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Parcours original d'un soignant

en santé mentale


Roland BOURDAIS


L'Harmattan





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Parcours original d'un soignant

en santé mentale


 

Tout d’abord je tiens à préciser que ce livre est une relecture de ma vie professionnelle dans le monde de la psychiatrie, et que je n’ai pas cherché à retracer l’histoire de cette discipline.

 

En écrivant mon histoire professionnelle, j’ai voulu, en premier lieu, rendre hommage aux infirmiers en psychiatrie, ces oubliés de l’histoire de la psychiatrie moderne.

 

La presse les médias parlent des psychiatres, des psychanalystes, des   psychologues, des éducateurs, des assistantes sociales, mais jamais ou très rarement des infirmiers psychiatriques. Pourtant par leurs actions, ils ont grandement contribué à l’évolution de la psychiatrie moderne, j’en suis le témoin !

           

            Pourquoi ont-ils été si longtemps oubliés ?

 

Il est vrai que ces infirmiers sont les héritiers des gardiens de fous qui ont assumé le train-train pendant plus d’un siècle dans les asiles d’aliénés départementaux, puis les hôpitaux psychiatriques. Alors il a fallu des années et beaucoup de combats pour que cet héritage, lourd à porter, s’estompe. Pourtant quel chemin parcouru !

 

Je peux dire que pendant les 40 années de mon parcours professionnel, la vie au travail de l’infirmier, le contenu professionnel, la relation au patient ont été bouleversés. L’infirmier en psychiatrie est devenu, en quelque sorte, le soignant du quotidien et du continu.

 

La peur au ventre a laissé petit à petit place à la relation thérapeutique. De gardiens ils sont devenus soignants, j’ai voulu témoigner de ce chemin parcouru.

 

En second lieu, j’ai aussi écrit ce livre pour témoigner :

 

Une fois à la retraite, après avoir pris du recul, j’ai eu l’envie de livrer aux jeunes générations les enseignements tirés de ma vie professionnelle et de leur communiquer ce qui à mes yeux me paraît important.

 

Témoigner, en toute simplicité sur fond d’exemples vécus auprès des malades, des familles et de mes concitoyens. Leur livrer mes actions, mes émotions, mes interrogations.

 

Je tiens à dire ici, combien la maladie mentale fait souffrir l’homme qui en est atteint ainsi que son entourage le plus proche, notamment sa famille. Cette souffrance, le grand public l’ignore ou tant à l’ignorer.

 

Comme pour les autres maladies les soignants en santé mentale doivent : Ecouter Soulager Accompagner Soigner.

                       

Troisième raison qui m’a poussé à écrire :

 

J’ai voulu livrer un témoignage sur ma conception de l’homme :

 

De notre Havre de paix, du haut du cap de la Hève, avec Bernadette mon épouse, aussi infirmière en santé mentale, nous avons pu relire notre parcourt de soignant.

 

Nous nous sommes interrogés : « L’homme comme seule ressource, seule richesse, ne serait-il pas le fil rouge qui nous a guidé tout au long de notre carrière ? »

 

Cet homme, nous avons eu à le découvrir au cœur de la misère des hôpitaux psychiatriques des années cinquante.

 

Alors, à notre niveau, avec bien d’autres infirmiers anonymes, nous avons participé à l’émergence de cet homme comme « être à part entière ». Ensemble, médecins et équipes soignantes, nous avons travailler pour que de sa situation exclusivement asilaire, où seul l’enfermement comptait, « l’homme fou », aujourd’hui malade mental, trouve de mieux en mieux sa place dans notre système de soins, dans le milieu social, et surtout dans la cité. Notre modeste expérience en la matière tend à prouver que l’exclusion en soi peut toujours trouver une évolution positive grâce à l’action des structures mais surtout des hommes.

 

Parallèlement à cette évolution, nous croyons avoir apporté notre pierre à la promotion de l’infirmier psychiatrique qui est passé du statut de gardien à celui de soignant. Si nous avions, dès maintenant, encore un message à envoyer aux infirmiers en activité, nous les mettrions en garde sur leur façon actuelle de défendre leur profession. Attention à certaines attitudes qui risquent d’annuler le chemin parcouru !

