Pratiques N° 22
Les cahiers de la médecine utopique

La santé, un enjeu public


Des institutions défaillantes
Des problèmes occultés
Des alliances à construire


Pour les soignants et encore plus pour les usagers, la santé publique demeure une entité lointaine. Cela se résume dans nos esprits à des recommandations d'hygiène alimentaire, à l'élaboration d'un calendrier vaccinal ou à une campagne de dépistage de l'hépatique C, parachutées sans concertation par des bureaucrates coupés des réalités du terrain.

La santé publique est le parent pauvre de la médecine, mal aimée car trop hiérarchique, paperassière et parfois policière. Les médecins généralistes sont plus instrumentalisés qu'acteurs de décisions et peuvent se rendre compte de l'occultation actuelle des besoins véritables en santé publique.

En effet, comme le montre le plan gouvernemental contre le cancer, seuls les besoins individuels sont pris en compte au détriment de la dimension collective. On peu également s'étonner que les inégalités sociales d'accès aux soins ne soient pas un objectif primordial.

Le rôle de l'Etat est capital, car il doit en principe arbitrer les conflits d'intérêts, or on ne peut que constater sa démission dans l'affaire de l'amiante, par exemple. Ce dysfonctionnement est facilité par l'organisation du système de santé français avec la sécurité sociale qui gère les soins d'une part et d'autre part l'Etat qui s'occupe de santé publique.

La santé publique pour devenir opérante doit être au plus près des préoccupations des gens, doit faire appel à tous les acteurs de la société civile, doit sortir du cloisonnement qui la rend impuissante et prendre une dimension citoyenne. Contre les risques sociaux-professionnels et environnementaux une alliance et à construire.

Dominique TAVE et Evelyne MALATERRE