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Chroniques de la psychiatrie publique

A travers l'histoire d'un syndicat


Jean Ayme

Collection "Des travaux et des Hommes

ERES


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Chroniques de la psychiatrie publique
à travers l'histoire d'un syndicat

Jean AYME

Jean Ayme, psychiatre des hôpitaux, psychanalyste, a longtemps exercé des responsabilités au sein du syndicat des psychiatres des hôpitaux.

La psychiatrie française s'est développée, à partir des années 1930, sur fond de lutte contre la montée des fascismes européens, de Front Populaire et de résistance à l'envahisseur nazi. On tentait alors timidement de sortir des soins asilaires pour tenter de "soigner" les pathologies mentales. Toute cette dynamique aboutira à une organisation de la psychiatrie publique : la psychiatrie de secteur. C'est un peu toute cette histoire que nous propose Jean Ayme, mais aussi l'aboutissement d'un travail important qui, à travers l'étude de la collection complète de l'Information psychiatrique et de son supplément syndical, constitue sa contribution à l'histoire de la psychiatrie.

Le syndicat comme dit Ayme dans sa préface, c'est un "instrument de lutte pour la défense individuelle et collective et l'obtention de meilleures conditions de salaire et de travail mais c'est aussi l'histoire des rapports des psychiatres et de l'État, liant dès l'origine l'ordre public, les libertés et les dépenses de santé.

Dans cette histoire du syndicat des psychiatres des hôpitaux, on s'aperçoit de l'intrication forte et aussi malaisé du sanitaire et du social, du psychiatrique et du psychothérapeutique, du collectif et de l'individuel, du médical et de l'administratif. Ce sont les bases d'une histoire qu'il ne faut ni renier, ni oublier, ni méconnaître.

Inutile de préciser que nous allons rencontrer la plupart des psychiatres qui ont fait l'histoire de la psychiatrie et qui ont participé à la construction de ce que l'on appelle la psychiatrie de secteur : Georges Daumézon, Paul Sivadon, Henri Ey, François Tosquelles, Germaine le Guillant, Roger Gentis, Lucien Bonnafé, jean Oury et bien d'autres.

On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce fameux "congrès d'Auxerre", congrès où enfin les infirmiers de secteur ont pris la parole face aux médecins psychiatres. Je ne suis pas sûre comme le dit Jean Ayme que ce soit là un point culminant "vengeur" d'un courant dur de la psychiatrie. Il me semble qu'il s'agissait là d'une preuve de maturité de l'infirmier, et de sa demande qu'on prenne en compte sa parole. En effet, si les psychiatres s'efforçaient d'édifier une psychiatrie pour l'avenir, ils oubliaient un peu trop vite qu'ils n'étaient pas seuls à travailler auprès des malades mentaux et qu'à cette époque là, les conditions de vie des patients et des soignants dans les hôpitaux psychiatriques étaient déplorables. Comment faire bouger si seuls les "décideurs" psychiatres réfléchissaient sans avoir recours à la réflexion des autres membres de l'équipe… Mais peut-être qu'à ce moment là, l'équipe n'existait pas vraiment….

Je ne suis pas sûre non plus que tous les choix politiques que les psychiatres aient pris tout au long de l'histoire soient les meilleurs pour la psychiatrie. Mais bon, c'est toujours plus facile à posteriori.

Il faut dire aussi que l'image de la psychiatrie a été pendant de nombreuses années assez sombre pour ne pas dire plus. Internement abusif, camisole, médicaments, électrochoc, le public avait de la psychiatrie une image de camp de concentration ou de prison. Mais comme le dit Jean Ayme, Ces idées qui perdurent en dépit de toute rationalité, jouent un rôle conjuratoire. Elles permettent à ceux qui s'accrochent à la certitude du caractère inébranlable de leur santé mentale, de croire que si un jour ils sont hospitalisés en psychiatrie ce ne pourra être qu'un internement abusif.

Un livre passionnant, à avoir dans sa bibliothèque aux côtés des livres cliniques.

Anne Marie Leyreloup


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