"Marre… à bout !…
Bouts
d’ficelle,…
Sel de la vie,…
Vie de fou,…
Fous
à lier ?…
Alliés
nés !…"
"On dit
d’un fleuve emportant tout qu’il est violent,
mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui
l'enserrent."
Bertolt Brecht
Bonjour…
Contrairement à ce que le titre de cette intervention pourrait laisser penser, je ne vais pas vous conter à présent une comptine… enfin pas vraiment.
En fait, lorsque @-Marie,
notre bien aimée présidente, a commencé à s’inquiéter du retard pris par la
réalisation de la plaquette d’invitation à cette journée, je n’avais pas encore
trouvé de titre qui me plaise pour mon laïus et j’étais par ailleurs dans des
dispositions d’esprit plutôt délétères. Comme une petite fatigue !… :
« A bout… le psychiatre de service public !… Marre…
de passer son temps à bricoler des projets de soin et des projets
institutionnels avec des bouts de ficelle !… Et, comme
l’a dit Angelo Poli aux Etats
Généraux de
Enfin, vous le voyez, je n’avais pas vraiment un moral de vainqueur,
mais je vous avouerai qu’assez vite en fait, l’idée d’un titre en forme de
comptine s’était très simplement imposé à moi, mais j’hésitais encore un peu …
Je me suis alors penché sur la définition que le dictionnaire Larousse
donne du mot "comptine" : "chanson
enfantine, récitée pour déterminer, par le compte des syllabes (les bons
comptes font paraît-il les bons amis !), celui à qui un rôle spécial sera dévolu dans un jeu". Une
comptine sert donc aux futurs bons petits gestionnaires qui sommeillent en
chacun de nous, je n’en doute pas, à désigner, à partager, à énumérer et à
éliminer.
J’ajoute que, vérification faite, ce recours à la comptine constitue,
pour certains, jeux un prélude ritualisé.
Bien que la nostalgie ne soit plus tout à fait ce qu’elle était, c’est
en tout cas l’alibi que j’ai trouvé, en prélude à mon intervention, pour vous
proposer une version légèrement réactualisée de la célèbre comptine des "Trois p’tits chats, chats,
chats…". Mais, rassurez vous, je me garderai bien de désigner,
partager, énumérer ou éliminer qui que ce soit !
Quoi que… à y regarder de plus près… Enfin !… :
ð
DIAPORAMA : "COMPTINE"
Trois p’tits chats, chats, chats…
Chapeau d’paille, paille, paille…
Paillasson, sson, som…
Somnambule, bule, bul…
Bulletin,
tin, tin…
Tintamarre, marre, marre…
Marre !…
à bout !…, bout, bouts…
Bouts
d’ficelle, celle, sel…
Sel de la
vie, vie, vie…
Vie de fou,
fou, fous…
Fous à lier,
à lier, alliés…
Alliés nés,
nés, né…
Nettoiera,
ra, ra…
Racaille,
caille, caille…
Caillassage,
sage, sage…
Sagittaire,
taire, thér…
Thérapie,
pie, pit…
Pittoresque,
esque, est-ce que…
Escarmouche,
mouche, mouche…
Mouche du
côche, côche, cauche…
Cauchemar,
mar, marre…
Marabout,
bout, bouts…
Bouts
d’ficelle, celle, selle…
Selle de
ch’val, ch’val, ch’val…
Ch’val de Troie,
troie, trois…
Trois p’tits chats, chats, chats…
… A bien y réfléchir, la "dissuasion nucléaire" et ses avatars ne sont-ils pas, en
matière de relations internationales, ce que l’on fait de mieux, le nec plus
ultra de toute politique sécuritaire ?…
Avant d’entrer dans le vif du sujet (expression un peu maladroite, j’en
conviens, dans le contexte du sujet traité aujourd’hui !) j’aimerais
préciser un point.
Si le bureau de SERPSY a tenu à souligner d’emblée, que : "Conformément aux engagements pris par
les professionnels lors des Etats Généraux de
En effet (et si je lis bien !), je trouve
à la page 6 que : "La coordination des secteurs de
psychiatrie, des hôpitaux généraux, et lorsqu’ils existent, des établissements
de santé privés à but lucratif… peut relever de modalités de concertation
au sein de territoires de proximité. Sur le plan des outils, elle peut
également faire l'objet d'une formalisation au sein des réseaux de santé…"
et d’enfoncer le clou page 16 , en
réaffirmant que les : "… principes
de proximité et de continuité des soins et de maintien du patient dans son
environnement,… l’intensification de la diversification des modes de prise en
charge au profit des alternatives à l’hospitalisation et des actions en amont
et en aval de l’hospitalisation afin de favoriser une offre de soins publique
et privée (à but lucratif et non lucratif) diversifiée, graduée et
coordonnée et d’assurer une répartition optimale des équipements sur l’ensemble
du territoire en adéquation aux besoins de la population."
