
Autour de la mort, des rites à penser
C'est à une très vieille question de l'humanité que ce numéro de Pratiques s'attelle aujourd'hui, celle des rituels autour de la mort. Même si les rituels sont aujourd'hui niés ou cachés, ils peuvent perdurer, et être recréés. Il s'agit d'abord d'identifier ces menus gestes qui donnent du sens à la vie au travers de l'épreuve de la mort, et d'observer ce qui favorise ou empêche l'émergence de ces rituels. Dans cette question où le pire et le meilleur se côtoient, les auteurs révèlent que c'est souvent dans les métiers d'accompagnement (soignante, aides ménagères, professionnels du funéraire) que l'on trouve ceux qui savent réinventer les rituels pour pouvoir tenir. Ils résistent ainsi à la logique gestionnaire de l'hôpital et aux dérives marchandes qui délèguent souvent la préoccupation des rituels à la religion et bientôt aux opérateurs funéraires privés. Dans une parole à la fois intime et distanciés, les auteurs témoignent de ce qui, pour eux, permet de sauvegarder un peu d'humanité.
Le hors-dossier aborde le contexte plus général du soin. Des réformes empêchent le fonctionnement de l'hôpital et de l'assurance maladie comme le dénoncent les témoignages recueillis par l'Observatoire National de la Réforme de l'Assurance Maladie (ONRAM). Des réseaux pionniers dans la prise en charge globale se heurtent au double langage des financeurs, comme le relate Marie-jeanne Martin. Jacques Richaud repère des analogies dans les dérives auxquelles la justice et la médecine sont confrontées. Jean-Pierre Simonetti rappelle la résistance cachée de ceux qui souffrent au travail.
Bernard Meslé décrit comment la médecine peut être organisée différemment, après un voyage d'étude en Andalousie, pendant que Monique Sicard s'interroge sur les conséquences anthropologiques d'un monde où le corps est devenu transparent.
Dossier coordonné par Patrick Dubreil et Anne Perraut Soliveres