Préambule :
Lorsque Serpsy annonça le thème de
la Journée 2006 en Septembre dernier, j’ai tout de suite imaginé, vu et entendu
même, un dialogue un peu absurde, un peu intemporel entre un usager et un
soignant. J’ai aussi tout de suite su qui devait jouer le texte. Il fallait aussi,
à mon sens, absolument placer l’action au Serpsy’s, c’était évident ; il
fallait tenter de refléter quelque peu certains échanges, certaines
conversations qui avaient eu lieu durant l’année précédente sur le Forum, avant
et après la tempête qui amena la fermeture
puis la transformation du Forum.
Cependant, ce que j’avais imaginé
n’est pas la version qui fut finalement produite car je me suis rapidement
rendue compte que mon projet était trop ambitieux par rapport au temps imparti.
Dans mon esprit, cela aurait du prendre la forme d’une série de scénettes
courtes illustrant des aspects précis du thème, entremêlées d’un monologue en
méandre de la part du Maître de Cérémonie faisant le lien et parlant lui plus
particulièrement du Serpsy’s.
Voilà, il me semblait important
d’expliquer le parcours de « Parle moi le Blues du Serpsy ».
Sans Domi, Fridom et Papillon, ce
texte n’aurait pu enfin vivre le 31 mars. Ils lui ont donné, malgré la distance
et le manque de répétition, un souffle qui m’a laissée par terre.
Anna
Parle moi…
Le Blues du
Serpsy’s
La scène est vide. Seules une table de bistrot, avec une
carafe posée au milieu et deux chaises, sont éclairées. En haut, à gauche de la scène, il y a un néon qui
grésille un peu. C’est le néon du « Serpsy’s ». L’ambiance est celle d’un tableau de
Hopper, entre la solitude qui n’en est pas une et le désespoir qui n’en est
peut-être pas un.
Trois personnages :
MC : Le Maître de Cérémonie
A : Un(e) usager (ère)
B : Un(e) soignant(e)
[MC entre sur
le côté et marche lentement vers le devant de la scène. Il tient entre ses
bras, précieusement, un grand livre.
Il vient s’asseoir sur un
tabouret. Il pause quelques secondes, comme pour prendre une grande bouffée
d’air. Il ouvre le livre]
MC :
Mesdames et
messieurs
Etes-vous bien
installés ? Bien...
Ladies and
gentlemen, suivez-moi….
[MC fait comme
un signe d’accompagnement à l’audience, le ton est malicieux]
Je vais vous
emmener dans un lieu privilégié certes mais non sacro-saint, un lieu parfois
magique, parfois émouvant, aux humeurs changeantes, qui ne laisse jamais
indifférent et parfois emprunt de grandes colères, mais où des mains invisibles
sont souvent offertes lorsque l’âme est en difficulté… Le temps de quelques
moments Le Serpsy’s ne sera plus
virtuel.
Vous allez
maintenant rencontrer deux personnages. Ils sont soignants ou usagers, à vous
de déchiffrer.
[MC se lève
et se déplace de côté. Il se tourne alors vers un autre tabouret jusqu’alors
caché et sur lequel trône un ordinateur portable] :
MC : Je vous offre un voyage éphémère
au cœur des choses.
[MC appuie sur une touche. Le néon du signe Le Serpsy’s s’allume]
Voici
Parle-le moi
le Blues du
Serpsy’s !
Lumière sur le milieu de la scène :
Deux
personnages, un homme et une femme, déboulent de chaque côté de la scène, comme
projetés par une force invisible. Ils ne comprennent pas ce qu’il leur arrive.
Comme deux clowns, deux pantins, ils vont se heurter. Dos à dos.
[Ils se retournent. En même temps : Cris de choc,
surprise.]
A : Mais… mais… ça ne va pas non ?
B : Oh la la, pouvez pas faire attention et puis c’est quoi
ce bordel ?