Vous avez bien entendu, il
est ici question de "favoriser une
offre de soins privée à but lucratif", en se fixant, de surcroît, un but d’une noblesse incontestable,
puisque "Cet objectif vise également
la poursuite de la diversification." Ainsi que le "maintien du patient dans son environnement"…
"Si la santé n'a pas de prix,
elle a un coût…" proclament
à l’envie nos éconocrates préférés lorsqu’ils justifient doctement la "croissance négative" de nos
budgets, tout en "oubliant" le fait que la sécurité de nos patients
(et celle des soignants que nous sommes) est la première à faire les frais de
cette politique de pénurie programmée. Ce sophisme pervers en forme de slogan
publicitaire, qui se joue des mots bien plus qu'il ne joue avec eux, semble pourtant
faire florès chez certaines fourmis gestionnaires qui calculent avec
gourmandise le coût de cette santé abstraite là, mais il irrite par contre
vivement, celles et ceux (incorrigibles cigales ?) qui, au côté des patients et
au quotidien, en apprécient tout le prix…
Cela étant, en nous répétant d’un côté, que le secteur privé à but lucratif a toute sa place dans leur système de santé et, de l’autre, que "La santé a un coût…", c’est le coup de pied de l’âne qu’ils nous donnent, car cette santé là permet malgré tout à certains de dégager apparemment quelques profits !
Quoi qu’il en soit, j’ignore comment toutes celles et ceux qui m’ont
précédé à cette tribune et qui ont animé les différents ateliers bouclent leurs
fins de mois, mais, pour ma part, étant un peu gêné aux entournures ces
derniers temps et sans perdre de vue l’engagement de SERPSY, ni le respect dû à
l’esprit et à la lettre du Plan de Santé Mentale, je vous propose sans plus
attendre une petite page de publicité :
ð (Jingle Pub A2…)
Je
tiens à remercier à présent Monsieur Gérard Boivin,
actuel P.D.G. des Fromageries Bel
S.A.…
Etonnant, non ?… Rassurez-vous,
je n’ai pas choisi mes sponsors au hasard !
Bien sûr j’ai déjà eu l’occasion de vous dire que, dans
le plus pur respect du Plan de Santé Mentale présenté par notre ami P.D.B.,
je ne voyais pourquoi je n’aurais pas le droit moi aussi à une petite part du
fromage.
J’ajouterai que nos rapports annuels de Secteur, aussi
bien que les documents comptables émanant de nos diverses tutelles ont, depuis
longtemps, pour présenter leurs chiffres, sacrifié à la mode des courbes, des
histogrammes et, surtout, des fromages en tous genres (entre 350 et 400
variétés différentes en France, soit selon le proverbe, un fromage par jour de
l’année !)
ð
DIAPORAMA : "PUB 1" (début : )
Mais là n’est pas la question… En effet, je n’oublie pas que c’est à Léon Bel, le patriarche fondateur de cette "belle" entreprise, que l’on doit, la
première campagne de prévention de grande envergure concernant la maladie de la
vache folle.
Vous ne me croyez pas ? ! Jugez
vous-même ! Dès 1921 (la même année que la découverte de l’Insuline),
c’est lui qui mit en garde ses concitoyens contre les méfaits du redoutable
animal, en faisant recouvrir les murs de nos belles cités d’affiches en couleur
représentant le faciès inquiétant d’une vache hilare, affublée de boucles
d’oreille ridicules (portrait robot dû au talent de Benjamin Rabier),
animal terrifiant surnommé pour la circonstance : "
Certains esprits chagrins ne manquèrent alors pas de
reprocher à Léon Bel d’avoir
profité de l’occasion pour vendre, au passage, quelques boites de fromage… Mais
que ce bienfaiteur de l’humanité ait cherché à rentrer dans ses frais n’est-il
pas tout à fait compréhensible ? !… Les gens sont parfois très
injustes avec les bienfaiteurs de l’humanité, même lorsque ces derniers
veillent sur leur sécurité en matière sanitaire !
Ainsi calomnié, meurtri,
Léon Bel, après un léger moment
d’abattement, continua néanmoins avec courage de se faire du beurre en vendant son
fromage… et on oublia malheureusement pour un temps la maladie de la
vache folle.
ð
DIAPORAMA : "PUB 1" (suite : )
Mais, poursuivant avec passion la mission de
ce philanthrope méconnu, les successeurs de Monsieur Bel ont su depuis manifester, eux aussi, leurs
préoccupations en matière de santé publique
en lançant, dès 1952 (la même année que la découverte du Largactil®),
le Babybel®,
"le bon petit fromage qui se sent
bien partout…". Petit fromage devenu rapidement grand, en s’imposant,
mine de rien, grâce à son petit condom de cire rouge. Personne ne s’y était
trompé, le message subliminal était ici trop évident : "Sortez couverts", sécurité
oblige.
