Plaidoyer pour la défense de la psychiatrie Jean FLEURE Témoignages 2012 |
Dans
le sillage de Jean Baptiste Pussin
Plaidoyer
pour la défense de la psychiatrie
Comme une majorité de jeunes gens des années
1970, Jean Fleuré est arrivé à l’hôpital psychiatrique pour travailler. Cette
génération de soignants (juste après 1968) a beaucoup œuvré pour l’ouverture de
l’institution vers la cité, pour la « dechronicisation » des patients
et parfois des soignants eux-mêmes, pour l’humanisation des pratiques de soins.
Cette rencontre avec l’institution, Jean la
faite à l’hôpital psychiatrique du bon sauveur à Caen. Pas de concours
d’entrée… il y avait besoin par contre de solides recommandations de quelqu’un
de fiable aux yeux de
Pour tous ceux qui ont connus ces époques
épiques, la lecture des premières pages du livre seront bien émouvantes au
niveau sensations, souvenirs. Pour les autres, ce sera une leçon d’histoire qui
oscille entre la petite histoire personnelle que chacun va dérouler dans ses
rencontres avec la folie et l’institution et la grande histoire de la
psychiatrie que Jean Fleuré distille intelligemment tout au long de l’ouvrage.
Entremêlage qui permet de bien comprendre d’où nous venons pour éviter de se
laisser aller à ne pas penser.
Six mois après son arrivée, la formation pour
devenir Infirmier de secteur psychiatrique lui est proposé par Sœur Lesieur.
Formation qui a ce moment là s’effectuait sous forme d’enseignement théorique
et pratique en deux ans (dispensé dans les établissements). Il est a noté que
l’infirmier de secteur psychiatrique apparait en 1969 ; auparavant il se
nommait « infirmier des hôpitaux psychiatriques ».
Peu après son admission à l’examen, Jean
Fleuré a fait la rencontre comme beaucoup d’entre nous avec les CEMEA. Cette
rencontre lui a donné envie de changer de pratiques, de partenaires et d’état
d’esprit.
Nous allons suivre Jean dans son parcours
professionnel et dans ses rencontres avec parfois des hauts le cœur notamment
lorsqu’il travaille dans « les cellules » totalement moyenâgeuses et
sordides.
Pour les jeunes générations qui ne connaissent
que le dossier de soins et parfois d’ailleurs informatisé… et aseptisé, ils
pourront faire connaissance avec le rapport de quinzaine, lieu de l’observation
et des comptes rendu des « entrevues » réalisées par les infirmiers.
Entrevues qui deviendront dans les années 1990 des entretiens !
Présentation également de ce qu’était le
« cadre unique » et ses impératifs.
Et puis ils liront la création d’activités, de
séjours thérapeutiques, de visites à domicile, d’appartements thérapeutiques…
et entre autre chose de réunions d’équipes permettant l’analyse de pratiques…. Eh
oui, peu de choses existaient, peu de structures extra hospitalières, peu
d’ouverture, et c’est une génération d’infirmiers, de psychiatres et de
patients et familles de patients qui ont été les créateurs, les pionniers un
peu partout en France pour soutenir les profondes mutations de la société.
La deuxième partie du livre est plus engagée,
plus politique et correspond également à de nouveaux postes pour l’infirmier
devenu cadre de santé puis cadre supérieur de santé. (enfin surveillant et
surveillant chef des services médicaux).
Première lutte fratricide emblématique de
cette époque, celle qui a opposé infirmier psy et infirmier de soins
généraux : une année de lutte et de bataille acharnée. Certes le résultat
n’a pas été à la hauteur de nos attentes…. Et il est resté pour bon nombre
d’ISP un mal à l’âme qui n’a pas aidé à l’accueil des nouveaux IDE… mais peut
être est ce désormais une vieille histoire pour des vieux qui ressassent leurs
souvenirs….
Petits moments savoureux concernant la mission
nationale d’appui en santé mentale et leur rapport sur l’organisation des soins
dans le calvados autour du manque de cohésion entre
Outre ce regard personnel un peu anecdotique,
dans cette partie dense, un éclairage est porté sur les lois et leurs
applications sur le terrain… de la théorie à la pratique. Un réel intérêt
didactique, historique et clinico-politique pour les personnels de santé
emportés bien malgré eux parfois dans la valse des missions transversales.
Un passeur d’histoire et de mots.
Paris avril 2013