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La construction sociale de l'activité soignante


Pierre Gobet

Des soins confessionnels aux soins subsidiaires


La construction sociale de l'activité soignante

Dans l'esprit du grand public, l'infirmière reste cet être de grande qualité morale qui se distingue par son esprit d'abnégation, un dévouement sans borne et une soumission totale à l'autorité médicale, tel qu'il fut façonné, il y a près de 150 ans, par la réforme laïque des soins attachée au nom de Florence Nightingale. Pourtant, depuis lors, les soins ont changé, et l'infirmière ne se reconnaît pas dans l'image qu'on lui prête.

Cette étude, qui a le discours infirmier pour objet, retrace les étapes de cette évolution par une analyse de la manière dont on parle, aux différentes époques, de l'infirmière et de ce qu'elle fait. Elle montre que le discours infirmier est formé de quatre segments logiquement disjoints, de quatre figures ou paradigmes différents. Dans chacun des paradigmes, les modalités de l'intervention soignante, l'identité et les espérances de l'infirmière sont définies de manière originale et exclusive. Il s'agit des paradigmes confessionnel, syndical, professionnel et subsidiaire. Ce dernier émerge dès le milieu des années 1970, délogeant le paradigme professionnel qui s'était imposé, en Suisse, à la fin de la seconde guerre mondiale.

Avec l'univers subsidiaire, qui se présente comme l'expression propre au travail soignant de l'ordre social néo-libéral, l'infirmière est tenue de valoriser ce capital formé du savoir et du savoir-faire spécifique dont elle est détentrice. Elle devient, en principe, "entrepreneure" d'elle-même.

L'auteur

Pierre Gobet, Docteur en sociologie, a la double formation de sociologue et d'infirmier. Il enseigne actuellement la sociologie au Centre de formation continue pour les professions de la santé à Aarau.