Enquête sur la souffrance psychique en France Patrick Coupechoux Seuil 2009 avril |
Après
le livre « Un monde de fous » qui se penchait sur la façon dont on
pense la folie et comment on traite les malades, Patrick Coupechoux qui est
journaliste, collaborateur au « Monde Diplomatique » poursuit son
enquête sur la souffrance psychique.
Pour présenter cette enquête, il a rencontré de
multiples personnes, cadres de multinationales, ouvriers, petites mains, médecins
du travail, psychiatres… Les histoires toutes différentes se ressemblent toutes
par leur degré de souffrance ressentie.
Le lecteur ressent aussi la douloureuse
impression que ceux qui se racontent. Ce sont des petites souris prises au
piège ; chaque solution inventée ne fait que retarder le temps où elles
seront « mangés » !
Le harcèlement moral est une forme
« normale » de management ! La course à la performance conduit
de nombreux salariés au placard. Les pressions de toutes sortes ne s’arrêtent
jamais !
Nous voyons à l’œuvre un lent processus qui peut
amener les employés vers la perte d’eux même. Une nouvelle aliénation qui peut
effectivement ne s’arrêter qu’avec la mort !
Au cœur de cette souffrance, le travail et ses
nouvelles organisations. Nous voyons vraiment cette impression totale de
solitude au sein de son entreprise.
Nous le constatons bien en psychiatrie, ce qui
fait que chaque équipe tienne c’est l’étayage fondamental du collectif !
Enlevez ce collectif, l’équipe disparait et l’individu souffre !
Ce qui est fou, c’est que nous avons reçu en
héritage de nombreux travaux de chercheurs, de professionnels sur lesquels nous
pouvons nous appuyer pour éviter cette souffrance. D’ailleurs, la psychiatrie
elle-même grâce à des écrits de Tosquelles, Oury et autres peut nous donner une
lecture et une analyse de ces évolutions.
La
question fondamentale est bien celle du sujet et de ce qu’on veut qu’il
devienne dans une société qui le nie !
Le
paradoxe dit Robert Castel, c’est qu’une décollectivisation, ou une
réindividualisation puisse avoir des conséquences destructrices pour
l’individu. Pour être autonome, il ne faut pas être seul, il faut l’être dans
un collectif. La société ne serait plus une société mais un agglomérat
d’individus en concurrence et le rempart protectif de la famille n’existe
quasiment plus !
Cette
préoccupante déshumanisation de notre vie sociale devrait nous faire réfléchir.
Nous n’avons pas encore atteint les limites de l’abject, encore faut il nous
dresser et reprendre en main notre vie en commun.