A : Pourquoi j’suis là
B : Pourquoi
j’suis là? Et moi donc…
[Ils s’arrêtent net et se
figent. Ils se regardent en chien de faïence, se rapprochent en tournant l’un
autour de l’autre comme un pas de danse,
jusqu'à ce que leurs visages se touchent presque. Ils se reniflent et grognent
comme deux animaux méfiants qui prennent la mesure l’un de l’autre. Prenant soudain
conscience de leurs rôles respectifs, de leurs identités respectives, ils se
séparent brusquement comme horrifiés l’un de l’autre. Ils restent figés un
instant dans leur pose.
Puis,
alors que A ne
bouge pas, B va
vers la porte mais celle-ci refuse de s’ouvrir; ils se croient emprisonnés.]
B : [B marmonne, ne parle à personne en particulier,
apparemment furieux/se, on ne comprend pas ce qui est dit].
[Puis :]
C’est la cage aux fous c’t’affaire… on ne peut même plus
sortir.
[B pause
et promène son regard autour de lui, voit le néon et prend lentement conscience
de l’endroit ou il/elle
se trouve. Pendant ce temps, A semble explorer le lieu… glisse une main le long du
comptoir… se dirige vers la table et regarde la carafe.]
B : Alors, c’est ça Le Serpsy’s ? J’avais entendu des histoires
de décor convivial et de bonne compagnie, de rivières de vins fins, de bière
fraîche et goûteuse à volonté, du rêve quoi, mais dans le genre paradis, j’ai
l’impression de me trouver devant St Pierre et les portes de l’éternité. Tu vas
voir qu’on va exiger non seulement mes papiers, mais aussi un nom d’usage, un
mot de passe et après ça on va me demander des comptes, tous les comptes….
[Pause]
[À voix basse]
Comment je vais me tirer de là?
[Pendant ce temps, A retourne vers le comptoir et semble chercher quelque
chose]
B regarde A de
manière suspicieuse, semble reconnaître en A un usager à la réputation extrêmement difficile, qui
accepte mal l’autorité et les traitements, qui a « fait une scène » récemment.
Visiblement mal à l’aise, B se raidit,
se renfrogne, enfonce les mains dans les poches.
[A visiblement assez stressé(e), énervé(e)]
A : Nous voilà tous deux enfermés, et c’est pas moi qui ai
choisi la compagnie, ça c’est sûr.
[Pause]
Alors, on fait quoi ?... On pourrait parler ?...
[A semble
trouver ce qu’il/elle cherchait, prend deux verres, les pose sur la table,
s’assied. A reste
un court moment indécis(e) puis verse une boisson dans les verres et fait
un geste d’invitation à s’asseoir vers B qui le/la regarde dubitatif/ve]
B : Tu as dit quoi ? Tu veux faire quoi ?
Causer ? Moi je ne te parlerai mais
pas seul (e), qu’avec du renfort ; J’te connais toi, tu agresses tout le
monde.
A : C’est curieux ça, pour le moment c’est moi qui me sens agressé(e)
et je ne te connais pas. On s’est peut-être vu à l’hosto mais on ne s’est
jamais parlé. Et puis de quel droit tu me tutoies ?
[B sort
un bip de sa poche, fait mine de s’en servir mais semble avoir des difficultés
à le faire marcher ; il tempête contre l’engin].
B : P… de…
[B vient finalement s’asseoir à
la table]
D’abord c’est ta réputation. Faut voir ce bordel que t’as
foutu la semaine dernière, j’en ai entendu parler…. Mes collègues, ton dossier
le disent, et ça me suffit. Et puis je tutoie les patients, c’est tout. C’est
mon droit et c’est sensé faciliter la relation.
A : Faciliter la relation ?... en appelant la cavalerie… ? Je vois,
très logique. Et pour ce qui est de la semaine dernière comme tu dis, tu es mal
informé(e). Oui, c’est vrai, j’ai pété les plombs mais j’en avais aussi marre
qu’on m’impose des trucs sans me demander mon avis, qu’on me croie incapable de
prendre des décisions sans même essayer… Quand on étouffe comme ça, on n’a plus
le choix.
[ Il/elle se parle à lui /elle-même]
J’espère qu’ils ne vont pas tarder….
[A qui a tout de même entendu]
A : Charmant.
[B s’acharne sur son bip]
A : Marche pas ?