 

La psychiatrie a toujours du mal à renvoyer une image positive. Nos concitoyens ne cesse de le dire. Soignants, abandonnons nos attitudes négatives, où la plainte l’emporte sur notre mission professionnelle. Adoptons une attitude qui permette à tous, malades et bien portants, de découvrir les richesses de notre savoir-faire individuel et collectif. Le lecteur comprendra donc que les écrits ci-après sont résolument  positifs

 

L’idée de l’homme qui a nourri mon parcours a été en permanence confrontée au souci de l’acquisition du savoir. L’autodidacte que je suis, tout au long de ma carrière, s’est préoccupé de la formation professionnelle et permanente. N’ayant jamais fréquenté ni le collège, ni le lycée, ni l’université, cette démarche principalement  en direction des autres, infirmiers, élèves infirmiers et agents hospitaliers, de ceux à qui j’avais à enseigner m’a beaucoup apporté, beaucoup transformé. Mon souci a été que chaque agent ait, tout à la fois, des outils à sa disposition et les moyens de les mettre en œuvre dans une action professionnelle. Une boite à outils, si fournie soit-elle, ne sert à rien si celui à qui elle est confiée n’a pas la volonté et la force de l’utiliser à bon escient.

 

Oui j’ai envie de vous dire ces choses, car elles sont importantes pour moi et peuvent servir à d’autres. Ne faut-il pas s’appuyer sur le passé pour vivre pleinement le présent et mieux préparer l’avenir. Oui j’ai envie de dire combien à travers ce parcours, de l’enfermement à la psychiatrie de secteur, la dimension culturelle de l’homme, la primauté du relationnel, le poids de l’écoute ont été importants ? La conception de l’homme, la liberté sont, pour moi, essentielles.

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Alors sans toujours m’en rendre compte c’est sans doute l’homme, sa liberté, sa dignité qui a guidé mon action.

Mon premier contact avec l’hôpital de l’époque a été un électrochoc, si vous me permettez d’emprunter cette image.

 

Avant d’y entrer à l’H.P., je n’avais aucune appréhension habitant le quartier depuis toujours et jouant dans les jardins de l’asile, je croyais le connaître.. Mais quelle découverte !

 

L’asile, l’H.P. de l’époque, c’était ces quartiers de 135 malades hommes pour une équipe de 6 infirmiers dans le meilleurs des cas. Des réfectoires avec des tables de marbres, des bancs scellés aux tables, des assiettes en fer et le quart du soldat, la cuillère de tôle qui servait aussi de fourchette et de couteau, des dortoirs surchargés à l’odeur insoutenable, des cellules, des entraves, des camisoles de force. Il était triste aussi de constater que l’asile, lieu de ségrégation voulu par la société, reproduisait en son sein un schéma identique : pas question de mélanger ses fous. La ségrégation se faisait selon les attitudes, les comportements des malades, les sociétés savantes appelait cela les symptômes.

 

Je découvrais la réalité asilaire, bien à l’abri derrière ses murs et ses grilles. Eh  oui ! Les premiers jours j’ai eu envie de fuir cet univers, une terrible angoisse m’a envahi. Je pense que celui qui a vécu de tels moments a peut être approché d’un peu plus près l’angoisse permanente du malade et la perception de celle-ci à travers tout son être. Je crois que l’approche de la maladie à travers son propre vécu est une méthode importante de l’apprentissage du métier.

 

Il ne faut pas oublier que cet établissement que je découvrais avait été créé par une loi datant de juin 1838. Cette loi, qui obligeait chaque département de construire un asile d’aliénés, a été à l’époque un acte humanitaire, mais qui portait déjà en germe un risque de ségrégation. Lieu d’accueil et de premiers soins, ces établissements, au fils des années ont créé des isolats. En même temps cette concentration de la folie derrière des murs impénétrables a entretenu pour le citoyen ordinaire fantasmes, peurs et rejets…

 

La réalité asilaire, qui dans un premier temps, nous avait donné la peur au ventre, a été un tremplin pour réagir, en toute conscience. La toute nouvelle génération d’infirmiers ne voulait pas être complice de cette situation. Nous n’avions plus le droit de laisser ces fous dans ce trou de basse fosse.

 

Casser cet état de fait, au lendemain de la dernière guerre mondiale, relevait de l’exploit. Il a donc fallu du courage, de l’énergie, un peu d’inconscience et du culot, aux médecins et aux infirmiers pour sortir l’asile de la torpeur.

     

Avec l’arrivée des premiers neuroleptiques, l’espoir né de ces nouveaux médicaments a facilité aussi la transformation de l’asile et la tache des infirmiers, l’atmosphère devenait plus respirable.

 

Dès les années 1954, lors d’un stage des C.E.M.E.A., peu après mon arrivée, mes collègues et moi-même avons découvert une psychiatrie en pleine évolution. Nous avons pu appréhender dès cette époque, d’autres valeurs, d’autres pratiques, des projets, à savoir qu’à partir des choses les plus simples de la vie quotidienne nous pouvions agir sur l’institution.

 

La vie rendue possible, des activités plus structurées ont pu être imaginées. Cette ébauche de thérapie institutionnelle marque le début de la désinstitutionnalisation et de la démystification de la folie.

