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LA DECHRONIQUE de BACHI BOUZOUK
Graine de secteur

Le pavillon des entrants était de plein pied. Si les portes de devant étaient fermées, celles de derrière s'ouvraient sur un petit parc où patients et soignants avaient créé un jardin potager. Tomates, radis, salades, quelques fraises, un bouquet de fleurs, rien de bien compliqué. Pas besoin de s'inscrire, pas besoin de contrat, chacun venant quotidiennement ou non, suivant sa propre envie et les possibilités du moment participer au bon développement des fruits et légumes, au maintien de l'endroit. Quoi qu'il arrive le jardin était toujours entretenu, défendu, reconnu. Un jardin ça créé du lien. Entre celui ou celle qui bine, celui ou celle qui ratisse, arrose ou simplement regarde et commente. Un jardin ça passe le temps. Ca arrête le temps. Ca fait prendre conscience de ce temps. Un jardin permet de discuter du temps en pesant les mots. Sans paroles en l'air, surtout que d'en l'air c'est de là que vient la pluie. La pluie est nécessaire. L'eau c'est la vie. Un jardin aussi. A chaque nouvel arrivant, à celui encore aujourd'hui nommé "entrant ", nous présentions le service, nous présentions le jardin. Souvent à ce moment quelque chose se passait. Quelque chose autour de cet espace commun, entretenu et enrichi par tous. " Bonsoir docteur ". " L'entrant ? ". " Il vous attend dans le jardin ". " Il arrose !".

Les pavillons des entrants devraient tous ressembler à des jardins. Mieux, il ne devrait plus y avoir de pavillons mais seulement des jardins où nous pourrions planter tomates, radis, salades, quelques fraises, un bouquet de fleurs, rien de bien compliqué. Des espaces communautaires entretenus et enrichis pour et par tous suivant les possibilités du moment de chacun.

Bachi-bouzouk


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