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Compte rendu fait par J. Lucas (I.S.P.)



«Compte rendu d'une journée d'étude autour des "traumatismes psychiques »

organisée par l'association PRC (Psychiatrie Réflexion Culture).

Challans (85)

Intervenant : Professeur DALIGAND



* La violence


Le professeur DALIGAND a d’abord évoqué les différentes formes de violence et théorisé sur le terme «violence ». Je la cite  La violence est sourde et aveugle. Elle ne voit pas l’autre dans sa réalité. Celui qui se montre violent ne parle pas  Il crie, il hurle. IL n’attend pas une réponse. Il est tout puissant.
Cette violence se rencontre partout  La violence de la famille qui attend des informations. L’entourage a besoin qu’on lui parle et si on ne prend pas en charge la famille, nous risquons que son impatienceéclenche une explosion.
La violence est aussi celle venant de la pathologie du malade ( Ex  corps abîmé,…), la violence de celui qui fait une TS, «
qui se donne la mort, fait violence à celui qui vit. Pourquoi ne veut-il pas vivre  »
Lorsque le soignant accueille une victime d’agression il doit écouter la sidération de la victime  Personne ne peut comprendre . Les victimes font peur
Mais il y a la violence des soignants. La violence des soins (prise de sang, intubation). On agresse le corps de l’autre.
Faire répéter la victime, c’est la forcer à raconter et ce notamment lorsqu’on veut qu’elle verbalise tout de suite  «il faut qu’il parle  ». Nous faisons violence à la victime qui a été bousculée (impatience du soignant). Il faut laisser le temps pour que la victime accepte de parler. Il y a violence du soin quand on veut une réponse immédiate. La violence peut entraîner la fascination. La répétition de son récit traumatique est une nouvelle violence.
Actuellement on se préoccupe de la PEC des victimes.
Dans les années 70, on s’orientait plus dans la PEC des enfants, des femmes.
«plus on est vulnérable, plus on risque d’être victime »


* Echelles du traumatisme


Echelle 1 - Evènement le moins traumatisant 
Catastrophe naturelle (tempête, inondation  «
on dit que l’homme n’y est pour rien ».
Beaucoup de victimes se retournent vers Dieu 
«
c’est Dieu qui nous a punis » Recherche d’un responsable
Le mot victime vient de «
te offerte au Dieu en sacrifice ». Notion de sacrifice, de culpabilité. C’est une manière d’être acteur.

Echelle 2 - Catastrophe dite accidentelle ou technologique avec négligence de l’homme sans notion de nuire.

Echelle 3 - Violence de guerre, violence délibérée, identification à l’autre renvoyant la victimologie.

Echelle 4 - Attentats  Il est bénéfique pour les victimes de retrouver les auteurs et qu’ils soient jugés. Dans ce traumatisme il y a un sentiment d’anéantissement, d’apocalypse, de fin du monde (Jugement dernier)  «tous punis pour une faute, Dieu nous punit »

Echelle 5 Prise d’otages, viol, torture.
L’agresseur est présent, est proche. Il y a intention délibérée de faire violence à l’autre. Le lieu direct, la proximité avec l’agresseur majore la gravité du traumatisme.


* Le traumatisme psychique


L
e stress sans syndrome psychotraumatique Le stress positif est une réaction d’alarme. C’est une réponse non spécifique que donne le corps. Il survient à l’occasion d’un événement violent, soudain, avec menace pour l’intégrité (une réaction par l’angoisse). Cette réaction peut être biologique, physiologique, psychologique, adaptative et positive, ce qui permet de réagir. Il peut y avoir des symptômes gênants 

* Symptômes psychiatriques  tension inhabituelle, une impression de vivre un rêve, la peur du danger, la crainte de la suite des évènements, un vécu d’abandon, une sensation de détresse (vient du mot détroit  vie et mort).

* Symptômes neuro végétatifs  pâleur, sueur, malaise lipothymie, striction laryngée (boule), oppression thoracique, difficultés à respirer ; tachycardie, nausée, vomissements, émission d’urine entraînant de la honte.

* Symptômes moteurs  automatisme de gestes adaptés ou non. Lenteur, comme figé ou précipitation (course effrénée), tremblements avec maladresse des gestes et le bégayement.

