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Le sous-titre pourrait être : " Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la sexualité sans jamais avoir osé le demander ". Et au delà. Et en deçà.

" Chère Dr Tatiana,
Je suis une reine d'abeille et me sens très inquiète. Tous mes amants abandonnent à l'intérieur de mon corps leurs partie génitales, puis décèdent immédiatement. Cela est-il normal ? " (1)

Après un doctorat à Oxford, Olivia Judson devient chercheur en biologie évolutive à l'Imperial College de Londres. Elle mène en parallèle une carrière de journaliste scientifique et a écrit dans Nature, Science et autres revues prestigieuses. Pour réaliser cet étonnant manuel d'éducation sexuelle, à l'usage de toutes les espèces, Olivia Judson a compilé les travaux scientifiques d'un millier de ses collègues, qui se passionnent de par le monde pour la sexualité des animaux.
Le livre prend la forme de la rubrique courrier du cœur d'un magazine féminin, le docteur Tatiana reçoit les questions et les confidences de toute la faune de la planète.
"Une vraie trouvaille littéraire, on est accroché, captivé, là où on aurait jamais dépassé quelques pages d'un cours de biologie sur le sujet " (Arnauld Champremier-Trigano).

Avant de présenter l'ouvrage, il me faut vous préciser que je suis souvent le seul mâle des équipes dans lesquelles je travaille et qu'à ce titre il me faut supporter bien des avanies. L'intitulé des trois parties vous montrera mieux qu'un long discours pourquoi j'ai dévoré cet ouvrage sur la plage cet été : " L'inévitable guerre des sexe ", " L'évolution de la perversité " et enfin le chapitre qui m'inquiétait le plus : " Les mâles sont-ils nécessaires ? En général mais pas toujours ".

Ainsi que l'écrit le Dr Tatiana : " Pour la plupart d'entre nous, englués dans le tohu-bohu quotidien, la question du sens de l'existence reste bien obscure. Pourtant, du point de vue de l'évolution, les buts de la vie sont très clairement au nombre de deux : survie personnelle et perpétuation de l'espèce. Si un individu mâle ou femelle, s'est montré inapte à l'une ou l'autre de ces tâches, ses gènes l'accompagneront au tombeau. Si au contraire, il ou elle a fait ses preuves, lesdits gènes seront transmis à sa descendance. " (1)

La première partie met en relief les raisons pour lesquelles mâles et femelles attendent le plus souvent de leur(s) partenaire(s) des choses bien différentes et en explore quelques conséquences. Ainsi apparaît-il que la guerre des sexes n'est pas un mythe, que la reproduction sexuée est au cœur même du processus de l'évolution. Il se trouve seulement que la réussite de la femelle constitue le plus souvent un échec pour le mâle. Avec pour conséquence une guerre interminable et une incroyable diversité que le Dr Tatiana va s'employer à nous décrire.

" Chère Dr Tatiana,
Je me nomme Twiggy et suis un phasme femelle, une nécroscie déchirée, pour être précise. J'éprouve beaucoup de difficultés à vous écrire en plein coït, mais cela fait déjà dix semaines que mon partenaire et moi n'avons cessé. Je n'en peux plus, mais lui ne montre aucun signe d'affaiblissement. Il affirme que c'est par fol amour pour moi -je trouverais plutôt qu'il est complètement cinglé. Comment m'y prendre pour qu'il arrête ? " (1)

La deuxième partie examine des situations où le conflit atteint au paroxysme, d'où parfois des aboutissements affreux tels que le viol ou le cannibalisme. Le dernier chapitre de cette partie aborde brièvement un phénomène fort rare et, du point de vue de l'évolution, quasiment aberrant : la monogamie.

" Chère Dr. Tatiana,
Je suis une mante religieuse et j'ai constaté que je prenais davantage de plaisir quand je commençais par croquer la tête de mes amants. En effet quand je les décapite, ils entrent dans des spasmes prodigieux. Ils se montrent alors moins inhibés, plus pressants et c'est fabuleux. Est-ce que vous-même ressentez la même chose ? " (1)
La vérité, poursuit le Dr Tatiana, c'est que les mâles ont beaucoup moins d'importance que les femelles. En effet, montre-t-elle, certaines espèces peuvent se passer d'eux, mais d'elles en aucun cas. On en connaît qui réduisent le nombre de leurs mâles au strict minimum. Certaines même se passent entièrement d'eux et ne se préoccupent tout simplement pas de sexualité.

" Chère Dr Tatiana,
Je suis une hyène tachetée. Et j'ai un gros problème : quoique de sexe femelle, je suis affligée d'un grand phallus. Je ne puis m'empêcher de juger que cela n'est pas très féminin. Que m'est-il arrivé ? Y-a-t-il quelque chose à faire ? " Une façon originale et remplie d'humour de constater la prodigieuse diversité des pratiques sexuelles en dehors de notre propre espèce et d'être un peu plus tolérant vis-à-vis de pratiques, par nous considérées comme déviantes.
Pendant très longtemps, la sexualité a été absente des écoles d'infirmières. Ni bonnes, ni nonnes proclamaient nos consœurs dans les années 80. N'empêche que ce n'est pas avec le contenu de la formation initiale qu'elles risquaient de favoriser l'expression par le patient de ses problèmes liés à la sexualité. L'enseignant, lui-même, pouvait ne pas être à l'aise avec ce contenu. Il n'est pas sûr que la formation ait tant que cela évolué. Cet ouvrage, plein d'humour, au contenu scientifique indiscutable, peut constituer une bonne entrée en matière. Il peut favoriser une prise de recul et des réflexions collectives que l'enseignant saura accompagner. Un ouvrage qui a sa place dans toutes les bibliothèques d'IFSI.

Dominique Friard

Notes : 1- JUDSON (O), Manuel universel d'éducation sexuelle à l'usage de toutes les espèces, Coll. Science Ouverte, Seuil, Paris, mai 2004.

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