ð
DIAPORAMA : "PUB 1" (fin :
)
Le message fût, comme vous venez de le voir, encore plus
manifeste avec le lancement du Mini Babybel® en 1978. Selon
les promoteurs de ce petit dernier, "le
plaisir de Mini Babybel® commence dès son ouverture. Sa
languette permet de séparer
la cire en deux parties, puis le fromage se découvre, dans toute son
appétissante rondeur” . Tout un programme !…
Vous n’en faites ensuite qu’une seule bouchée, pour le
plus grand plaisir de vos papilles de jeunes loups de la psychiatrie et sans
aucun risque de contamination ! Il ne
vous reste plus qu’à plier la petite languette, délicatement, comme ceci, autour de votre petit doigt, et de
l’épingler au revers de votre veste.
Vous participez alors, de surcroît, et sans débourser un
kopek de plus, à la campagne de prévention contre le SIDA avec le logo de
A.I.D.S. C’est fou, non ? !…
J’en
profite pour dire que cette sécurité là n’a vraiment pas de prix !… et que
ce week-end sera consacré au "Sidaction".
ð (Jingle Pub A2…)
"
Plus sérieusement à présent.
Vous l’avez sans doute aussi remarqué, c'est
quelquefois par un curieux retour de langage, que certains mots tombés en
désuétude, nous reviennent de là où on ne les attendait pas. Ainsi, le mot "racaille", prononcé par la
bouche méprisante du "ci-devant" sinistre de l’intérieur (dont
l’entourage s’est d’ailleurs empressé de nous expliquer que ce mot avait trouvé
ses lettres de noblesse sous la plume d’André Gide
et d’Albert Camus
(mazette !…) et que sous sa forme vulgaire : "caillera", ce mot était couramment utilisé par ceux-la
mêmes à qui il les avait adressés !…), ainsi donc le mot "racaille" a-t-il récemment
mis le feu à des banlieues en proie à un mal
aussi complexe que démagogiquement médiatisé et dans lesquelles des sujets que
guette l'exclusion, traitent aussi régulièrement, et indifféremment, de "bouffon" celui qu'ils
apostrophent.
Ayant à la fois l’honneur
et la rude tâche de présenter l’avant dernier exposé de cette très riche
journée de travail et vous ayant de surcroît infligé un long préambule,
j'espère simplement que celles et ceux d'entre vous dont la glycémie
atteindrait des niveaux préoccupants, n'entendront pas dans ce bouffon là, une injonction qui les
pousserait à s'exclure prématurément de cette assemblée, afin d'aller goûter.
En fait, si le mot bouffon
date du 16ème siècle, c'est environ un siècle plus tôt que le
personnage avait fait son entrée sur la scène de notre imaginaire. Et cette
image, c'est aux gravures d'Albrecht Dürer
qui illustrent "
Dans cet ouvrage "édifiant", paru en 1494 en plein carnaval, le moraliste joue les trouble-fête. Il utilise en fait la folie pour dénoncer les turpitudes de la vie terrestre (d’une manière au demeurant plutôt réactionnaire !), à travers une galerie de portraits décrivant les différents types de pé(ê)cheurs embarqués à bord de son très singulier esquif.
Ajoutons que l’intégrisme de cette œuvre culmine dans le rejet radical,
par l’auteur, de toute autonomie du savoir humain et que
Coiffé d'un coqueluchon à oreilles d'âne orné de grelots, et portant à
la main une marotte, équivalent dérisoire du sceptre, le fol devient alors le miroir de la condition humaine.
Jusqu'à cette époque en effet, "la fête des Fous", dont la variante la plus connue était "la fête de l'âne", était célébrée entre Noël et l'Epiphanie.
Avec une exubérance dionysiaque, elle mettait en scène une dénonciation de tous les pouvoirs et en premier lieu, du pouvoir ecclésiastique, lequel condamnait bien sur sans appel cette folie simulée, mais vénérait dans le même temps la folie véritable et particulièrement celle du simple d'esprit (crétin ne vient-il pas de chrétien, et benêt de benedictus ?)
C’est donc vers la fin du moyen âge, avec la disparition de la lèpre du monde occidental et dans un curieux retournement des choses, que le concept de folie, jusqu'alors porteur de valeurs plutôt positives, va désormais rendre compte du désordre du monde.
L’homme à la marotte est
assimilé au démon, en lui se déchaînent les
pulsions dévastatrices de l'inconscient et, dans ce même mouvement,
Michel Foucault écrit a
ce propos, dans son "Histoire de la
folie à l’âge classique", que "l’anéantissement
de la mort n’est plus rien puisqu’il était déjà tout, puisque la vie n'était
elle-même que fatuité, paroles vaines, fracas de grelots et de marottes. La
tête est déjà vide, qui deviendra crâne. La folie, c'est le déjà-là de la
mort". Et il poursuit en soulignant le fait, que l'expérience de la
folie est, de ce point de vue, en rigoureuse continuité avec celle de la lèpre,
le rituel d'exclusion du lépreux comme celui du fou consistant en effet à poser
que, vivant, le sujet ainsi désigné présentifie déjà la mort.
