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Le pouvoir psychiatrique


Cours au collège de France. 1973-1974

Michel Foucault


Hautes Etudes - Gallimard Seuil




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Le pouvoir Psychiatrique


Cours au Collège de France
Michel Foucault


Quand on entre dans ce livre, on rejoint une ambiance, celle des séminaires de Michel Foucault au collège de France, les mercredi entre janvier et mars. Un amphi de 300 places avec 500 personnes agglutinées et la voix limpide et puissante sans effet oratoire, terriblement efficace. Pas de commentaires, pas d'échanges au grand déplaisir de Foucault. L'auditeur qui venait suivre les cours suivait de semaine en semaine le récit qui se construisait. Mais l'art de Foucault était de donner par l'histoire un éclairage sur l'actualité.

Nous pouvons grâce à la lecture de cet ouvrage avoir une lumière précieuse sur notre actualité en psychiatrie.

Les problèmes administratifs comme des histoires de coût de la maladie vont avoir une incidence absolument folle sur l'histoire de la psychiatrie. En 1840, les médecins se plaignent d'être obligés d'accuser les "idiots" d'être dangereux et cela uniquement pour permettre une mesure d'assistance. On va voir alors se développer petit à petit toute une littérature médicale qui va se prendre de plus en plus au sérieux et qui va alors stigmatiser le débile mental et en faire quelqu'un d'effectivement dangereux. Les exemples qui en parlent sont suffisament criants pour que l'on ne se sentent pas à l'aise. Et ainsi se constitue une catégorie de personnes pouvant représenter un danger pour la société. Ainsi on stigmatise l'idiot pour pouvoir lui donner assistance...
çà vous parle ?

La crise qui est le moment où risque de se décider l'évolution de la maladie, c'est un combat. Au moment où se passe la crise la maladie éclate dans sa vérité et c'est précisemment là que le médecin doit intervenir. Le médecin doit considérer la crise comme étant le biais par lequel il peut avoir prise sur la maladie. La consultation médicale se faisait toujours à plusieurs (la nature contre la maladie, le médecin en regard de ce combat, le médecin et les autres médecins). L'arrivée du médecin de famille, du soliloque médecin malade sont l'effet d'une transformation économiques, sociologiques, épistémologiques de la médecine. La notion de crise disparait fin du XVIIIe siècle. On organise à la place l'équipement hospitalier qui permet d'intégrer à la maladie le corps de l'individu vivant et surtour un corps mort. En psy, l'hôpital tend aussi à faire disparaitre la crise. La crise comme événement à l'intérieur de la folie et du comportement du fou est exclue pour trois raisons.
- L'hôpital fonctionne comme un systéme disciplinaire, obéissant à un réglement, prévoyant un certain ordre.
La psychiatrie dit Foucault donne comme consigne " ne pas penser": N'y pensez pas, pensez à autre chose, lisez, travaillez... mais ne pensez pas à votre folie!!!
- Le recours à l'anatomie pathologique (1825) qui a joué le rôle de refus théorique de la crise. "S'il y a une vérité de la folie, elle n'est pas dans ce que disent les fous, mais dans leurs cerveaux et dans leurs nerfs"
- Le rapport entre la folie et le crime. (1820-1825) c'est un processus par lequel les médecins donnaient leur avis sur un crime et essayaient de revendiquer pour la maladie mentale le crime lui-même.

L'hôpital psychiatrique aurait pour fonction de donner réalité à la folie, d'ouvrir à la folie un espace de réalisation. Il est là pour que la folie devienne réelle, il doit la faire exister comme réalité. Justement on lui reproche de fabriquer des fous avec les gens qu'il prétend guérir. La question fondamentale : quelle pourrait être l'institution dont le fonctionnement serait tel que l'on pourrait à la fois guérir les fous et ne pas les enfoncer dans la maladie ?

On dit souvent que l'hystérie a disparu et qu'elle a été la grande maladie du XIXe siècle, mais dit Foucault elle a été un syndrome typiquement asilaire ou un syndrome corrélatif du pouvoir asilaire ou du pouvoir médical. Cela a été un processus des fous pour tenter d'échapper au pouvoir psychiatrique. La simulation serait l'envers militant du pouvoir psychiatrique, car elle a été la manière insidieuse pour les fous de poser de force la question de la vérité à un pouvoir psychiatrique qui voulait leur imposer la réalité. Foucault pense que si l'on pense de cette façon on pourra faire une histoire de la psychiatrie qui ne gravitera plus autour du psychiatre et de son savoir mais autour des fous !!! enfin !

En fait, de ce livre, il existe tellement de pistes qu'il serait impossible de vous raconter tous les fils à tirer, mais un conseil : à lire absolument !

@Marie Leyreloup


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