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PSYCHIATRIE DANS LA VILLE Pratiques et clinique de terrain Jean Pierre Martin ERES 2000 |
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Ce n'est pas seulement une histoire du secteur psychiatrique qu'il nous brosse, il nous donne plutôt à lire ce qu'il pense de son évolution et de ses errements, il en définit aussi les contours de ce qui pourrait être considéré comme "réussi".
C'est avec une conviction profonde qu'il défend un "décrochage institutionnel" des institutions psychiatriques, son projet: un établissement public de santé par secteur, autonome, doté d'un budget propre et axé sur un projet clinique. Le développement d'une psychiatrie à visage humain passe, selon lui, par un premier contact, accueil, et une première évaluation de la demande.
La question du consentement aux soins, celle de la participation du sujet à son traitement et son maintien dans la sphère sociale, font la force de son projet. Conscient de la diversité des situations, il aborde la question cruciale de l'hospitalisation, tout en définissant comme fondamentales les pratiques extra hospitalières, il place le centre d'accueil et de crise au centre du dispositif .
L'accès aux soins pour tous 24 heures sur 24, hors de l'hôpital, la continuité thérapeutique, la fermeture des hôpitaux psychiatriques, là est son "crédo". Fort de ses expériences dans deux régions sensibles sur le plan social, Denain et le centre de Paris, il trace les ponts entre une lecture strictement sociologique et les conséquences sur la population victime de la crise de la sidérurgie, du chômage, en terme de santé mentale.
C'est donc à partir d'une approche plus humaniste qu'il propose de définir les besoins, et surtout il propose de prendre en compte tous les aspects de la vie sociale qui peuvent conduire à l'enfermement ou à la privation des droits, le tout pour mieux en dénoncer l'injustice voir l'incongruité..
A Paris, sur son secteur géographique, des permanences dans les associations qui s'occupent de ceux que l'on a coutume d'appeler pudiquement les exclus sont tenues, une écoute, juste une attention, parfois un soin, un entretien, toujours cette démarche qui s'appuie sur les infirmiers et leur capacité à être là et à participer à une activité en réseau.
Dans ses conclusions il nous rappelle qu'il n'est pas recevable de "saucissonner" les problématiques psychiques, toxicomanie, violence des jeunes, etc..., mais bien de reconsidérer la place des souffrances psychiques comme problèmatique de société et pas seulement de sujet.
Il stigmatise l'échec de la répression et propose l'écoute et l'engagement thérapeutique.
Il n'échappe pas à Jean Pierre Martin que les restrictions financières en terme de santé en général, et de santé mentale en particulier ne faciliteront pas les projets, il refuse la fusion des 4 arrondissements de Paris en un secteur unique, il devient un des animateurs du projet centre de Paris qui devrait voir le jour courant 2001.
Enfin, il propose pour la fermeture des hôpitaux, une programmation encadrée par une loi qui associe tous les professionnels, mais aussi la population, le tout supposant une démarche démocratique...
Quoi qu'il en soit cet ouvrage est riche, documenté, il peut servir de support à nombre d'équipes en désarroi idéologique, il peut aussi donner l'envie à un étudiant en soins infirmiers d'embrasser une carrière psy, donner à l'usager ou à sa famille une raison d'espérer dans la psy.
Puisse ce livre être un des supports de la réflexion de nos collègues médecins, jeunes et moins jeunes, puisse ce livre permettre à nombre d'entre nous de réfléchir autrement et de participer à ce noble combat et à son objectif essentiel: replacer l'Homme au centre du dispositif.
Assurément l'engagement du Dr Jean Pierre Martin fait plaisir à lire.
Alain Acquart
