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Consoler et classifier
L'essor de la psychiatrie française

Jan GOLDSTEIN
Collection : les empêcheurs de penser en rond
Edité par Synthélabo 24 Octobre 1997

Consoler et classifier
L'essor de la psychiatrie française
Jan GOLDSTEIN
Collection : les empêcheurs de penser en rond

Edité par Synthélabo 24 Octobre 1997


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Jan Goldstein, qui est professeur d'histoire à l'université de Chicago, a écrit un livre passionnant sur l'essor de la psychiatrie française au XIXème siècle. Ce travail résolument historique s'applique à reconstituer l'évolution de la psychiatrie aux travers d'archives et de différentes sources imprimées et également d'écrits et de propos d'acteurs historiques : psychiatres mais aussi bureaucrates et législateurs.

La ligne de succession du prêtre au médecin en psychiatrie est claire. Le traitement moral ne négligeait pas la technique de la " consolation " héritée de la direction pastorale catholique.

L'analyse commence avec les débuts de la Révolution française et avec Philippe Pinel. Cette partie du livre montre que Pinel avait un certain respect pour les guérisseurs non accrédité, pour les charlatans (quiconque pratiquait la médecine sans le diplôme universitaire requis). Il pensait que ceux ci pouvaient amener " quelques progrès à la doctrine de l'aliénation mentale " Les contemporains de Pinel observèrent que celui ci puisait son traitement moral dans les idées de Jean Baptiste Pussin surveillant des fous.

Pussin qui est donc notre ancêtre à nous infirmiers de secteur psychiatrique.

Pinel utilisa donc Pussin comme source de données, il reconnu la richesse des informations mais restait envers lui d'une grande condescendance.
Les principes du traitement moral ont donc leurs racines dans les savoirs populaires (ce qu'on a appelé le savoir des concierges). Pinel avait le souci de présenter le traitement moral comme une approche inspiré par les profanes mais néanmoins strictement scientifiques.

Les religieux qui assuraient une mission auprès des aliénés interprétèrent le traitement moral à leur avantage, revendiquant les éléments religieux qui l'avaient inspiré au départ.

Du fait de ces liens étroits et ambivalents avec la religion les débuts de la médecine mentale se voulurent anticléricale.

Pour se débarrasser de l'empiétement du juridique qui menaçait l'expansion de la médecine mentale, la doctrine de l'isolement comme mesure médicale vit le jour. La loi de 1838 repris cette idée de l'isolement comme soin.

Le dernier chapitre du livre présente les progrès de la profession de 1838 à 1876 et la psychiatrie dynamique de Charcot mais pose également la question de la définition de la psychiatrie.

Chez le prêtre comme chez l'aliéniste, il y a toujours quelque chose du juge d'instruction. Marcel Proust.

C'est par cette citation que se termine le livre, Proust soulignant le caractère commun des trois professions, l'inquisition professionnelle, la quête de la vérité qui n'est pas ce que disent les gens mais ce qu'ils révèlent involontairement.


A.M. Leyreloup Paru dans le N° 57 de Vie Sociale et Traitement (VST)

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