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Réussir la psychiatrie alternative


C. Bruni F. Scotti

L'expérience de Pérouse

Psychothérapies, ESF

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réussir la psychiatrie alternative


C'est un livre qui date de 1988 et qui relate une expérience de transformation des institutions psychiatriques dans la province de Pérouse à partir du milieu des années 1960. Une expérience qui s'est inscrite dans le contexte de la "psychiatrie alternative italienne", Mouvement qui a bouleversé les conditions d'exercices de la psychiatrie en Italie.

Bon, d'accord, ça date un peu, mais la lecture de l'histoire peut nous permettre différentes réflexions quant à notre présent ! En 1960 en Italie, la psychiatrie est déplorablement asilaire et inhumaine, une fraction des psy cherchent à engager un processus de changement. Plusieurs voies sont suivies, l'expérience de Gorizia (au nord de Trieste) est par la suite élevée au rang de mythe fondateur (Basaglia).
En 1978, le Parlement Italien vote la loi de réforme sanitaire, elle ordonne le "dépassement graduel" des hôpitaux psychiatrique avec une centration extra-hospitalière, ouvre des services de psy en hôpital général (service de diagnotic et de cure) 15 lits, permet des hospitalisations sous contrainte très encadrées limitées dans le temps et exceptionnelles.

A la suite de cette période féconde, suit une période de plainte, de défaitisme. Réformes demandées, projet de révision de la loi.... (le livre est de 1988, si on veut en savoir plus, il faudra chercher ailleurs ...)

Dans la présentation de l'expérience de Pérouse, Michel Legrand tente de définir trois sortes de situations à la suite de l'application de la loi :
- la première
La réforme serait appliquée avec succès et à la satisfaction des usagers.
L'hôpital Psy disparaît progressivement, accueil des patients en petites structures communautaires de dimension humaine. Réseau de soin et coordination...

- La seconde
Dysfonctionnalité, les centres de santé mentale ne sont pas suffisament opérationnels. Le service de psy diagnostic accueille les cas psy les plus graves sans liaison avec l'extra hospitalier. L'hôpital psy, dégorgé continue d'abriter un "résidu asilaire"

- la troisième
Involution de la réforme. Services extra-hospitaliers pas fonctionnnels, inexistants. Le service de psy diagnostic débordé, qui voit son activité se dégrader, il ne peut plus faire face à l'afflu de demande !!
Nombreux patients abandonnés sans soins adéquats. L'hôpital psy réintégre les patients en errance, il apparait alors indépassable !!!!

Pourquoi cela marche ou pas ?
Quelques pistes données par M. Legrand
- Des directives plus directives
- des financements spécifiques
- des fractions conservatrices du corps médical
Le tissu social est il, lui préparé à une telle réforme ???

L'expérience de Pérouse


L'expérience de Pérouse commence par une lutte contre l'hôpital psychiatrique. La constitution des "Centro d'Igiene Mentale" CIM qui furent des centres d'activités anti-asilaires, essayait de propager une nouvelle culture psychiatrique. L'important était de toujours se poser la question de "pourquoi" ou "pour qui" et non pas du "comment".

Les auteurs pensent que les conditions nécessaires au changement sont déjà présentes à l'intérieur de l'institution qui ne veut pas changer ; ces conditions sont d'autant plus évidentes que la résistance à la transformation est plus grande
Il ne sert à rien de contester la violence de l'asile en partant de la description et de la recherche des erreurs et de l'attribution des responsabilités. Il est inutile, en effet, de se demander de qui est la faute si les malades sont maltraités ou si les infirmiers ne sont pas en état de les aider, ou encore si les médecins ne sont pas suffisamment présents ou attentifs.....
Tout le monde est responsable de l'état actuel, et dans un certain sens, personne ; tous se sentent tour à tour victimes et coupables. C'est justement parce que l'identification des responsabilités des erreurs renvoie à une quête infinie, que ce mécanisme ne fournit pas les énergies nécessaires au changement, mais au contraire constitue un des meilleurs mécanismes de stabilisation de l'institution.

La nécessité d'un Hôpital psychiatrique est triple : soigner et s'occuper de manière efficience et économique de ceux qui ont des troubles psychiques, assurer un refuge ou un toit à tous ceux dont le comportement n'est pas socialement adapté, disposer d'un lieu et d'un temps pour les hospitalisations sous contraintes.

La vie psychique des personnes qui vivent en HP est suspendue : celle des patients car on la considère comme une pensée incapable de produire quoi que ce soit, celle des soignants à qui on ne demande pas de penser, mais d'accomplir des tâches qui sont fixées à l'avance....

Les auteurs ont essayé de nous montrer comment s'est construit et comment fonctionne un service psychiatrique sur le territoire, avec les réseaux nécessaires et les ressources dont il dispose. Ils nous montrent aussi leur combat contre une psychiatrie privée qui, nous le démontrent-ils, alimentait en amont une pratique d'assistance fondée sur la violence et l'asile.

Je reprécise bien qu'il s'agit d'un livre de 1988...

@Marie Leyreloup