Pratiques N° 19
Les cahiers de la médecine utopique

La vieillesse une maladie ?


Face aux difficultés de l'âge, que peut faire la médecine ? Que doit faire la société ?

Défendons notre système de protection sociale et travaillons ensemble autrement

Des infirmières libérales aux médecins urgentistes hospitaliers en passant par la grogne des médecins spécialistes et généralistes, c'est l'ensemble des professions soignantes salariées ou en mode d'exercice libéral qui depuis plusieurs mois expriment leurs difficultés à travailler correctement.

Cette crise généralisée de notre système de soins va bien au delà de la grave pénurie quantitative en ressources humaines et matérielles actuelle qui met à mal le fonctionnement quotidien de nombreuses structures de soin. Les dépenses de soin continuent d'chapper à toute régulation raisonnée politiquement, sans amélioration significative de la qualité du soin dispensé aux patients.

La juxtaposition des seules démarches corporatistes centrées à courte vue sur le "il nous faut plus d'argent" ne fait qu'enkyster un peu plus notre système de soins dans ses ornières actuelles, faisant ainsi le jeu de ceux qui ne pensent qu'en terme de logique commerciale ou administrative. Par ailleurs, des objectifs de santé publique majeurs tels que la prise en compte du vieillissement de la population, les morts et les blessés par accidents et les pathologies liées aux conditions de vie et de travail sont complétement absents de nos préoccupations quotidiennes de soignants.

Les modalités de nos journées de travail, le temps du soin sont à revoir profondément. Mais aussi sont à repenser nos rapports avec nos tutelles administratives et financières, la façon de rendre compte de nos activités vis-à-vis de la population et devant la justice. Trop souvent des contraintes réglementaires ou légales , liées aux archaïsmes de nos statuts professionnels, nous interdisent ou nous dissuadent d'aller vers ces indispensables évolutions de nos métiers qui touchent à la coordination des soins, à la santé publique et à notre formation professionnelle continue.

Sur ces modifications à apporter, de nombreuses pistes existent déjà et ne demanderaient qu'à être encouragées et soutenues par une politique de santé digne de ce nom. Malheureusement le gouvernement actuel, en réduisant le montant des remboursements, qu'il s'agisse des médicaments, de la visite à domicile ou des arrêts maladie et en baissant progressivement la part des dépenses prises en charge par la Sécurité Sociale prend une option opposée : il ouvre grand les portes au secteur assurentiel et au développememt d'une médecine à deux vitesses.

Patrice Muller
Médecin généraliste