B : J’comprends pas, il marche normalement très bien ce
truc…
A : Ou bien c’est qu’on s’en est trop servi, comme on
dégaine son revolver au moindre doute, ou bien c’est l’endroit qui veut
ça ; probab, d’ailleurs, j’ai comme l’impression que les bips ne marchent
pas ici.
[Pause]
Tu as peur de quoi exactement ?
B : Je ne voudrais pas être méchant(e) mais des patients
comme toi ça me fait peur. On ne sait jamais.
A : On ne sait jamais quoi
ou on ne sait jamais parce qu’on ne veut
pas savoir ?
[A se lève, fait mine de partir mais revient, reste debout
près de la table en s’appuyant au dos de la chaise, visiblement pas du tout
amusé(e)]
Et moi, tu crois que je n’ai jamais peur, moi ? Ma
maladie me fait peur parfois, le regard des autres me fait peur, les effets des
médocs me font peur, le nombre d’infirmiers qui peuvent me tomber dessus à bras
raccourcis à tout moment me fait peur, le langage utilisé par certains
professionnels … « obtempérer », « contenance »… me fait
peur, l’avenir que je ne sens pas me fait peur.
Et puis cette peur ambiante en ce moment dans l’hôpital
me prend aux tripes, comme si nous patients étions collectivement responsables
de l’acte d’un ou d’une autre, ailleurs. Les soignants qui ont peur, ça aussi
ça me fait peur. A part ça, tout va bien, merci…
[A finit par s’asseoir]
[B interloqué(e), assis(e) mal à l’aise sur le bord de la
chaise, regarde A]
B : Alors comme ça tu penses que tout baigne pour nous,
pour moi ? Tu crois ça ? Moi
j’ai aussi, peur. Peur de ne plus savoir parfois comment faire mon travail de
soignant lorsque d’un seul coup ça pète et tout ce qui nous reste ce sont les
extrêmes, le flicage, la contention physique, la chambre d’iso. Les médecins
sont rarement présents à ces moments là et c’est sur nous retombe la
responsabilité du geste. Je n’ai pas été formé(e) pour jouer les CRS dès que ça
chauffe un peu dans le service mais nous n’avons pas toujours le luxe de pouvoir
passer tout le temps qu’il faudrait auprès des patients et de déminer certaines
situations.
A : Faudrait encore savoir qui définit agression et violence
ici. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, la psychiatrie peut-être
profondément violente elle aussi envers les patients ; parfois elle nous
rend encore plus malade et je ne parle pas des médocs là. On nous dit que c’est normal ou que c’est
pour notre bien. Tiens, un exemple. Ca m’est arrivé(e) d’être à peine arrivé(e)
dans le service qu’on me demande de me mettre en pyjamas comme si mon corps
était malade… qu’est-ce que ça a à voir avec mon état mental ? En plus une
fois, je suis arrivé(e) à la suite d’une crise, on m’a refilé(e) d’office une
espèce de chose trois fois trop grande pour moi. J’étais une loque qu’on habillait
en loque. Je n’existais plus. Pourquoi ? Ca ne faisait que réduire,
annihiler mon identité pour la transformer en une chose autre qui ne m’appartenait
plus vraiment.
[Pause]
Tout ça parce que dans ma tête j’n’en peux plus et que
personne entend que je me dissous de souffrance à l’intérieur. En pyjamas, je
ne suis plus alors qu’une pathologie de plus ou de moins ; me voilà
contenu(e) dans une image et ça aussi ça me fait peur.
De cette violence là on ne parle pas, tant elle n’est pas
perçue comme telle. On ne voit plus que l’extérieur de la coque et la cavalerie
peut débarquer à tout moment. La
violence appelle la violence tu sais, celle de l’intérieur et celle de
l’extérieur… Elle n’est pas forcément à sens unique.