Certes
le SIDA est venu depuis quelques années remplir cette fonction de
présentification de la mort. Ce que n'a d’ailleurs pas manqué d'exprimer d'une
manière infâme, et avec son sens habituel de la nuance, notre Arturo-Ui
national, lorsqu'il a proposé, ni plus ni moins, qu'on enferme les "Sidlaïques" dans des "Sidatoriums".
Mais
cette sinistre pandémie est-elle pour autant parvenue a déposséder le fou de ce
capuchon à grelots en forme de suaire, et de cette marotte en forme de faux,
qui le caractérisaient il n’y a pas si longtemps encore ?
Un numéro de
l’Information psychiatrique paru il y a quelques années, est fort opportunément
venu rappeler de quelle manière l’élaboration des techniques permettant
l’euthanasie des malades mentaux, avait permis à l’état nazi de préparer
l’holocauste, dès 1939.
Et
qui pourrait affirmer aujourd’hui que ce lien de la folie et de la mort ne
subsiste pas, quelque part, tapi dans le tréfonds de nos consciences. Qui
pourrait nier surtout que "Le ventre
est encore fécond d’où est sortie la bête immonde" ?
Sommes-nous finalement
tellement éloignés de cette conception moyenâgeuse dans laquelle les aliénés
passaient, tels un grelot, pour avoir la tête vide, avec à l'intérieur, juste "la pierre de folie". Cette
pierre, que certains charlatans (précurseurs de nos savants neurochirurgiens
lobectomiseurs), prétendaient d’ailleurs extraire en pratiquant une incision au
milieu du front.
Pour
provocante qu'elles soient, ces questions méritent à mon sens d'être soulevées,
car la notion même de Malade difficile
me semble, hors les murs de l’institution psychiatrique en tout cas, n'être
toujours qu'un aimable pléonasme.
Et, dans une société où
la crise contribue chaque jour un peu plus à diminuer notre seuil de tolérance
à la souffrance de l'autre, ces mêmes Malades
difficiles pourraient bien être devenus, dans nos institutions, et par une
sorte de contagion malsaine, l'objet d'une ségrégation comparable en tout point
à celle que nous dénonçons au quotidien et qui est à l’œuvre dans les processus
d’exclusion de trop de nos patients de leur milieu d’origine.
II me paraît fondamental, dans la manière même dont nous posons ces problèmes, que nous puissions nous interroger sur
le rôle joué dans nos pratiques, par le contexte socio-économique
actuel, ainsi que par la pression insidieusement croissante d'une idéologie
sécuritaire de plus en plus prégnante, dont il paraîtrait bien téméraire d'affirmer que les soignants que nous
sommes y sont totalement insensibles.
II ne me semble
d'ailleurs pas déplacé d'affirmer que certains effets peuvent déjà en être
repérés à différents niveaux de notre dispositif de santé.
Vous
allez penser que je saute du coq à l’âne, mais, toujours à propos de violence…
comment réagissez-vous, lorsqu’un écran publicitaire vient interrompre le cours
du programme de télévision que vous aviez choisi de regarder ? Je trouve
ça, personnellement, très violent !… Pourtant, nous sommes apparemment un
certain nombre à supporter ces nombreuses incivilités que nos chaînes (les bien
nommées !) de télévision préférées et leurs responsables nous imposent et justifient même en
déclarant avec impudence !… que c’est là le prix à payer et que c’est
d’ailleurs principalement avec ce "…
temps de cerveau humain disponible"
que nous mettons gracieusement à leur disposition, qu’ils font du
profit !…
Circulez,
il n’y a rien à voir !…
ð (Jingle Pub A2…)
Je tiens à remercier ici tout particulièrement
Monsieur Jeffrey A. Joerres,
P.D.G. de MANPOWER Inc., leader mondial du travail temporaire et précurseur en matière de
travail de réseau, puisque : "MANPOWER est organisé sous
la forme d’un réseau de plus de 1.000 agences" et que son slogan est "Réussir
ensemble"
Comme vous le voyez, le secteur privé à but
lucratif : c’est pas de la gnognote !
Au demeurant, le logo de cet
organisme charitable (je parle toujours de MANPOWER bien entendu), représente,
vous l’avez encore sûrement en mémoire, un homme entièrement nu, pourvu de
quatre bras et de quatre jambes, mais écartelé entre un cercle et un carré.
C’est "L’homme de Vitruve", dessin
de Léonard de Vinci plus connu sous le nom de "L’homme parfait".
