Clinique de la chronicité en psychiatrie
Dominique Barbier Collection les empêcheurs de penser en rond 1995
|
![]() |
La chronicité nous annonce Jean Guyotat, c'est un drame à plusieurs voix, où celui qui veut que cela bouge trop est menacé symboliquement de mort, quelque fois même réellement lorsque le malade se suicide.
Pour Dominique Barbier, elle est à la fois le stigmate et le paradoxe des Hôpitaux psychiatriques. Certes, mais pourquoi vouloir à tout prix faire porter aux HP le poids de la chronicité. Elle se retrouve partout, aussi bien en hôpital de jour qu'en CATTP, en structures d'accueil ou en CMP. La chronicité ce n'est pas seulement les patients que personne ne veut à l'extérieur des murs de l'asile.
D. Barbier nous présente dans un premier temps une histoire clinique, celle d'un homme qui a eu une vie à l'extérieur de l'HP mais qui s'y est retrouvé un jour après une douloureuse expérience.
Dans un second temps, il analyse et étudie les facteurs de chronicisation.
La chronicité des patients qui vivaient à l'HP nous incite à considérer que quelque chose s'est brisée dans leur vie. L'hôpital apparaît comme le seul lieu où leur "folie" peut être tolérée. Il semblerait que ce soit là leur destin.
Je pense aussi que le lieu idéal pour se laisser aller à être "fou" est bien l'hôpital psychiatrique, mais leur laisse t'on encore cette possibilité ? Un patient délirant productif ne dérange t'il pas ? alors qu'une personne atteinte de pathologie déficitaire on peut s'en accomoder ????
Dire que l'HP ne fabrique que des chroniques cela consiste à se désintéresser de la souffrance des patients. Mais il est aussi vrai qu'en HP, il est des patients chroniques dont personne ne sait que faire. Ce sont les patients les plus démunis, les plus seuls d'un point de vue familiale ou social.
Il n'est pas facile de travailler avec des chroniques car ils nous renvoient à quelque chose de mortifaire et d'anxiogène.
Et malheureusement on a vite fait de conclure que ce que l'on fait ne sert à rien
Pourtant notre présence, notre accompagnement au long des jours, notre aide à la vie quotidienne, notre empathie apporte un réconfort à ceux que personne ne veut.
L'avenir poursuit Dominique Barbier consiste à la naissance d'une nouvelle clinique prédictrice pour detecter les signes précurseurs de la phase d'état, cela dans le but de ne plus avoir d'hospitalisation.
En attendant, il nous reste un bout de route à faire auprès de ces patients, avec un rythme de vie plus lent et avec notre imagination, les étonner, les entourer, les accompagner vers un mode de vie plus convivial.