 

Passer de l’immobilisme, au mouvement, sentir la possibilité de se frayer un espace de liberté dans ce monde clos donnant aux malades un espoir d’ouverture vers la vie, vers le monde devenait possible C’est aussi à Mayenne la période où l’on détruit les cellules, où l’on supprime les camisoles et les entraves, où l’on commença, lentement mais sûrement à ouvrir les portes de l’asile. Ces actes peuvent apparaître aujourd’hui plus symboliques qu’héroïques, mais n’oublions pas qu’ils ont libéré d’entraves inhumaines nombreux malades et qu’ils ont aussi ouvert une nouvelle page de la psychiatrie contemporaine

 

Les portes de l’hôpital psychiatrique s’ouvraient, la psychiatrie dans la cité devenait possible

 

Après des années passées à Mayenne, dans les années soixante, une nouvelle aventure s’offrait à moi, Le Havre.

 

Il a fallu, l’amitié, la compétence et la complicité d’un jeune couple de psychiatre, et de surcroît Mayennais pour me convaincre ainsi que mon épouse. Je dois aussi souligner ici combien ils ont œuvré à la création et au développement de la psychiatrie contemporaine havraise

 

La Psychiatrie dans la cité. Tel était le slogan et l’ambition de nos deux psychiatres ! Pourquoi pas ? L’idée était séduisante.

 

Cet objectif me paraissait bien difficile à atteindre mais il me tentait. Alors l’aventure et la nouveauté seront plus fortes que la nostalgie, la décision de venir au Havre finit par s’imposer.

 

J’étais interpellé, par la situation psychiatrique de la seine maritime, celle-ci était loin d’être attirante mais les ingrédients de lendemain meilleurs semblaient réunis.

 

Dès l’arrivée de ces deux psychiatres, dans les années soixante, très vite l’activité s’est développée. A grand pas ces psychiatres sont passés d’un travail institutionnel en hôpital psychiatrique, à une pratique en réseau dans la cité, à l’époque il fallait oser le faire, ils étaient en quelque sorte des précurseurs. Certainement que les circonstances, vu l’absence de moyens et de structure de soins les ont amenés à s’appuyer sur le monde scolaire et associatif, en un mot s’insérer dans la cité.

 

Puis le travail en équipe par secteur géographique a aussi permis de casser le tout hôpital ainsi que l’image de la folie et favoriser l’intégration de l’homme malade mentale qui, comme tout citoyen, a des droits et des devoirs. La psychiatrie du Havre à l’époque, fin des années 60, a été un précurseur en la matière.

      Une innovation havraise : l’Hôpital de Jour.

 

En rupture avec le passé et anticipant sur un projet d’envergure tout en s’appuyant sur des activités simples, un véritable travail d’équipe du temps de partage et de réflexion voilà une méthode qui a du bon. Il a fallu faire preuve d’innovation et de sérieux.

 

Le travail en réseau qui commençait à porter ses fruits, permettait d’entrevoir comment il était possible de s’insérer dans la ville, mais comment prendre en charge au quotidien les malades sans moyens. Un besoin criant se faisait de plus en plus sentir. L’hôpital du havre avait bien un grand projet, la construction d’un ensemble de structures psychiatriques, qu’on appellera plus tard Centre Pierre Janet, mais il fallait attendre et encore attendre. C’est ainsi que nos deux psychiatres ont eu l’idée de créer un hôpital de jour, un des premiers H.J. public, le premier en province.

Cette idée d’H.J. m’interrogeait. Hospitaliser des malades la journée peut-être mais que deviendront-ils le soir, que de questions ?…J’étais comme mal à l’aise devant ce projet, j’avais un peu la trouille. L’idée fit son chemin dans ma tête, et très vite je me suis pris au jeu, à l’envie de faire. Créer cette structure était à l’époque faire office de pionnier.  Mai 68 est marqué par des événements historiques,  mais c’est aussi la date de l’ouverture de l’H.J du Havre. Nous étions pleinement  phase  avec les idées et le mouvement sociétal  du moment .

                       

L’équipe fondatrice de l’H.J., après avoir mûrement réfléchi voulait :

 

Que cet H.J. soit un lieu d’accueil compréhensif pour le malade désemparé dans une société peu préparée à l’entendre et à le comprendre ?.

 Cette équipe portait le soucis de maintenir le contact quotidien entre le malade et sa famille, son cadre habituel.

 

Ce travail devra être conduit par les soignants de telle sorte que le malade reprenne en charge, progressivement, la gestion de ses propres affaires, et de son autonomie.

 

Face à la nouveauté, face aux sollicitations nombreuses et variées des malades, des familles et de l’entourage, une réponse s’est imposée à nous : « la vie d’équipe ». Dépasser la différence en agissant ensemble, réfléchir à tous les actes quotidiens, à l’époque c’était innover.