Le message subliminal que MANPOWER cherche manifestement à faire passer
avec ce logo (mais à en croire le Da Vinci Code, il
n’est pas le seul à flirter avec le subliminal…), est à l’évidence que cet
homme parfait est tout simplement sur le point de résoudre la quadrature du
cercle !… Rien de moins !…
Message reçu cinq sur cinq par nos gestionnaires !… Ils peuvent
enfin faire entrer toutes les missions de service public dévolues au Secteur,
dans les toutes petites enveloppes budgétaires généreusement octroyées à la
psychiatrie.
Ils en avaient rêvé, MANPOWER l’a
fait !
Je m’explique. Depuis
quelques années, MANPOWER ne fait, ni plus ni moins, que vendre à nos bien
aimés directeurs du temps d’infirmier disponible.
Notez
que, dans le même esprit, j’aurais pu tout aussi bien m’adresser à Coca-Cola
pour sponsoriser cette intervention. Mais vous comprendrez, que j’aie préféré
m’en abstenir, après la récente déclaration de l’"empaffé" de
première, haut responsable de notre P.A.F. hexagonal,[2]
qui a dit tout haut (lui
aussi !),ce que beaucoup de nos "manager" pensent tout bas. Je
n’en dirai pas plus. A bon entendeur, salut !…
ð
DIAPORAMA : "PUB 2"
Consommés de manière immodérée, Les chiffres finissent
par tuer le désir…
ð (Jingle Pub A2…)
Mais
revenons à nos moutons (si j’ose dire !).
Avant d’être interrompu par cet écran publicitaire
vachement intrusif, j’évoquais beaucoup plus gravement la pression
insidieusement croissante d'une idéologie sécuritaire de plus en plus prégnante
et je me demandais en particulier si nous autres soignants y étions
véritablement totalement insensibles… Certains effets d’une sorte de
"contamination" ne seraient-ils pas en effet déjà repérables à
différents niveaux de notre dispositif de santé ?
Ce
problème fort préoccupant étant posé, il reste que ce phénomène n’est pas
nouveau. Le dire ne résout certes rien à cette affaire, mais il me parait tout
de même préférable de le savoir.
C'est en fait une dizaine
d'années seulement avant la loi du 30 juin 1838, que le premier, Georget élève d’Esquirol, demande "la
création d’asiles spéciaux pour les aliénés criminels". Notons qu'il
revendique dans le même temps l'irresponsabilité pénale du "fou-homicide", considérant qu’"il est un malade avant d’être un criminel".
Après bien des aléas,
cette idée sera reprise à la fin du 19ème siècle par Henri Colin. Celui-ci, après avoir milité pour
un asile spécial apte à recevoir "les
aliénés criminels et les criminels aliénés", propose de créer
parallèlement des quartiers spéciaux annexés aux asiles. Ces services, dans
lesquels seraient réaffirmées des valeurs telles que la discipline et le
travail, permettraient d'accueillir une autre catégorie de patients, que nous
appellerions sans doute aujourd’hui Malades
difficiles, mais qu'il nommait, lui "aliénés
vicieux, difficiles, récidivistes, habitués et exploiteurs d’asile".
Le but de ces structures
consistait selon leur concepteur, à :
- enlever à
l’hôpital un élément de trouble et de désordre... ;
- éviter les
révoltes et les évasions ;
- organiser le travail avec
méthode.
La
dimension thérapeutique ne semblant pas être une caractéristique majeure de ce
projet, je me permettrai de faire preuve d'un très mauvais esprit, en ajoutant
que cette proposition n'a de mon point de vue rien à envier à celle qu'aurait
pu faire un de nos tenants actuels de l'Ordre Nouveau, et qu'en particulier le
troisième point, n'est pas sans m'évoquer l'inscription "Arbeit macht frei", qui figurait au fronton des camps de
concentration, durant la dernière guerre mondiale.
Précisons qu'il sera
donné suite à cette demande, mais que l'Administration réunira les deux
propositions d'Henri Colin en une
seule, pour créer finalement un "Service
d'aliénés vicieux apte à recueillir les aliénés criminels et les criminels
aliénés, internés dans les asiles de
Cette décision sera prise
en dehors de tout cadre légal, et en dehors de toute concertation avec la
commission de surveillance des asiles publics du département de
Mais afin de voir aboutir
son projet, Henri Colin se résignera à accepter ce regroupement, en même temps
qu'il acceptera le poste de Médecin chef
des asiles de
Plus près de nous, la
circulaire du 5 juin 1950 relative aux Services
pour malades mentaux-difficiles, nous donne une définition des termes Malades difficiles, en précisant qu'ils
recouvrent trois catégories distinctes de patients :
- les malades agités perturbant les services ;
- les
déséquilibrés anti-sociaux, difficilement supportés par les autres
malades ;
- les grands
déséquilibrés anti-sociaux, généralement médico-légaux, pouvant
présenter des réactions criminelles préméditées et complotées.