[B se lève à son tour, perdu(e) dans ses songes, marche au
hasard, vient se poser contre le comptoir. B se retourne vers A]
B : Peut-être… Mais alors je fais comment, tu me le
dis ? Je suis soignant(e), j’ai peur de passer à côté de quelque chose, de
ne pas lire certains signes à temps…. On finit par réagir à la moindre hausse
de ton, au moindre semblant d’agression et de violence. Cette trouille là me
rend malade moi, elle me fait peur aussi. J’ai peur d’avoir peur, j’ai peur de
ne plus être soignant(e). Il y a des moments, j’ai peur de ne plus pouvoir
tenir et, mais, eh, attends, tu vas rigoler….. mais j’ai même peur de devenir
patient à mon tour.
A : Je ne rigole pas du tout. Tu crois que c’est marrant la
folie, la détresse psychique ? Une vraie partie de plaisir, c’est certain,
on se marre tout le temps en effet…
[A rit d’un rire très jaune, se lève, reste un instant près
de la table puis se reprend et adopte un ton poignant mais calme]
Bien sûr, parfois la maladie me fait peur parce que je ne
sais pas toujours comment je vais réagir ou parce qu’on me regarde comme une
sale bête mais, ce que je constate c’est que, quelque soit le nom de cette
maladie, on a un peu tendance à nous mettre quasiment tous dans le même
lot :
dan-geu-reux ! …
[Une note de désespoir mélangé
de colère impuissante transparaît]
Surtout en ce moment, avec ce qu’on nous prépare. Si
personne ne réagit, nous serons tous bientôt considérés comme des délinquants
potentiels …. avec encore moins de droits qu’un voleur de pommes… mis
en cage au moindre mouvement… alors que bien souvent, et ça tout le monde le sait
… sauf ceux qui ne veulent pas savoir… nous sommes d’abord et avant tout un danger pour nous
même avant d’être un danger pour les autres.
[Pause]
[A vient se placer sur le devant
de la scène]
Je pète les plombs lorsque je n’arrive plus à m’exprimer
autrement ou lorsque je demande de l’aide et qu’on ignore ma souffrance pour la
énième fois. Alors ça s’accumule et c’est trop tard alors que, tout ce qu’il
faudrait parfois, c’est juste un peu d’humanité pour apaiser mon délire
intérieur, ma tempête, pas 10 gros bras…
[Longue pause]
[A se retourne et se rapproche
de B resté accoudé au comptoir]
Tu as peur, j’ai peur… je souffre, tu souffres … On ne va
pas loin avec ça… J’ai besoin des
soignants pour m’aider à trouver un chemin de guérison sans qu’on me l’impose, pour
m’aider à trouver ou à retrouver les ressources qui sont en moi pour sortir de l’enfer
à chaque fois qu’il me rattrape et à reprendre forme dans ma vie.
[Pause]
[B semble visiblement
soulagé(e)]
B : J’avoue que j’en ai marre de travailler de plus en plus dans
le déshumain et la trouille. Mais je
n’ai pas envie non plus qu’on me colle des condés aux baskets au cas où il y aurait
un pépin. Je ne suis pas non plus un gardien de prison et je ne tiens pas à le
devenir.
A : Eh oui, l’hôpital pire que la prison, on en est pas
loin. Pour toi comme pour moi. Cynique, moi ? Je crois que ça nous pend en effet au
bout du nez si on ne fait pas gaffe…
[Pause]
Tu vois on s’entend au moins là-dessus. C’est peut-être
un début. De toute façon, il faut arrêter ces discours qui brassent de la peur à
tout bout de champ ou bien on va s’enfoncer dans la paranoïa; on vit déjà dans
une société hyper fliquée, pourquoi l’inviter aussi là où il ne devrait y avoir
de place que pour le soin, tu ne trouves pas ?
[B, songeur]
B : S’entendre, hum… Parler, hum… tu dis ?
Dernier moment :
[A,
comme par distraction, va vers la porte et se rend compte qu’elle est ouverte ;
elle était juste un peu coincée]
A : Tu vas être content(e), c’est ouvert, c’était juste
coincé.
[A et B se rapprochent
l’un de l’autre, se regardent, il n’y a plus d’animosité sur leurs
visages mais ils semblent indécis, les corps sont figés dans leurs poses]
Départ
de la musique : Clair de Lune de Debussy.
