Vous les psys vous en connaissez un rayon pour couper les cheveux en quatre. Et ça cause et ça pause, souvent pour ne pas dire tout le temps !
Zalez pas me croire, ya des gens qui disent ça de nous. Si, si. Mais où ils vont chercher ça ? A croire qu’ils ont connu Francine.
Vous vous souvenez ? Francine. Même le ZZ TOP la connaît. Francine, cette infirmière qui avait fait repeindre toute une pièce du fin fond du service en rose, installé un fauteuil de coiffeur chiné je ne sais plus où et troqué quelques ciseaux et peignes ou brosse contre des seringues en verre. Aujourd’hui on dirait que c’est asilaire, qu’on revient à l’hôpital village, de toute façon on aurait pas le temps vu qu’on est en pause, souvent pour ne pas dire tout le temps et qu’on cause, de quoi d’ailleurs ?
De Francine et du temps qui passe et que des tuteurs comme ça, ya des berges qu ‘on en a plus. Et que ça sentait bon dans son salon. Et pourtant ça pu l’odeur des couleurs, de la mise plis mais ça sentait bon quand même, on y était bien, ça ne sentait justement plus l’asile, ça ne ressemblait déjà plus à l’asile.
Francine, vous vous souvenez ? Elle était aidée par Madame Josette, une apprentie en quelque sorte, elle rangeait les revues, faisait les shampoings, la conversation avec les clients, passait là un moment, passait là son temps, sa vie, ce qu’il lui en restait.
Deux fois par an, descente groupée à Paris avec tous ceux qui voulaient, pouvaient y aller. Achat de diverses babioles, colliers et autres boucles d’oreille, des trucs de nana quoi. Couper les cheveux en quatre oui mais artistiquement s’il vous plait.
Il en jetait le salon. C’est pas compliqué, t’était à l’asile, t’ouvrait une porte et tu te voyais transporté ailleurs. D’un seul coup, voilà qu’on te vouvoyait, qu’on te demandait ce que tu voulais, être beau ou belle bien sûr. On te faisait asseoir, patienter quelques instants. Puis venait le shampoing. Tonique. ( Je sais, j’y ai encore droit…). C’est que ça s’entretien le cuir chevelu. Quelques coups de ciseau, le bruit de la tondeuse à main, clic, clic, clic et on te tendait le miroir. Pour voir devant et puis derrière ta tête. C’est rigolo de voir derrière sa tête, non ?
Un petit coup de balayette, un souffle de sèche cheveux et terminé. Ya plus qu’à payer. Parce qu’il fallait payer. Tout de suite ou bien plus tard. Il faut toujours payer.
Tu rouvrais la porte et t’en prenais plein la gueule. Tu regardais derrière toi, derrière ta tête, cet autre monde, chaleureux comme un sèche cheveux. Dure de regarder de nouveau les choses en face après un tel instant.
T’étais revenu à l’asile et tu te disais : si je veux pas tourner dingue, ya pas faut que je me tire.
Bachi-bouzouk