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LA MALADIE DE SACHS

Martin Winckler
P.O.L. éditeur
1998




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- En soignant, en écrivant, du même auteur

Pendant que Dominique lisait le dernier livre de Martin Winckler, je commençais simplement le premier. Chacun son rythme... Et puis, pour moi ce n'était pas un cadeau de noël, simplement un livre pris au hasard de sa disponibilité à la bibliothèque municipale que j'écume régulièrement. Comme lui, j'ai été désarçonnée par un "je ne sais quoi" de fouilli, de pas toujours clair. Et puis, j'ai continué, j'ai lu tout le week end et le lundi matin, je ramenais le livre pour le scanner et le mettre sur le site. Pour justement ce je ne sais quoi de bizarre et d'insolite... Mais aussi pour de nombreuses sensations "soignantes", "vivantes", "réélles".

C'est aussi la seconde fois que je lisais le terme de "colloque singulier" pour parler de ce moment intense qu'est la rencontre entre deux personnes : un soignant et un patient. Et ce terme là qui était apparu lors d'une recherche sur l'entretien infirmier avait choisi de faire halte dans ma mémoire...

Martin Winckler nous rapporte les termes d'un vieux tract de 1977 : "Choisir d'être médecin, c'est choisir entre deux positions, deux attitudes. Celle de "docteur", celle de soignant."

"Le docteur "sait" et son savoir prévaut sur tout le reste. Le soignant cherche avant tout à apaiser les souffrances"...

Le docteur Bruno Sachs serait sûrement un soignant. Un soignant qui "sait" de l'angine à l'avortement, de la cirhose à l'ulcère, de la maladie de peau au cancer du colon. Un soignant qui dans la campagne française va apaiser les souffrances contre les idées reçues, contre les regards, contre les non-dits, contre les rumeurs.

Un soignant qui écrit , qui prend des notes, qui prend note, qui se relit et se souvient.

Dans la réalité dit-il, on ne meurt pas comme dans les livres de médecine.

Dans la réalité, on souffre beaucoup plus...

Martin Winckler écrivain et médecin se pose la question de savoir à quoi sert l'écriture médicale. Chaque médecin désormais doit écrire sur ordinateur à des fins épidémiologiques, comptables, statistiques... Mais pour autant est ce que cette écriture se rappelle du nom des personnes soignées, de la première rencontre avec elles, des étonnements, des fous rires, des pleurs, des tragédies, des incompréhensions, des espoirs...

"Je crois qu'écrire pour un médecin, comme pour n'importe qui, c'est prendre la mesure de ce qu'on ne se rappelle pas, de ce qu'on ne retient pas". Ecrire, c'est tenter de boucher les trous du réel évanescent avec des bouts de ficelle, faire des noeuds dans des voiles transparents en sachant que ça se déchirera ailleurs. Ecrire, ça se fait contre la mémoire et non pas avec.
Ecrire c'ests mesurer la perte."

A.M. Leyreloup



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