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Histoires Infirmières

Hôpital Psychiatrique de Cery sur Lausanne, 1940, 1990

Claude Cantini
Jérôme Pedroletti

avec la collaboration de Geneviève Heller

Editions d'En Bas

2000




Histoires Infirmières

Quoi de plus normal que de commencer un livre sur les histoires infirmières psychiatriques par un hommage à Jean-Baptiste Pussin, infirmier surveillant à Bicêtre qui fut à l'origine ou du moins qui a joué un rôle essentiel dans la libération des aliénés des chaînes qu'ils avaient alors continuellement

Ce livre, ce travail de recherche avait pour but d'enrichir la mémoire des infirmiers de l'hôpital de Cery en Suisse, mais concerne de près l'aventure des infirmiers psychiatriques français.

Pour bâtir cet ouvrage, les auteurs ont procédés à des recherches de témoignages auprès du personnel mais aussi auprès d'anciens infirmiers retraités.

Pour ces témoins, le plus difficiles à raconter semble être le quotidien essentiellement basé sur la propreté et la sécurité. Je dirai plutôt essentiellement basé sur la sécurité. En effet le change des draps était une fois toutes les cinq semaines, la douche tous les quinze jours l'hiver et toutes les semaines l'été.

Construit en 1873, l'asile de Cery était disposé en fer à cheval, les quartiers pour hommes à l'Est et pour femmes à l'Ouest. Il était conçu pour 300 malades. En 1910, on comptabilisait 600 malades. L'hôpital a connu des modifications architecturales et a suivi les évolutions dans les traitements psychiatriques.

Le recrutement des infirmiers était, au début du siècle essentiellement rural, puis cela s'est diversifié. Le nouvel arrivant "touchait" son matériel : tablier, veston, casquette, lanterne (le falot avec trois bougies) et les clefs.

La formation des infirmiers s'est faite lentement. Les nouveaux venus apprenaient en regardant les anciens. Puis les médecins ont commencé à faire des cours.

Les premiers examens ont eu lieu en 1938. Les premiers diplômés étaient assez mal vu des anciens mais ils admettaient que le savoir faire des anciens étaient capital.

Un gouffre séparait alors infirmiers et médecins.

Pour les infirmiers une crainte était permanente, celle de se trouver en mauvaise posture. (Il fallait que les lits soient parfaits et tous le monde calme.)

A l'infirmerie, les infirmiers étaient astreint à la pointeuse lors des gardes de nuit. Il fallait pointer tous les quard d'heure, si ce n'était pas fait parce qu'un patient avait pris un peu plus de temps, il fallait justifier son retard.

Le système hiérarchique était très pesant, il n'a pu évoluer que lorsque l'hôpital s'est ouvert sur l'extérieur.

L'apparition du syndicalisme a pu également modifier sérieusement les conditions de travail des infirmiers.

En fait, faut-il le rappeler, jusque dans les années 1940, les infirmiers/gardiens avaient la vie presque aussi rude que celle de leurs patients.

Tous ces témoignages, ces souvenirs d'un moment passé, trace d'une histoire humaine nous fait plonger dans nos racines d'infirmiers psychiatriques. A charge pour d'autres, comme le concluent les auteurs, de l'enrichir inlassablement afin que le passé reste une partie constituante et réfléchie du présent des soins infirmiers.

Anne Marie Leyreloup


Anne Marie Leyreloup



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