L'extermination des malades mentaux
dans l'Allemagne nazie
Alice Ricciardi von Platen
collection "Des Travaux et des jours"
Erès 2001
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La première édition de ce livre en Allemagne date de 1948 mais il a été vite oublié. Sa deuxième édition date de 1993 et il vient enfin d'être traduit en français. Il se propose d'analyser la fabrique à détruire les hommes différents que fut le national-socialisme allemand et son idéologie mortifère.
Le sort que chaque nation réserve à ses vieillards, à ses malades mentaux et à ses handicapés est toujours le fidèle reflet des principes politiques qui guide la nation et sa conception de l'homme.
Au lendemain de la première guerre mondiale sont apparus les premiers projets euthanasiques, euthanasie compassionnelle mais aussi économique qui commence par les enfants à la demande de leurs parents puis va doucement s'étendre aux adultes.
Six "centres de mort" virent le jour. Tous les psychiatres (!!!) se prêtèrent à cette mascarade mortelle. La plupart des superviseurs étaient des universitaires de psychiatrie.
Pas de clause de conscience possible ???
Le médecin psychiatre membre de la commission d'organisation du traitement spécial envoyaient les psychiatres réfractaires à la mort. Il les nommait les "soldats biologiques de la nation" et en tant que soldats étaient considérés comme tel.
Après la guerre, au travers des témoignages des médecins, il apparait que ceux qui furent les plus diligents à obéir aux ordres d'Hitler étaient ceux qui souhaitaient mettre en place les thérapeutiques présentant un espoir d'accélèrer la guerison des patients "guérissables". Pour réaliser des économies il ne restait plus qu'à euthanasier les incurables improductifs.
En moyenne, 50 % des patients chroniques hospitalisés furent éliminés.
Il faut noter malheureusement, un nombre également important d'euthanasies "sauvages" effectuées directement par le médecin psychiatre et/ou par des infirmiers.
L'auteur nous propose de nombreux documents à l'appui de ces investigations, lettres, dépositions qui éclairent de façon très vives l'activité de ces psychiatres sous le régime d'Hitler. Ces descriptions des crimes commis par les nazis dans le champ de la psychiatrie visent à mettre en lumière les racines historiques de ceux-ci et la façon dont ils étaient organisés.
70 000 malades mentaux sont mort dans l'Allemagne nazie.
@Marie Leyreloup