Pratiques N° 20
Les cahiers de la médecine utopique

La santé des femmes : tout reste à faire


Malgré l'évolution des moeurs et les progrès de la médecine, nous rencontrons tous les jours dans nos cabinets des femmes en souffrance physique et psychique : ce sont elles qui en grande majorité consomment des anxiolitiques, des antidépresseurs et l'alcoolisme se décline bien souvent au féminin.
Emancipation ne rimerait donc pas forcément avec épanouissement ?

Quant aux femmes du tiers monde, il n'est malheureusement pas encore question de libération, mais simplement de survie face aux violences physiques et sociales qu'elles subissent.

Depuis 35 ans nous avons assisté, dans les pays occidentaux, à la révolution sexuelle avec des lois de plus en plus progressistes sur l'IVG et la contraception, la parité, les 35 heures, le harcèlement, mais paradoxalement aussi, à une dégradation sans précédent des conditions de travail, à une augmentation spectaculaire de la précarité, à une hyper médicalisation du corps féminin, de la puberté à la ménopause et, enfin, à l'émergence de la dictature de l'apparance.

La femme a bien du mal à se situer entre l'image de l'exécutive woman, de celle de la femme objet qui fleurit les murs et sur les magazines, sans parler de la femme maternante.
Elle prend de plein fouet la violence de la société : violence au travail, violences conjugales, difficultés d'accès à l'IVG. Les statistiques sont consternantes.

Cette violence s'exerce également par la simple difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée. Comment gérer sans problème la garde des enfants, les réunions de travail et les contingences domestiques en une seule journée sans compter le temps passé dans les moyens de transports ? Ceci d'autant plus problèmatique que la femme est seule avec un emploi précaire ou avec des horaires flexibles.

Les femmes et les hommes sont de plus en plus considérés comme des marchandises à consommer ou à jeter. Ils ont tout intérêt à combattre ensemble des hiérarchies entre sexe et entre activité professionnelle et domestique, à réinvestir le champ de la solidarité et du social.
Les soignants, les professionnels ont bien sûr un rôle à jouer dans ce mouvement de résistance contre l'irrespect de la personne en permettant aux femmes de se réapproprier leur corps pleinement et de revendiquer leur indispensable complémentarité.

Dominique TAVE
Sophie EYRAUD