiatriques », si bien relayés par la presse, laissent-ils croire que la folie interroge encore et toujours ou soulignent-ils combien il est fragile de s’assoupir dans la virtualité ? Pierre, pôle, Jacques ou un autre, la question à se poser n’est-elle pas avant toute critique ou traitement, quel rôle tient la folie dans la construction et donc l’avenir de l’humanité ? Pourquoi continuons-nous de croire le contraire que la folie est le garde de fou de la société? La recherche d’équilibre est naturelle mais elle nécessite l’acceptation de sa part égale de déséquilibre. Refuser cette idée conduit inéluctablement à la chute, au lendemain difficile. Refuser la folie, la cantonner dans le système de santé, reviens à ne pas écouter ce qu’elle nous dit. Refuser d’écouter la folie c’est la transformer en souffrance. D’ailleurs, existe-t-il quelque chose de plus douloureux que de ne pas être entendu, écouté ?
Bachi-bouzouk