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Je vous salis ma rue


Clinique de la désocialiation


Sylvie Quesemand Zucca


Un ordre d'idée

Stock

2007



Je vous salis ma rue



L'auteur, Sylvie Quesemand Zucca est psychiatre psychanalyste. Elle partage son temps entre un cabinet privé et une l'équipe mobile du réseau Souffrances et Précarité de l'EPS Esquirol dans le Val de Marne. Cette équipe intervient en liaison avec le Samu social de Paris en se déplaçant vers des personnes signalées dans la rue ou dans des centres d'hébergement. Cette population diverse, mouvante, difficile à cerner, à compter, qui est-elle donc ?
De l'image d'Epinal du clochard sympathique, homme atypique au sans dénomination fixe, un gouffre… Au-delà des mots inventés pour les qualifier, -mots essentiellement privatifs (sans domicile, sans abri, sans papier….), et lorsque cette vie s'inscrit dans la durée, on peut rajouter sans affiliation, sans socialisation, sans liens. En somme la perte de toute identité.

La rue s'est peuplée de nouveaux individus de tout âge et de plus en plus de femmes. Il n'existe pas de profil type. Certains même travaillent. L'arrivée des femmes est un phénomène récent mais en constante accélération.

Les effets du processus de désocialisation se retrouvent englobés dans le terme " souffrance psychique ". Cette confusion sémantique est problématique et l'auteur nous met en garde sur les dangers de tout mélanger.
Ce danger peut apparaitre dans les injonctions de prise en charges faites par les tutelles, les travailleurs sociaux ou les praticiens paramédicaux qui s'occupent de cette population.

Plus la personne est désocialisée, plus elle prend racine, à même le sol. Sylvie Zucca parle d'asphaltisation, de soudure au sol. Certains présentent des problèmes somatiques si important qu'ils ne peuvent plus bouger. A ce stade de l'exclusion, peu importe le regard extérieur. On n'est plus rien à ses propres yeux, ni à ceux des autres. C'est un état au delà de la détresse.
Rester dehors, quitte à mourir, est-il un ultime droit ou un processus final de déliaison au monde ?

Sylvie Quesemand Zucca analyse les effets, sur la durée, de la vie sans abri sur les individus : la perte des repères fondamentaux que sont l’espace, le temps, le langage, le rapport à l’altérité et donc à l’échange. Elle montre, sans pathos, comment l’inutilité sociale, la honte, la relégation produisent une lente déshumanisation. Attentif et inquiet, son témoignage nous rappelle que les bords extrêmes de notre société révèlent une part centrale de sa réalité