Le stress avec syndrome psychotraumatique. Vécu comme une effraction du psychique qui met le sujet en confrontation avec la réalité de la mort 
* réaction immédiate de stress
* évocation de la mort
* absence de médiation par les mots (absence de mots)
*expérience particulière 
perte des 2 repères --temps (ne savent plus leur âge…)
--espace (ne savent plus où ils sont, désorientation temporo- spatiale, confusion immédiate ou différée…)
* inhibition, sidération
* perte de la parole
* regard  images scopiques (brasier, explosion… image qui reste traumatisante)
images auditives ( bruit d’une explosion, cris, voix…)
images olfactives (odeur chimique…)
images tactiles (horripilation, sensations corporelles, chair de poule…)

La reviviscence du trauma est une manière de survivre ; Il y a tout un travail à faire avec les victimes pour arrêter l’aliénation qu’entraîne le trauma.
* atteinte des fonctions vitales (perte de l’appétit…)
* le sommeil est le plus souvent touché (réveils fréquents, cauchemars, ou hypersomnie «
refuge dans le sommeil »
* l’humeur  tristesse, mélancolie avec culpabilité, labilité de l’humeur, troubles du caractère avec agressivité, violence…)
* Effroi  «mise hors de la paix », avec un risque suicidaire important, expérience du néant.

Le sentiment de culpabilité protège la victime  Il faut l’accepter quand on est soignant Il faut travailler en tant que soignant sur cette culpabilité imaginaire (la honte d’avoir été victime, honte d’avoir défailli…)

Ce qui est principalement touché chez la victime c’est la parole. Il faut l’aider à s’exprimer. Ce travail peut être fait par n’importe qui (gendarme…). Toute personne qui est là et qui parle. C’est thérapeutique. C’est un travail de retrouvailles de la parole. Le pronostic du trauma dépend de la prise en charge immédiate de l’événement traumatique, de la répétition du trauma (hold-up par exemple), de l’histoire personnelle de la victime, du sexe  la femme, et les enfants sont plus vulnérables ainsi que les personnes âgées. Les gens en couple sont mieux protégés  le couple protège. Le pronostic dépend aussi à quel moment intervient l’évènement traumatique.
Auparavant, on pensait que la blessure physique protègerait de la blessure psychique. La blessure physique peut protéger un certain temps du fait du maternage que reçoit la victime. Les gestes aux blessés doivent être soutenus par des mots.

Les soins les plus efficaces ne sont pas dans l’immédiateté mais dans le post-immédiat. Le briefing ne doit pas être fait sur place.
. Il faut un temps que l’on estime aux alentours de 72 heures. -
La remise en mots par le débriefing doit se faire dans un lieu proche de l’événement, cela doit être fait par un spécialiste (psychiatre, infirmier psy…) et un observateur.
Dans le débriefing collectif, on retrouve ceux qui ont vécu l’événement. Si le groupe est homogène cela fonctionne bien (par exemple des employés de banque qui ont vécu un hold-up  leur histoire est commune), par contre on ne mettra pas avec eux les clients qui étaient présents. Le groupe sera formé de 5 ou 6 personnes et le débriefing peut durer de 1 à 2 heures ; Le débriefing collectif apaise les symptômes de stress mais cela ne protège pas d’une évolution vers une névrose traumatique
Le débriefing individuel est vivement conseillé. Le sentiment de culpabilité est intense. Dans un premier temps, on évitera tout traitement chimique. Pour les enfants ont peut avoir recourt à la pâte à modeler, aux dessins.
Dans l’évolution vers une névrose traumatique avec réminiscences, les cauchemars sont répétitifs (mort, accident…), des phénomènes d’évitement peuvent apparaître (évitement du lieu, de la personne…), ceci pouvant entraîner des manifestations phobiques. Les victimes sont toujours fatigués (peur permanente, cauchemars, douleurs diffuses corporelles  maux de tête allant avec les pensées incessantes, douleurs lombaires… D’ailleurs chez les personnes souffrant de douleurs chroniques, on retrouve un nombre important d’enfants maltraités. «
la douleur physique de l’enfance est gangrenée ».

Dans la psychose post-traumatique (psychose aiguë), sentiment de dépersonnalisation, expérience de dissociation lors d’un événement traumatique sont présents.
La reconnaissance par le groupe social que les victimes ont bien été victimes (experts) à un effet thérapeutique et cela si l’auteur a pu être identifié, retrouvé, arrêté et condamné. «la victime peut pardonner au bourreau.
Une commission des victimes d’infraction pénale a été créée. Les victimes peuvent demander une indemnisation s’il y a des dommages corporels (incapacité durant 1 mois), séquelles avec un taux d’incapacité , agression sexuelle, mort de la victime (les ayants droits peuvent demander une indemnisation).