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LA DECHRONIQUE de BACHI BOUZOUK
VOX POPULI




Vilgo la Porte d'Italie en mob c'était des fois au prix d'une dizaine de contrôles policiers.
Nous en avions tellement l'habitude que nos papiers étaient collés à même le réservoir.
Cela ne les faisait pas toujours marrer les chmitts, mais bon nous autres, c'était notre façon de leur dire que nous n'avions rien à cacher, rien à déclarer.
Déjà à cette époque l'endroit où l'on trouvait le plus de délinquants n'était pas le palais de justice, comment vous dire et rester politiquement correct, c'était dans celui, vous savez celui qui porte un nom de whisky américain.
Nous descendions de notre banlieue pour aller sentir l'air gazolé de Paris, les plus heureux une Géraldine sur la selle biplace. C'était beau, c'était bien.

Malgré l'ambiance policière, nous nous sentions libre. Ressenti juvénile, moins nos darons nous collaient et plus nous nous sentions grands. Pas grand chose en poche, la paye du marché du week-end, un paquet de gégène et pas encore de portable. Passé le quartier latin, le Louvre sans pyramide et tout droit sur les Italiens. Arrêt obligé sur Hollywood boulevard de la castagne avec ses films de karaté à l'affiche. Nous ne faisions pas dans l'intello, plutôt dans le macho.
Quoiqu'en solo, sans la bande, voire pire en duo… Là plus de frime, plus de flambe, comme un con à ne pas trop savoir quoi faire dans son jean. La regarder, lui parler, l'approcher ? Quoi faire, quoi dire dans une société en hiver. Penser à bosser, n'importe où, n'importe quoi, une semaine de turbin velu pour un week-end en douceur. Quoi faire, quoi dire en absence d'horizon, toujours limite zonzon.

Et puis ya eu le mois de mai. Un cri de joie sorti des HLM, le klaxon de 20 heures.
Tout ce monde dans la rue, un bouchon pas croyable jusqu'au bout de la nuit. Oubliés les papiers, oubliés les PV. Et puis ya eu le lendemain, le profil bas du patron qu'en croyait plus sa télé. Et puis ya eu les jours suivants, les semaines suivantes moins une heure à bosser. Et puis ya eu l'été pour ne plus oublier. Un bouchon pas croyable de Vilgo à la porte d'Italie et bien encore plus loin. Une marée humaine au centre de Paris, rythmée par la musique, toutes les musiques, hymne à la joie du HLM descendu de la banlieue retrouvant ses marques sur les grands boulevards. Djembé, darbouka, harpos, solos, quartet, tout seul, pas tout seul, qui joue faux, qui joue vrai. Violon, saxo, tambour et trompette, piano, rapido, tous en cœur même les beurs. La musique, cette musique, particulière. 21 juin. Souvenir. Souvenir. A renouveler.

Bachi-bouzouk



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