En fait, et bien que
cette circulaire précise que, seuls les patients appartenant à la troisième
catégorie, relevaient des Services pour
malades difficiles, ces services spécialisés ne recevront principalement
que ceux des deux premières catégories qui, selon le législateur, ne demandent
pourtant simplement qu'"un effort
particulièrement attentionné d'organisation du service dans tous ses détails,
ainsi que l'affectation d'un personnel qualifié plus nombreux que dans un service
ordinaire et ce davantage pour la deuxième que pour la première catégorie".
Notons au passage, l'effort souhaité en matière d'effectif infirmier, qui a
fait dire à Georges Daumezon "La société ne consent de sacrifices
que pour se protéger".
Plus
récemment enfin, l'arrêté du 14 octobre 1986 fixant le règlement intérieur des Unités pour malades difficiles, précise
que relèvent de ces unités, les patients qui présentent "pour autrui un danger tel qu'ils nécessitent des protocoles
thérapeutiques intensifs adaptés et des mesures de sûreté particulières",
et le législateur de préciser : "L'état
dangereux majeur, certain ou imminent" qu'ils manifestent rend "incompatible leur maintien dans une
unité d'hospitalisation habilitée à recevoir" des malades placés dans
le cadre de la loi du 27 juin 1990.
On le
voit, bien que la dimension soignante de ces structures ne soit plus occultée,
les volontés ayant présidé à l'élaboration de ces textes semblent, s'appuyer
d'avantage sur un souci de défense sociale, que relever de préoccupations de
santé publique. L'aspect répressif prime la vocation thérapeutique, le bâton l'emporte toujours sur le caducée.
Et, sous couvert de
libéralisation des hôpitaux psychiatriques, une politique d'exclusion des Malades difficiles se perpétue, dont
nous sommes les complices. Ce serait "le
prix à payer", disent ceux d'entre nous qui l'assument sans trop
d'états d'âme.
Mais, le docteur Cujo n'écrivait-il pas en introduction
de son article de l'E.M.C sur les Etablissements
spécialisés pour malades difficiles, je cite : "Ici, aucun apport technique particulier, aucune disposition
législative nouvelle, ne réduisent ou ne subdivisent un domaine qui ne connaît
qu'une réponse : l'exclusion". Suivent quelques appellations de ces
services, qui au fil du temps et des idéologies, se sont vus qualifier de "Asile de sûreté", puis de "Services de sûreté et de défense
sociale", en passant par
"Services de force, de discipline, ou encore de criminels",
trouvant même en 1904, quelqu'un pour les appeler "Asiles de désinfection" (sinistre prémonition !).
Le temps passe et le primat du répressif sur le
thérapeutique dicte encore les choix de nos politiques. La seule et véritable
innovation apportée par la loi du 27 juin 1990, ne consiste-t-elle pas dans le
fait que l'on n'a retenu cette fois pour principe fondamental, que la
protection du citoyen contre une hospitalisation sous contrainte, abusive,
quand la loi du 30 juin 1838 se fixait quand même pour objet, à l'époque,
d'organiser la prise en charge du malade mental ?
D'où vient cette défiance des pouvoirs administratif,
judiciaire, et politique, à l'égard de l'autorité médicale que, dans ce domaine
en tout cas, nous incarnons, si ce n'est, dans un mouvement occulte de déni de
la folie que nous connaissons bien, de nous contester notre légitimité de
praticiens, c'est à dire en fait notre compétence professionnelle. (Et les
échos que nous avons, concernant la révision de la loi de 1990 ne sont pas
faits pour nous rassurer dans ce domaine !)
Et que dire alors, du
pouvoir que s'arrogent certains de nos bien-aimés maîtres des universités
parisiennes, donneurs de leçons et promoteurs d'une psychiatrie aristocratique.
A les entendre parfois, nous ne mériterions guère mieux que des bonnets d'âne,
et serions tout juste bons à héberger ces "aliénés
vicieux" décrits par Henri Colin,
qu'ils veulent bien nous adresser. Alors, qu'au prix d'une perversion radicale
de leur mission de service public, ils imposent qu'aucun de leurs services de
psychiatrie de l'Assistance Publique de Paris intra-muros n'accueille de
patients hospitalisés aux termes de la loi du 27 juin 1990 !
Peut-être
se demanderaient-ils si, dans le contexte socio-économique actuel, et pour les
spécialistes que nous restons malgré tout, cette notion de Malade difficile, n'a pas finalement trouvé tout simplement une
reformulation politiquement correcte
dans l'expression Impasse thérapeutique.
