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Folie et psychiatrie
sous la direction de M. Minard

Erès

1997



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Folie et psychiatrie sous la direction de M. Minard
Erès
1997



Le livre, publié en 1997, avec en couverture une photographie de François Tosquelles qui était intervenu aux précédentes journées.

"Si tu ne peux accéder à la sagesse, choisis la folie"… Aragon dans "le fou d'Elsa".
C'est cette citation qui m'a attirée en feuilletant le premier texte de ce recueil d'une vingtaine d'interventions qui ont été proposées aux quatrièmes journées de psychiatrie de Dax organisées sur l’initiative de l'Association de recherches et d'études en psychiatrie publique.

Houria Chaïfa-Salhi pose comme préambule que la psychiatrie s'est de plus en plus éloignée de la folie. La folie est un terme qui n'est plus employé par les psychiatres, glissement sémantique qui signe l'assujettissement de la psychiatrie au modèle médical.
La folie qui serait désordre, déraison, non-sens échapperait à l'emprise médicale.

Jacques Hochmann fait un détour par l'histoire pour nous rappeler qu'avec la déclaration des droits de l'homme, une appartenance commune à l'humanité est proclamée et que cela oblige à intégrer les fous. La folie est désormais intériorisée. Pourtant quelque chose résiste, l'altérité vaincue de la folie réapparaît avec l'idiotie. Alors que la folie est un phénomène humain, l'idiotie est quasi-tellurique. Pour Esquirol elle dépend du sol et des influences matérielles. La conception de l'idiotie est complètement statique et de plus privé de toute potentialité imaginaire créatrice.

Pour Dimitri Karavokyros, c'est dans le champ social que se joue l'avenir de la psychiatrie. La psychiatrie est par essence : sociale. Son histoire illustre toujours les rapports de la folie à la société. Il n'est donc pas étonnant que notre travail soit le reflet des rapports qu'entretient la société avec l'individu. Epoque individualiste… valorisation de la problématique de l'individu, de son accueil, de son accompagnement. Pratiques signifiées en terme de soulagement d'une souffrance individuelle. Le délitement du tissu social est ressenti par les équipes de psychiatrie qui sont confrontés à la réinsertion du malade. Les soignants découvrent aussi l'aliénation sociale de notre travail, (au sens où Jean Oury l'entend par rapport à l'aliénation mentale). Dans le tissu social, la pratique de la psychiatrie éclaire violemment notre aliénation sociale individuelle et professionnelle.
C'est là aussi, une des spécificités de la psychiatrie que d'interpeller l'engagement personnel de chaque soignant et de lui rappeler sa propre condition de citoyen.

L'intervention Alain Pidolle est autour de la tentation de la maladie mentale qui existe chez le patient comme chez le médecin. Pour lui, la folie renvoie à la perte de sens, au non-sens, la maladie mentale évoque souvent "la psychose", comme toutes les maladies, elle s'exprime par signes qui font sens chez les professionnels. La folie, quant à elle ne s'en remet pas au savoir du médecin, elle l'interpelle, interroge et fait scandale.

A Jean Oury est revenu la conclusion.
Il nous dit que notre travail est un travail de balayeur et de pontonnier : balayer l'espace dans lequel on se trouve, établir des passerelles. Difficultés de la tâche… On a tellement de préjugés.
Le reste de son texte est un fourmillement d'idées qui nous renvoie toutes à des fourmillements encore plus grands. Difficiles de pouvoir en tirer quelques fils sans détresser tout l'ensemble. Comment peut-on en quatre pages donner à lire autant qu'en 150 pages (et je ne dis pas cela pour ce bouquin qui est à lire dans sa globalité)
A jeter un œil également chez Oury à la notion de sympathie. (qui me plait bien…)

A lire donc et se retrouver aux prochaines journées de Dax…


Anne Marie Leyreloup



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