[MC
revient sur la scène, sa répartie annonce la fin de la pièce. Il tient le livre ouvert]
MC : … Deux êtres qui se rendent compte qu’ils sont libres de
sortir de l’espace où ils étaient confinés le temps de ces quelques moments et
de reprendre les chemins de leurs vies. Cette liberté pourtant vient
d’eux-mêmes, elle est en eux, elle était toujours là. Liberté de faire des
choix. Liberté de se parler. Liberté d’échanger et d’oser.
[A et B
continuent, dans leur poses, de se regarder puis leurs corps s’animent de
nouveau ; ils sont proches l’un de l’autre et accomplissent presque la
même danse qu’au départ, tournant lentement l’un autour de l’autre, mais sans
défiance cette fois ci, puis se séparant]
A : Bon écoute, j’y vais … enfin oui, je devrais…
[B vient
se rasseoir et fait un geste d’invitation vers A resté(e) debout]
B : Attends, on pourrait continuer cette conversation
non ? On à peine eu le temps de faire connaissance. C’est pas mal Le Serpsy’s … Peut-être qu’on n’aurait
pas pu se parler comme nous l’avons fait si nous ne nous étions pas retrouvés
ici, comme dans un huis clos..
A : Huis clos de l’imagination non ?
B : P’t’être, je ne sais pas. En tous cas, Le Serpsy’s nous a permis de déposer nos
armes et nos peurs ne serait-ce qu’un petit moment, non ? Si je donnais
dans l’eau de rose, je serai tenté(e) de dire que tout semble possible ici….
A : Même les vents forts, de ceux qui nous remuent et nous
font parfois peur, n’est-ce pas ? ….
[Pause]
C’est vrai. Sais pas. Peut-être, peut-être pas.
B : C’est un risque à prendre non ?
A : Faut voir, ça en vaut peut-être en effet le coup….
B : Alors …. À une autre fois ? Maintenant qu’on sait où c’est le Serpsy’s…
A : J’y réfléchis… ok, à plus.
[Pause]
A : Au fait, dis moi… je n’ai pas la force d’éteindre les
lumières du couloir ce soir, tu n’oublieras pas hein ? Celles d’ici
restent allumées à ce qu’on dit.
[A va
quitter la scène, par la gauche]
B : Pas de problème… Ca me fait penser, dis le à Anna si tu
la vois, dis lui que je n’oublierai pas… J’attends juste le bon moment.
A : Ciao !
[B esquisse un geste d’au revoir
tandis que A exit
la scène]
[B boit
à petites gorgées tout en écoutant la musique qui se joue en fond de tableau.]
Music fade and out.
Lumière out .
Lumière seule sur MC :
MC : Mesdames et messieurs, Le Serpsy’s est
un lieu où tous sont les bienvenus ; un lieu pour tous ceux qui ont besoin
d’un sanctuaire, le temps d’une chanson ou d’une conversation avec soi-même ou
d’autres…
C’est aussi un lieu où les protagonistes peuvent parvenir
à se parler sans artifice et où certains masques, comme celui que crée la peur,
peuvent enfin tomber. C’est un endroit magique… mais la magie n’est certes pas
toujours contrôlable, elle peut être même dangereuse. Elle peut parfois nous
mettre au défi et nous pousser dans des recoins inconfortables. Mais tel est aussi son attrait…
Le Serpsy’s est aussi caméléon, prenant les couleurs du temps et du
jour, celles de nos cœurs, de nos humeurs et des visiteurs en ayant poussé la
porte. Il n’y a pas un Serpsy’s mais tous ceux que nous portons en nous ; une
respiration éternellement renouvelée et fragile à la fois.
[Pause]
Toutefois, Parle moi le Blues du Serpsy’s appartenant au
virtuel, il est maintenant temps de faire rentrer le Génie dans sa carafe et de
vous souhaitez une bonne route. A vous de voir et d’essayer. Vous connaissez
l’adresse et vous savez que la porte est toujours ouverte… Je vous salue donc.
[MC referme soigneusement le grand livre, appuie sur une
touche de l’ordinateur portable, ce qui va avoir pour effet d’éteindre le néon du Serpsy’s, se lève et repart doucement vers le fond de la scène]
Music and lights out.