Cela dit, cette question me semble
effectivement devoir être posée, d'autant qu'avec cette seconde locution
apparaît le risque (la situation étant ici préférée au sujet en souffrance), de
ne retenir que les aspects théoriques de ces prises en charge difficiles, en
occultant les problèmes éthiques qu'elles posent avec acuité.
Quoi qu'il en soit, il se pourrait bien
que soit finalement suggérée l'idée, qu’il n’y a en fait de Malade difficile, et a fortiori d’Impasse thérapeutique, que pour les Diafoirus que nous sommes aux yeux de
certains administratifs. Un ancien Directeur
des Hôpitaux [3]
ne s'est-il pas autorisé à dire lors d'un colloque, il y a une dizaine
d’années, que nos collègues généralistes étaient tout autant capables que nous,
d'assumer toutes les prises en charge que nous effectuons au quotidien !
Et je me suis même laissé dire, que le
tout premier directeur de l'Agence régionale d'Ile-de-France n'avait pas
Mais ce
procès qui nous est fait, ne date pas d'hier. Une gravure du 16ème
siècle, due à Lucas de Leyde, représentait déjà un chirurgien, tenant à la main un bistouri
orné d'un grelot, et opérant un aliéné. Cette surprenante marotte brandie par
l'homme de l'art, n'est-elle pas déjà là pour suggérer, d'une manière
volontairement ambiguë, que pour être passé maître dans l'art d'opérer sans
faire tinter le grelot, le médecin n'en est pas moins aussi fou que son
patient. Et du fou à l'âne, il n'y a qu'un pas. Un pas de danse bien sur, lors
de fêtes païennes et paillardes du moyen âge !
Vous l'aurez sans doute compris, l'âne est un animal pour
lequel j'ai un faible. A vrai dire, cette sympathie remonte à l'époque
lointaine où mes petits camarades me lançaient, en guise d'injure, l'apostrophe
la plus brève que mon patronyme leur inspirât. Alors, ainsi poussé à mieux
connaître ce quadrupède supposé avoir la tête aussi dure que mal faite, j'ai
fini par découvrir que, de la mythologie grecque, au nouveau testament, en passant
par les contes de fée, il constituait une référence pour mille et une autres
choses, et qu'on lui devait en particulier, le tracé de beaucoup de nos routes
de montagne.
En
effet, à l'époque où nos ancêtres, encore confinés dans leurs vallées d'origine,
cherchaient en vain à franchir nombre de barres montagneuses, c'est en suivant
des ânes (ou leurs proches parents,
mulets ou bardots), qu'ils finirent par découvrir des "passes" leur
permettant d'accéder aux vallées voisines.
Reconnaissons-le, il s'agissait là, le plus souvent, à nos
frontières en tout cas, de l'initiative de contrebandiers… Reconnaissons-le
aussi, ces derniers "aidaient" parfois un peu leurs précieux guides,
d'une carotte ou d'un bâton…
Mais, quoi qu'il en soit, en inventant une issue aux
impasses d'hier, ils permettaient à de nouvelles possibilités de communication
d'advenir.
Je le confesse, il m'arrive parfois de regretter de
n'avoir ni le talent, ni l'audace d'un de ces contrebandiers d'antan. Mais je
n'oublie pas que douane et divan ont la même étymologie… et la
métaphore trouve ici sa limite, car, si c'est le plus souvent en faisant
l'impasse de la douane, que l'on a pu ouvrir de nouvelles voies dans les
montagnes de notre beau pays, je doute fort que les thérapeutes que nous sommes,
puissent sortir des Impasses
thérapeutiques où nous conduisent certains de nos de Malades difficiles, en faisant l'impasse du divan.
Alors,
partant du postulat selon lequel, mieux on parvient à référer une pratique à
une théorie susceptible d'en rendre compte, moins le cadre a besoin de se matérialiser, je veux insister sur la
nécessité de poursuivre avec opiniâtreté (j'aurais dû dire entêtement) notre
réflexion théorique, clinique et éthique, sur la prise en charge des Malades difficiles.
J’avais initialement
commencé à travailler cette question, fin 1997, pour le Congrès de
l’Association ANCRE-PSY, dont le thème était : "Malades difficiles et impasses thérapeutiques". Mais je
me suis permis de reprendre une partie de ce texte aujourd’hui, car il présentait,
me semble-t-il, le double intérêt d’être toujours d’une actualité aussi criante
et, surtout, d’avoir été pensé en dehors de tout contexte dramatique.
Si nous sommes réunis
aujourd’hui, n’est-ce pas en effet en grande partie pour nous interroger sur la
manière de poursuivre ce type de réflexion, en l’approfondissant ? Car il
y a eu depuis le terrifiant "séisme" du double meurtre du service de
psycho-gériatrie du Centre Hospitalier Psychiatrique des Pyrénées, à Pau, dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, mais aussi, pour mon équipe et moi, la
"réplique" fracassante de ce drame dans notre C.M.P., au Centre Jean Moulin à
Saint-Maur, à peine trois mois plus tard, en mars 2005…
Dans les deux cas ce sont
des femmes qui ont été frappées et ce n’est certainement pas indifférent, mais
à travers elles c’est aussi l’institution toute entière qui était semble-t-il
visée.
