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Essais de traitement collectif du quartier des agités

Philippe Paumelle
Editions ENSP
Mars 1999

Préface de Philippe koechlin

Postface Stanislaw Tomkiewicz




Le commander avec

Essais de traitement collectif du quartier des agités

Philippe Paumelle

Philippe Paumelle (1923-1973) a écrit et soutenu sa thèse en 1952. Cette thèse dont tout le monde parlait dès qu'il s'agissait de travailler autour de la violence ou des malades dangereux, est enfin éditée. Il n'est pas sur que les problèmes qu'elle traite soit passés d'actualité.

Il s'agissait "d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître", où les neuroleptiques n'étaient pas encore découverts, où l'asile n'était pas encore" psychiatrie de secteur" et ou dans ces lieux existait un quartier, une unité pour les patients agités.

Philippe Paumelle faisait partie de cet ensemble de psychiatres engagés dans un mouvement anti-asilaires, précurseurs de la psychiatrie hors les murs. Sa lutte contre la violence à l'asile a marqué un tournant dans la prise en charge des patients dangereux, mais aussi dans la lutte contre la misère morale et l'isolement qu'ils subissaient.

A cette époque, l'équipe soignante n'existait pas, d'un côté le médecin et l'interne, de l'autre le "personnel" : surveillante du quartier et infirmière. L'important pour le personnel c'est la tranquillité du quartier, son état de propreté et la surveillance des fugues. Pour le médecin, chaque jour, la visite, celle qui bouleverse à la fois les patients et les infirmières, une réelle cérémonie avec ses habitudes, ses rites et ses angoisses : tout sera t'il en place ?

Philippe Paumelle présente une étude d'un service d'agité à Maison Blanche. Un tableau sombre et mortifère ! A l'arrivée du Dr Daumézon, le quartier vécu des transformations fondamentales. Il confia à P. Paumelle le quartier des agités. Sous son impulsion, la première démarche mise en place fut de réunir les trois équipes (matin, après midi, nuit) pour les connaître, connaître leur travail et les problèmes posés par les patients difficiles. Premier pas vers la disparition des barrières et la construction d'une équipe de soin.

Puis quelques pensionnaires participèrent à ces réunions pour évoquer les améliorations concrètes à apporter au service. La parole du patient qui commence à se faire entendre.

Puis, de ce monde clos, c'est un début d'ouverture, les infirmières sont envoyées en stage ailleurs pour échanger sur leur vécu, sur les possibilités de travailler autrement. Les façons de travailler commencent à se modifier et là, on s'aperçoit qu'en voulant travailler autrement, l'équipement ne suit plus... Il faut plus d'argent pour des vêtements, des chaises, des tables, etc.

Longueur du temps... Il faut faire des "bons" pour le matériel nouveau, la direction ne comprend pas et retarde les commandes.

Je vous l'avais dit, une thèse de 1952 qui pour certaines choses, n'a pas vieilli d'un pouce...

De pavillon d'agités, le quartier est passé à pavillon de traitements actifs. Le quartier avait la meilleure atmosphère de l'hôpital, et le rouge à lèvres et les fards ont fait spontanément leur apparition. Petit à petit les mur se décoraient, des fêtes avaient lieu, les infirmières n'avaient plus peur de leurs "agitées".

Paumelle nous présente ensuite deux pavillons d'agités de Fleury les Aubrais (Établissement psychothérapeutique construit pour réaliser l'open door -pas de clôtures-)
Il nous emmène aussi à Saint Alban où il existe une section d'agitée femme avec ses 27 "gâteuses" ses 15 malades camisolées et cinq cellules à guichets où les plus terribles étaient enfermées pendant des années. Le surpeuplement, l'alitement forcé, l'inactivité et l'absence de thérapeutiques donnaient une ambiance infernale.
Une histoire que je trouve intéressante et révélatrice : une soeur qui dit pendant un cours pour la formation d'infirmière que les patientes ne doivent pas être si mal que cela dans les camisoles. Le médecin lui propose de l'essayer et la soeur passa le cours avec la camisole. Elle avait compris, le raconta à sa communauté et les soeurs décidèrent d'enlever les camisoles.

Le médecin ensuite exigea des occupations pour les malades, le personnel rivalisa d'imagination. Les premières promenades suivirent. La guerre arriva avec les patients évacués de Paris, l'effectif explose. Tosquelles arrive aussi à ce moment là, sortant de camp de concentration. Son premier travail avec le directeur de l'hôpital le docteur Balvet fut de s'attaquer au pavillon des agitées. Plus de 100 malades y vivent. L'histoire du changement est magnifique, à lire absolument...

Pour terminer, Paumelle présente également un commentaire sur l'évolution de deux services à Lyon et Rouen, service de Bonnafé et de Balvet (médecins qui ont participé à l'aventure de St Alban) Bonnafé en particulier a jeté à la poubelle le rapport fait par la seule chef de quartier, il l'a remplacé par des observations infirmières quotidienne sur le comportement de chaque patient. Elles écrivent elles-mêmes et signent !. Une avancée plus que considérable qui date de la libération ! et qui a mis du temps pour s'expatrier !...

"A mesure que la psychiatrie a fait des progrès, on a reconnu que l'agitation chez les aliénés peut être restreinte à un nombre de moins en moins considérable suivant que les conditions matérielles du traitement curatif et palliatif sont de plus en plus perfectionnées
Parchappe

A.Marie Leyreloup