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a comme asile
suivi de
Nous et l'innocent


Fernand Deligny

Editions Dunod 1999

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a comme asile
suivi de
Nous et l'innocent
Fernand Deligny
Editions Dunod 1999

Fernand Deligny est mort en 1996. Cet homme a profondément marqué le champ de l'éducation spécialisée par des méthodes tout à fait originales et novatrices dans la prise en charge des enfants dit " autistes ". Deligny toute sa vie, n'a jamais cessé d'écrire. De nombreux livres ont déjà été publiés, il reste encore de lui un très grand nombre de manuscrits inédits et divers textes et correspondances. Ce nouveau livre est un ensemble de réflexions, méditations inédites sur la prise en charge d'enfants autistes. La deuxième partie est une réédition de textes choisis.

L'histoire d'une tentative de vie à Graniers dans les Cévennes depuis 1967 avec des enfants autistes qui arrivent de partout mais aussi sur les conseils de Dolto, Manonni, etc. L'histoire du refus de l'asile et de l'asile comme refus.

Etonnante lecture, rythmée par des pauses, des respirations, des "blancs " qui ont été demandé par Deligny pour respecter les silences et les pulsations de la pensée. Si cette façon de jouer avec le texte, avec les phrases m'a dérouté un instant, c'est que je n'avais pas pu dès le départ m'habituer à Ses pauses. Les miennes n'étaient pas les mêmes. Il a fallu que j'abandonne mes habitudes de lecture et me laisser aller à Sa lecture.

Reprendre les mots, les idées de Deligny m'est apparu comme la façon la plus adéquate pour parler de son livre. J'ai donc pour chacun des textes, repris les phrases qu'il a lui-même écrites.

Asile

" Asile suppose réserve et respect. Respect de l'autre ? Encore faut-il que propulsé par l'intention de semblabiliser -et il peut arriver que cette intention te soit consignée- tu noies l'enfant dans l'eau de la baignoire ou que tu te mettes à le gaver de ce envers quoi il manque, à ton gré, d'appétit. "

" Lorsque la surface du globe terrestre sera devenue vaste et paisible asile… Autant y penser qu'attendre la vitrification promise "

" Toute aire d'asile -et non terre d'asile- se trouve être lieu choisi par les Dieux pour façonner quelque dérive. "

" Etant d'asile comme je le fus, apparaissaient que la liberté était justement ce dont ON avait privé les " ils "qui asilés, l'étaient. "

" Si tu persistes à être d'asile, de jour en jour se jouera en toi un combat douteux entre deux priorités : l'individu individualisé -pensé sujet- et son devenir personnel, et l'équilibre de la démarche que tu mènes, funambule aveugle. "

" Que nous communiquions entre nous, le fait est là, constant "

" Que toute émotion manifestée soit au ressort de cette relation qui communication deviendra, c'est fort probable. "

" Le moindre regard, le moindre geste, peuvent faire signe. Encore faut-il quelque convention admise entre celui qui geste fait et l'autre qui le voit. A défaut de convention -serait-elle tacite- reste le geste qui n'est pas rien. "

 

Nous et l'innocent

" En juillet 1967, s'amorçait cette démarche qui persiste depuis lors : vivre " en présences proches "d'un gamin autiste, mutique, sans trop d'idées préconçues sinon le projet d'en tirer de ce que les " savoirs " aux abois élaborent, diffusent, édictent et vulgarisent à propos de ces enfants là " gravement psychopathes, inéducables, irrécupérables " pour reprendre les termes des professeurs-experts ayant observé, pendant des mois ce gamin là, entre autres, à la Salpétrière et autres lieux prévus pour. "

Ils étaient sept avec les enfants autistes. Il s'agissait pour eux de " tenter de voir jusqu'où nous institue l'usage invétéré d'un langage qui nous fait ce que nous sommes, autrement dit de considérer le langage à partir de la position d'un enfant mutique… "

Ils habitaient une grande bâtisse, une cinquantaine de pièces, de très grandes, de très petites, des caves, des voûtes, des bâtiments. Une ruelle intérieure qui mène sur un four à pain et sur une courette intérieure.
" Voilà des enfants qui silencent comme ils respirent. "
" Leur regard erre sans foyer dans le voir où les choses sont telles qu'elles étaient avant que le langage ne les traque éperdument. "
" Le pari, que l'un et l'autre de ces enfants-là aient un devenir qui leur évite la réclusion en institution quelle qu'elle soit. "
" Cent autres lieux, voilà ce qu'il faut tramer. "
Ce livre là n'est pas un livre de recettes pré-digérées, ce n'est pas une recherche de ce qu'est l'autisme. C'est l'histoire d'une aventure, une tentative d'Asile après l'asile. L'asile comme abri, comme lieu d'accueil et non pas comme lieu d'enfermement.

Anne Marie Leyreloup


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