Alors, rappeler ici, que
sont toujours perçus comme violents les patients qui nous menacent, certes,
mais qui, ce faisant, menacent avant tout notre identité en tant que sujet, en
tant qu'équipe soignante et même en tant qu'institution, m’a paru nécessaire.
Comme
m’a semblé nécessaire aussi de redire que cette confrontation à la violence de
l’autre génère, le plus souvent, au sein de nos équipes des conflits dans
lesquels s'affrontent invariablement des désirs archaïques de fusion et
d'exclusion. Nous sommes en effet toutes et tous pris dans des jeux
contre-transférentiels qui nous amènent, soit à banaliser la situation, à
sous-évaluer donc le potentiel de dangerosité du patient (confirmant alors
celui-ci dans sa toute-puissance), soit au contraire à sur-évaluer sa
dangerosité. Attitude qui conduit alors invariablement au rejet, voire même à
l’exclusion du patient de l’institution, dans une stigmatisation symétrique de
celle que nous dénonçons régulièrement dans la société civile.
Dans un cas comme dans l'autre, étant
disqualifiés en tant qu’acteur d’une institution soignante, nous ne pensons
plus la violence de l’autre qu’à travers ce qu'elle induit en nous et il nous
devient alors extrêmement difficile de retrouver la "distance"
indispensable à une élaboration critique de la situation clinique à laquelle
nous nous trouvons confrontés.
Seule une telle "élaboration
critique" est pourtant susceptible de conduire à l’invention d’une
stratégie thérapeutique efficace.
Un drame, comme celui que
nous avons traversé ce vendredi 11 mars
La vie ayant depuis
repris ses droits, et je remercie Jeanine de nous avoir fait l’inestimable
cadeau de rester en vie, nous nous devons à présent de retrouver cette exigence
fondamentale qui est de prendre le temps
d’élaborer plus encore autour de ceux de nos patients, qui ne parviennent que
très difficilement à exister autrement qu’en "agissant" leur
violence.
Il s’agit là d’un pari
difficile car le risque est permanent d’opposer au sentiment de toute puissance
qui les habite, l’illusion d’une toute puissance
de la pensée qui nous permettrait d’avoir réponse à tout. Et il faut nous
garder de voir ce désir de guérir qui nous anime (différent du désir de
soigner), se muer en folie de guérir. Cette dernière pousse en effet
régulièrement certains d’entre nous à recourir à des solutions extrêmes quand
le patient a l’audace de se montrer résistant aux thérapeutiques habituelles.
C’est ainsi que l’on a vu ressurgir récemment l’utilisation de la
neurochirurgie dans le traitement de certaines pathologies psychiatriques.
Alors, pour conclure
cette intervention qu’en raison même de la gravité du sujet je souhaitais aussi
rigoureuse que possible, mais ne reniant rien de mes états d'âme et malgré tout "atypique", j’insisterai sur le
fait que l'amélioration des conditions de prise en charge de nos Malades difficiles suppose d'éviter deux
écueils : le déni du problème et la
tentation sécuritaire.
En effet, nous sommes
plus que jamais confrontés dans notre pratique quotidienne, en partie à cause d’un contexte économique particulièrement
délétère mais en partie seulement, à une logique qui met de plus en plus
durement le Soin à
l’épreuve du Sécuritaire et
il nous faut résolument tout mettre en œuvre si nous voulons que nos
institutions ne sécrètent pas à leur tour leurs propres exclus.
Enfin, et pour contribuer de manière plus
efficace encore à l'éradication d'une logique totalitaire dans laquelle
l'exclusion des malades mentaux sert d'alibi à un renforcement archaïque de la
cohésion sociale, il nous faut continuer de dénoncer avec force le mythe d’une
"Violence" qui, par essence, serait psychiatrique, et qui, de fait,
est médiatisée comme telle, jusqu’à la nausée.
Une
"Violence" que les Malades
difficiles incarnent mieux que tout autre !
[1] "Das Narrenschiff" est une oeuvre majeure de la fin du XVème
siècle, écrite en dialecte alsacien et publiée à Bâle en 1494. Cette navigation
de la folie vise en fait l'homme enfermé dans le péché, celui qui, ayant perdu
le sens des vraies valeurs, est abandonné à un destin aveugle parce qu'oublieux
de
[2] Monsieur Patrick Lelay, pour le nommer, PDG de TF1, qui
s’est autorisé à dire dans une interview de septembre 2004 : "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est
du temps de cerveau humain disponible…"
[3] Monsieur Jean de Kervasdoué a été Directeur des hôpitaux au ministère de