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Médecin chef
à la prison de la santé


Véronique Vasseur

Le Cherche Midi éditeur

Collection Documents


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MEDECIN CHEF à LA PRISON DE LA SANTE
Véronique Vasseur
Le Cherche Midi éditeur
Collection Documents Janvier 2000

 

Le milieu carcéral commence enfin a faire parler de lui autrement que lors d’événements dramatiques et médiatiques.

Depuis quelques années, le quotidien de ce qui se passe à l’intérieur des hauts murs des prisons, commence à sortir, à se savoir, à être dénoncé. Jusqu’à présent, aucune réponse n’a été réellement apporté. Les droits de l’homme qui se trouve en prison n’intéressait pas vraiment le grand public.

La sortie de ce livre et des débats qu’il a déclenché permet de penser que dans les mois à venir des réponses vont pouvoir peut-être améliorer la prise en charge en prison des hommes et des femmes qui y passent un temps de leur vie.

Véronique Vasseur a tenu un livre de bord, un témoignage de ce qu’elle a vécu depuis qu’elle est entrée à la prison de la Santé à Paris.

Elle y est actuellement médecin chef.

La prison y est décrite comme un lieu moyenâgeux, sordide, sale, emplis de cafards, punaises et rats. Se côtoient dans cet endroit environ 1200 hommes emprisonnés (plus évidemment les gardiens). La Santé reçoit des prévenus et des condamnés à de courtes peines et environ 4000 personnes y passent dans l’année. C’est une population jeune entre 25 et 45 ans. Une des particularité que le livre m’a permis de découvrir c’est que sur la région parisienne, les prisonniers sont répartis dans les différentes prisons en fonction de l’ordre alphabétique, donc la Santé reçoit les détenus dont le nom commence par les dernières lettres de l’alphabet. Elle reçoit aussi les V.I.P. ! mais également les détenus particulièrement surveillés et les terroristes.

Véronique Vasseur décrit donc de façon très simple ses gardes et ses révoltes. Ses consultations parfois prennent l’allure de cour des miracle. Les soins prodigués y sont parfois sommaires, les médicaments insuffisants, les produits périmés. Ce n’est pas du tout de la médecine de ville, est-ce de la médecine d’urgence ? de l’humanitaire ? du rafistolage ?

Elle dénonce les violences faites aux détenus, violence des gardiens, violence des locaux, violence des autres détenus.

7% des toxicos ont fait leur premier shoot en prison et 30% continuent à s’y shooter. La drogue entre en prison, ce n’est pas un scoop, le trafic est un jeu constant. Les viols ne sont pas rares mais complètement niés par l’administration pénitentiaire.

Le mitard est la punition pour le détenu qui pose problème, il y est mis à la suite d’un mini-jugement devant un " tribunal " composé de gradés et du directeur. Un état dans l’Etat. Et derrière le mitard il y a le quartier d’isolement qui correspond à l’ancien quartier de haute sécurité qui a été heureusement supprimé. Mais bon, s’il a été supprimé que dans les textes ! ! ! on peut se poser des questions sur le droit des personnes incarcérées !

Les détenus sont donc à l’isolement total, ils ne voient personne en dehors des gardiens et de leur avocat. En cellule individuelle minuscules avec les meubles fixés au sol. Des troubles du comportement sont fréquents chez les personnes isolées et souvent irréversibles. Le médecin doit signer un certificat attestant que le détenu est en état physique de supporter l’isolement ! Et l’état psychique ? ? ? ? Pourquoi les médecins le signent-t’ils ? Pourquoi Mme Vasseur le signe-t’elle ?

Les détenus isolés appellent l’isolement : la torture blanche.

Chaque détenu passe une visite médicale à son arrivée, 70 % de ces hommes ont besoin de soins. Pour les autres le choc de l’incarcération, la rupture avec l’extérieur et le manque d’hygiène font que qu’ils décompensent rapidement.

On retrouve également une panoplie complète de personnes souffrant de troubles psychiatriques.

On peut également s’étonner, s’indigner, ou au contraire se rassurer ( !) de savoir que les V.I.P. sont mieux traitées que les détenus lambda ! !

Chambres individuelles, salle de sport, révérences et écoute ! !

Vaut mieux être blanc, riche et bien portant ! ! ! ! ! !

Il faut donc attendre de ce livre que les conditions d’incarcération puissent être rapidement améliorées ! A nous citoyens d’y veiller !

Anne Marie Leyreloup


nous contacter:serpsy@serpsy.org