Nous avons, durant cette riche journée évoqués la distance, la proximité par plusieurs biais.
Des exposés sur l'approche philosophique, psychanalytique et sociologique au départ.
La philosophie nous a été précieuse pour appréhender cette problématique, nous retiendrons les notions de singularité et de responsabilité qui nous ont donné envie d'aller plus loin.
Nos collègues psychanalytiques israéliens nous ont conduit à réfléchir sur les notions de transfert et de contre transfert et ont invoqué leurs expériences de groupe Balint, permettant l'analyse de la distance thérapeutique. L'aspect sociologique, grâce à l'observation des rites et des codes, nous a fait mesurer comment aller à la découverte de l'autre, si l'on admet sa différence fondamentale.
Puis des expériences cliniques et des ateliers médiatisés dont les intitulés évoquent plusieurs questions.
- L'atelier écriture : une voyelle est elle proche d'une consomme ?
- L'atelier virtuel : à quelle distance respectable une homme/une femme doivent-ils se tenir, de leur ordinateur ?
- Quelle distance avoir auprès d'enfants autistes touchant, à la question du corps.
- Ateliers enjeux et risques transférentiels : à travers la confrontation d'expériences cliniques, quelle serait la distance la plus juste à avoir, afin qu'elle reste ou devienne thérapeutique ?
Nous avons également incarné la distance, en recevant des invités venus de près, et d'autres de loin.
Tous ensemble nous avons cherché cet équilibre difficile qui permet d'appréhender la relation thérapeutique.
Un savant dosage de proche, de loin, une alchimie subtile, un mot, celui de distance et son opposé - proximité, qui, réunis, permettent de créer un espace tiers ouvrant au soin. Et chacun d'aller à la recherche de la distance avec lui-même pour ensuite, rencontrer l'autre, l'autre étrange/étranger, puis d'échanger en commun quelque chose de vivant, de vécu qui favorise une élaboration.
Remettre cet ouvrage sur le métier à chaque nouvelle rencontre pour réajuster sans cesse.
C'est dire que la distance ne s'apprend pas dans les livres !
Elle se transmet, elle se façonne, elle se recrée. Elle est directe, elle est de biais, hors des sentiers battus. Un travail de toute une vie, mais la difficulté en vaut la chandelle, car elle ouvre à la pensée, à la critique, à l'auto-critique, au jeu, à l'humour et, au silence, précurseur de toute création.
Alors pour continuer à penser ensemble, je vous suggère ce paradoxe :
La distance rapproche, alors qu'inversement, la proximité ne peut rester supportable sans des moments de prise de distance.
Ce que le Talmud illustre par ces mots :
"La proximité rapproche,
La promiscuité éloigne"