Fichtre, une préface de BK, celui-là même qui ministre n'a pas eu le courage de donner à la fourmilière psychiatrique un coup d'accélérateur pour nous sortir de notre marasme. Exigence éthique dit-il du respect de la personne ; j'aimerai tant que les politiques aient la même exigence envers la psychiatrie de secteur.
Il s'agit dans ce livre de nous faire vivre l'expérience d'un secteur de psychiatrie. Un témoignage, écrit, pamphlet, leçon, enfin bref, à la fin de l'introduction, on se lance à l'attaque du …. manuel en cinq leçons mais sans tiroirs.
La première leçon se veut historique, autour d'une rencontre, celle que les soignants des années 70 se rappellent tous, car il s'agit de la première rencontre entre eux et la folie. L'écriture se fait alors incisive pour traquer les errements des collègues psychiatres établis, des personnels chronicisés et peu enclins à perdre leurs modestes avantages face à une psychiatrie de secteur qui se dessinait. On était loin des expériences italiennes et anglaises. Le maître mot pour moi serait Militant. On ne peut pas faire de la psychiatrie un travail commun, banal. Pour pouvoir suivre les évolutions des pathologies, de la société, de l'homme il faudrait travailler en psy non seulement avec les savoirs appris mais avec de l'utopie, du rêve, de la révolte, une éthique et une conscience politique et militante.
Ben, mais c'est de moi qu'ils parlent ??? pourtant, on ne s'est jamais rencontré, ce n'est pas faute d'avoir été à Armentières pour former les infirmiers des secteurs, ni d'avoir fréquenté les mêmes colloques…
Continuons avec les leçons, la deuxième est toujours dans l'histoire et la rencontre avec d'autres professionnels, les élus, les patients, les familles, les associations ; la création de nouveaux lieux de soins, de vie. Là, rien de nouveau sous le soleil. Tout les partenaires se retrouvent et s'y retrouvent entre le social, le psychologique et le soin. Quant à l'unité d'hospitalisation et à l'offre de mettre un " vidal " à porté des patients, elle est sympathique certes mais bien insuffisante. Il ne suffit pas de mettre à disposition d'un patient un livre en hébreu pour que celui-ci sache tout sur son traitement. Si c'était aussi simple, ça se saurait…
Les portes sont ouvertes si les infirmiers sont en nombre suffisant pour garantir ce fonctionnement ! C'est quoi le nombre suffisant ?
Expérience folle, inventive, géniale que cette rencontre entre l'art et la psychiatrie. Il faut dire que déjà la rencontre avait eu lieu pendant la guerre à St Alban, l'art, la poésie, l'écriture et la psychiatrie avait déjà fait un long chemin ensemble. Cela n'est il pas le cheminement de toutes les utopies, les rêves ? N'est-il donc pas logique que se rencontrent et se côtoient les artistes et les fous ? Les initiatives se multiplient pour mélanger encore plus les couleurs de ces vies. La cité s'en empare, l'utopie en marche soutenue par le ministère de la culture. Un joli moment d'écriture autour de l'image de la folie et du point aveugle du regard.
C'est aussi en 1988 qu'est né à Villeneuve d'Ascq un journal annuel, la première revue scientifique et artistique du premier avril : Le journal des fous ? une folle débandade d'humour. En première page, une citation de Pierre Seghers : l'humour c'est d'y croire encore.
Quatrième leçon ! il faut pour que la psychiatrie citoyenne existe qu'elle fasse de la recherche et qu'elle publie. Et j'ajouterai, il faut qu'elle le fasse en français dans le texte ! c'est à dire qu'elle oublie de jargonner pour que tous, professionnels ou non puissions lire et comprendre. Il faut qu'elle soit accessible !!!
Il faut aussi que chacun puisse avoir un regard citoyen sur la psychiatrie, que chacun puisse avoir accès au recherche du voisin. Qu'on puisse se les approprier, travailler autour, mettre en pratique les résultats de certains travaux…
Ecrire, rendre nos écrits visibles, pour l'heure notre tâche à Serpsy ressemble à s'y méprendre aux vœux des auteurs. Cela fait partie de ce travail d'éducation " populaire " car il semble juste de penser qu'il faudra encore un long chemin pour que les personnes qui ne sont pas touchées par la maladie mentale voient dans la personne soignée en psychiatrie autre chose qu'un fou. Les médias ne nous aident pas beaucoup pour cela.
Qualité et coût contre idéologie et philosophie des soins, la route est encore longue et elle devient beaucoup moins drôle. Où sont donc nos utopies, nos rêves et nos contes.
Désillusions !!
L'hôpital et ses murs qui résistent !
Les pathologies de l'amour qui se psychiatrisent
L'illusion de la remise au travail des fous
L'horreur économique
Le faux consentement aux soins
Quel avenir ???
La psychiatrie citoyenne
L'utopie ou les utopies
La définition réactualisée de par la société de la folie et des fous
Le risque ! un mot citoyen vide de sens qui s'emploie à tout va et qu'on garde en bouche comme d'ailleurs le mot éthique. Même ceux qui ne s'en occupe pas les mettent en bouclier. Une désillusion de plus ?
1970-2002, trente ans de psychiatrie, toujours en mouvement, toujours en cherchant l'amélioration, le dehors, l'harmonie avec la cité, c'est quand même un sacré chemin de parcouru entre les chardons et les ronces. On est pas loin des sentiers mieux balisés (j 'ai surtout pas dit protocolisés….ni bitumés).
Les équipes seront citoyennes ou disparaîtront !
@Marie Leyreloup