 

Tout au long de ces années le contenu professionnel, la relation au patient ont été bouleversés. L’homme-fou est devenu un sujet certes malade, à comportement perturbé, mais digne d’intérêt et de respect

     

A la réflexion, une partie de l’action de l’infirmier en santé mentale ne serait-elle pas de réveiller en tout malade, cette petite flamme endormie que je nommerais « Désir » ?

 

Les références psychanalytiques à coté de l’effet des médicaments ont transformé en profondeur la relation soignant-soigné. Pourtant la folie même atténuée par tout un arsenal de thérapie, reste cette étrangeté que le soignant affronte…C’est sa capacité à écouter, à garder ses distances, à accompagner, qui ne s’apprend réellement ni dans les livres, ni au cours de la formation initiale, mais par la pratique, que peut émerger un espace de relation thérapeutique.

 

Ces pratiques fortement marquées par la personnalité de chaque soignant appellent des temps de confrontation et d’échanges. Malgré cela, reconnaissons que souvent l’usure menace. Le délire, le comportement agressif ou l’inactivité de certains malades, la lenteur de l’évolution et les rechutes de la maladie, parfois agressent l’infirmier et surtout le questionnent. Oui la maladie mentale use, démoralise…C’est au prix d’une énergie permanente que l’infirmier devra lutter pour rester soignant.

 

 

Pour conclusion provisoire.

 

1954-1994… Quarante ans au cours desquels la prise en charge de l’homme-fou s’est transformé, la pratique soignante a été révolutionnée, la formation s'est construite…

 

Quarante ans au cours desquels la société a connu des soubresauts, vécu de profondes mutations… sans toujours savoir correctement accueillir et intégrer la différence de l’autre, fut-elle d’origine raciale, sociale ou liée à l’état mental des personnes.

 

Nous constatons, et j’en suis heureux, un réel recul de l’enfermement au bénéfice du maintien ou du retour des malades dans leur lieu de vie ordinaire, c’est à dire dans la cité. Cette évolution est un combat quotidien pour lequel j’ai toujours été un farouche partisan et acteur.

 

Je voudrais aussi dire que la démarche volontariste de réinsérer le maximum de malades mentaux pourrait, si l’on n’y prend garde, précipiter certains d’entre-eux dans des situations d’extrême solitude et de profonde souffrance.

                       

Les mesures d’internements, les chambres d’isolement fussent-elles plus confortables que les cellules d’hier, sont des recours qui semblent à nouveau refleurir dans bon nombre d’établissements psychiatriques et j’en suis désolé. Les responsables actuels et futurs, administrations, médecins, soignants doivent être vigilants car les retours en arrière sont toujours possibles.

     

Enfin constatons que la psychiatrie est toujours sur le fil du rasoir…à la recherche d’un équilibre entre le besoin de soins de la personne et sa liberté individuelle, entre les limites de la sécurité, celle du malade, celle de son environnement, et de la solidarité nécessaire à toute intégration.

 

Il me semble important de noter, que la réponse et l’évolution psychiatrique d’un pays sont intimement liées aux débats qu’il conduit, à la place qu’il laisse à l’homme, à sa conception de la liberté.

 

Ces questionnements m’ont taraudé tout au long de ma carrière…Ma conception de l’homme citoyen m’a aidée régulièrement, je pense, à trouver avec d’autres, des réponses, que j’espère, équilibrées ?

 

Aujourd’hui je reste convaincu que lorsque nous plaçons l’homme au centre de nos préoccupations, lorsque l’homme devient la seule richesse et la seule ressource de nos actions, il n’y a plus de place pour l’exclusion… Chacun quel qu’il soit, à droit à une place dans la société.

 

Ce livre a été pour moi l’occasion d’un retour sur ma pratique, mes engagements. Il ma permis de préciser certains points qui me paraissent essentiels, y compris pour demain.

 

Avec un sage du Moyen-Age je rappellerai à tous les soignants en santé mentale d’aujourd’hui qu’il continuent d’écrire l’histoire commencée il y a bien longtemps :

 

« Il n’y a ni passé, ni avenir…seulement un présent

Le présent du passé… C’est la mémoire

Le présent du présent… C’est l’action

            Le présent de l’avenir… C’est l’imagination »

 

            Aux générations d’aujourd’hui, je dirai pour conclure, que le métier de soignant en psychiatrie est d’abord et avant tout, de prodiguer des soins, mais c’est aussi d’incarner le souci permanent d’une lutte contre la chronicité, contre la ségrégation, contre l’exclusion, contre l’oubli. La psychiatrie reste un combat, un combat pur l’homme.

 

             

                                          Roland Bourdais

Auteur du livre: "Parcours original d'un soignant" en santé mentale,  paru aux éditions l'Harmattan.

E-mail: bourdaisroland@wanadoo.fr

 


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