On dit bien souvent
« l’habit ne fait pas le moine »,
En psychiatrie
parfois, celui-ci nous dédouane.
Et si dans les médias on
nous dit « blouses blanches »,
Elles ne donnent surtout
pas pour tout, « carte blanche ».
« Approchez la distance »,
voilà une injonction,
Une bonne occasion de se
remettre en question.
Ce titre est accrocheur,
voire interrogateur,
Mais il renvoie aussi, à
tout notre intérieur.
Car comment réunir deux
mots si opposés,
Dans une relation dite
soignant-soigné.
L’équilibre est pour tous,
une recherche permanente,
L’atteindre reste une
chose, pas du tout évidente.
Avouez que dès le départ,
tout est un peu faussé.
D’un côté les soignants, de
l’autre les soignés.
Nos blouses et nos statuts
sont là pour rappeler,
Où se trouvent la science
et puis l’autorité.
On revêt donc ces blouses comme si cette
carapace,
Pouvait nous protéger de
nos peurs, nos angoisses.
Comme si le fait de porter
ce signe distinctif,
Devait nous dispenser de
rester attentif.
Sous prétexte de vouloir,
ainsi se différencier,
Pour autant, certaines
bases nous devons respecter.
Combien de fois, il nous
arrive de rencontrer,
Sans même prendre la
peine , de se présenter.
Cette blouse est un peu
notre permis de soigner.
Mais reste trop souvent ceinture d’ sécurité.
Elle n’est finalement, qu’
vêtement d’identité,
Qu’on devrait n’utiliser,
que comme un laisser-parler.
Respectez vos distances, il
peut venir un choc,
Ne pas aller trop loin,
surtout pas d’équivoque.
Comme si ce bout de tissu
devait nous protéger,
D’une sortie de route, d’un
dérapage non-contrôlé.
Pourquoi ne pas oser dire,
qu’elles sont aussi pouvoir,
Quand on écoute parfois
certains cris de couloir.
Elles devraient nous
permettre des abus de «pour voir»,
Pour que tous nos patients
retrouvent un peu l’espoir.
C’est vrai que quelquefois,
on impose la loi,
Par le biais de
« cachets », très souvent faisant foi.
Ils nous conduisent alors,
dans des chambres d’isolement,
Pour des soins de proximité
tout en restant dix, et tant !
Pour toutes ces vies,
stoppées sur une aire d’auto-doute,
Qui ont besoin d’aide, pour
continuer leur route,
Parce que parfois à une,
deux ou même à quatre voix,
Ils traversent des mondes
que nous ne maîtrisons pas.
A force de penser qu’on les
connaît très bien,
On finit par oublier qu’il
faut tisser du lien.
Et même si son propos
souvent, peut dérouter,
Un de nos rôles propres est
déjà d’écouter.
Quel droit avons-nous donc
aussi de tutoyer,
Est–ce réduire la distance,
cette familiarité?
Je suis de ceux qui pensent,
que le vouvoiement,
Est marque de respect et
non d’éloignement.
Mettre de la distance,
c’est dire « à tout à l’heure »
Parler proximité , c’est
arrêter une heure.
Qui parmi nous est capable
d’infirmer,
Que nous avons bien du mal
parfois, à préciser.
Nous sommes dans la
maîtrise du savoir différer,
Cela nous permet ainsi de
plus nous préserver.
Et puis ça nous évite, de
trop nous engager,
Sans doute par cette
crainte de devoir affronter.
Parce qu’elle reste bien
plus qu’une vraie protection,
Parce qu’elle donne le
pouvoir de trop souvent dire non.
Elle devrait être
repère, et source de confiance,
Elle est synonyme trop
souvent de puissance.
En matière de blouse, nous
sommes donc joueurs,
Nous l’utilisons bien au gré de nos humeurs.
Aller vers le patient n’est
pas toujours aisé ,
Mais alors pourquoi, rendre
tout compliqué ?
Il suffit d’écouter,
certainement respecter,
Ce que veut dire souffrance
et puis fragilité.
Soigner c’est prendre un
train, compartiment douleur,
Aider dans ces voyages, à
mettre la vie à l’heure.